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PAUL WELLER, Saturns Pattern

A tout juste cinquante-huit ans, dont quarante à écumer les charts d’outre-manche, celui qu’on appelait le « Modfather » et qui reste surtout le père de générations entières de britpopers, est un Highlander. Saturns Pattern, qui sort ces jours, est le douzième album solo d’une carrière exemplaire qu’il traverse sans jamais perdre le fil. Quand la sagesse vous botte encore et toujours le cul, on s’incline…

Paul Weller est une légende vivante. Quasi intemporel, il traverse son époque comme les Lords de son pays natal, qu’il a pourtant longtemps fustigé de sa verve vindicative de fils de prolos tiré à quatre épingles. Une histoire commencée en 1977, lorsque du haut de ses dix-neuf ans, son Jam assurait l’ouverture du White Riot Tour des Clash. Influence majeure de la plupart des groupes qui ont fait la gloire de la Brit Pop depuis quatre décennies et qu’on ne pourrait énumérer en douze volumes de trois-cent pages, l’homme est une véritable icône de l’autre côté de la manche, et sans conteste une référence sur la scène pop mondiale.
Paulo, depuis qu’il œuvre en solo, a connu des hauts (22 Dreams), et quelques bas aussi (Helliocentric). A cinquante-huit ans trébuchant, Weller garde néanmoins cette passion intacte, celle-là même qui l’a parfois vu s’assouplir dans quelques œuvres plus ou moins heureuses. Curieux de nature, ces explorations l’ont parfois emmené vers quelques contrées pas réellement taillées pour son aura et, justement, un peu contre nature. Biberonné aux Small Faces, Kinks, au rythm’n’blues ou à la soul pure souche, l’homme n’oublie néanmoins jamais trop longtemps ses racines ni son sens de l’insoumission. Tandis que nombre de ses contemporains se reforment pour d’évidentes raisons économiques, lui n’est pas du genre a se retourner (« il faudrait que je sois dans le caniveau pour le faire… »).
Plutôt que de se faire cirer les Clarks par ses centaines d’émules-stars, des frères Gallagher à Damon Albarn ou Jack white, et j’en passe, Weller plane au dessus de ces petites montagnes russes comme le phœnix qu’il est.
L’idole n’a plus rien a prouver à personne mais à encore des choses à dire, et à faire…Et Saturns Pattern en est la nouvelle démonstration. Entre la hargne de ses débuts, la sagesse que lui confère son immense expérience, et son insatiable curiosité du présent, l’album lui sied aussi bien que ses impeccables sta-pressed ou ses blazers à trois boutons. White Sky, aussi enlevé qu’appliqué, lance cette douzième réalisation, et rappelle, si besoin était, tout le respect qu’il voue depuis des lustres aux Small faces de Mariott, ou au Spencer Davis Group de Winwood (ou Traffic un peu plus tard). Un goût de ses viriles filiations vinyles qu’on retrouve aussi sur les excellents Long Time et dans une autre mesure dans In the Car. Tantôt jazzy comme il le fut volontier avec son Style Council (These City Street), soul funky à la sauce Wilson Pickett ou les Supremes (Pick It Up), ou franchement britpop comme tous ceux qu’il a influencé (I’m Where I should be), il s’attache dans le détail, à délicatement mettre à jour tout ce qui l’a musicalement et culturellement constitué. L’ensemble, à la fois moderne et classique, fourmille de belles idées, et est parfaitement produit par Jan Stan Kybert, un proche et habitué du travail du « Modfather » depuis quelques années. Parce que Paul Weller reste ce formidable chanteur-compositeur-guitariste de ballades si typiquement anglaises, qui lui ressemblent tellement.
Saturns Pattern s’écoute comme on effeuillerait l’album photos patiné de la vie d’un petit bad boy de la campagne londonienne, devenu l’idole de la jeunesse rosbif des eighties à nos jours. Assagi, élégant, racé comme un pur-sang et définitivement brillant Monsieur Weller est un Seigneur comme on en fait plus…

 

Artiste : Paul Weller

Album : Saturns Pattern

Label/Distribution : Warner records

Date de sortie : 11/05/2015

Genre : Pop/Rock

Catégorie : Album Rock

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