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GONE IS GONE, Echolocation

Troy Sanders et Troy Van Leeuwen sont heureux de vous présenter leur nouveau né, Echolocation. Spécialistes des side projects à gogo (plus d’une quinzaine à eux deux), le bassiste de Mastodon et le guitariste de Queens of the Stone Age sont réunis dans l’aventure Gone is Gone depuis 2016. Épaulé par l’excellent frappeur Tony Hajjar (At the Drive-in) et par Mike Zarin aux claviers, ce super groupe avait concocté un bel EP l’an passé. Pas radins, les quatre gus livrent quelques mois plus tard leur premier 12-pistes, coincé entre rock industriel et relents nu metal. Hélas, la magie des premiers temps n’est plus au rendez-vous.

 

Un coup dans l’eau …

D’emblée soyons cinglants : ce disque ne vaut pas le mini-album qui l’a précédé et c’est bien dommage. À l’issue de la première écoute, on a l’impression que la lune de miel entre les 4 membres est désormais consommée. Passés l’ennui évident du véloce batteur (exceptions faites de la brutale Pawns et de la survitaminée Fast awakening), l’incapacité de Sanders à moduler une voix gutturale et monocorde (propos à nuancer : sur Slow awakening, le micro semble avoir été cédé à Luke Steele… mais si, le chanteur de Empire of the Sun !), on finit par mettre la main sur le vrai maillon faible de cette dream team. Troy Van Leeuwen. Faites entrer l’accusé ! Artiste remarquable au demeurant (réécoutez les nombreuses participations de ce mangeur à tous les râteliers, la dernière en date pour Iggy Pop), sa contribution est tout juste suffisante sur ces 12 titres. Le guitariste costumé est des moins inspirés : une débauche d’effets sur la gratte – pitch shifters et autres pédales Whammy – au service d’arpèges sans saveur (Ornament), trop de tremolos au secours des soli (Slow / Fast awakening), des riffs risibles (un sommet est atteint avec la chanson éponyme) et quand l’inspiration n’est toujours pas là, des parties bruitistes. Frictionner les cordes afin d’obtenir des sons métalliques dans l’unique but de meubler, pas de problème (Pawns, Colour fade). On a connu mieux de sa part. Qu’on lui coupe la tête de sa guitare ! Attente de ce début d’année 2017, Echolocation donne le triste sentiment d’être une production passéiste ; une épaisse bouillie nu metal à la Deftones (Resurge, Colour fade). Et encore, de mauvaises faces B, bien trop longues, mal ficelées (Echolocation) et encombrées par une foultitude d’effets (un bourbier de réverb sur la batterie ; avec Colour fade, la basse n’échappe pas à un gluant chorus). Au-delà de ce style désormais daté, une chape de rock industriel s’est abattue sur l’album. Les quelques apports stoner (Gift) n’y changent rien. Pis, avec des faux airs de A Perfect Circle, Slow awakening sonne comme un 45 tours joué à la vitesse 33t/min dans une immense scierie tenue par Rammstein. En somme, la parfaite bande son du Radeau de la Méduse.

 

… pour de modestes ricochets.

Mais tout n’est pas à jeter avec l’eau du bain. Dans cet album discutable, des titres lumineux viennent au secours de nos 4 naufragés. Tout d’abord, Dublin. Délivré dès le mois de décembre, ce morceau nous transportait avec son allure new wave dans un univers désolé et post apocalyptique. Avec Sentient ou Roads (reprise méconnaissable de Portishead interprétée version indus), on n’est pas loin de l’excellente B.O. de The Social Network pondue par Trent Reznor. De même, la délicate Resolve offre à Troy Van Leeuwen la possibilité de se rattraper avec de sombres mais douces mélodies à la guitare folk. Enfin?! Oui, mais ces pistes sympathiques renvoient à la mélancolie propagée dès les années 1990 et 2000 par les balades électro pop des Smashing Pumpkins. Quand ce n’est pas l’univers torturé d’un Corgan qui nous revient à l’esprit, on se tourne vers celui de NIN. Comment sauver les apparences ? Saluons Mike Zarin et ses claviers générateurs d’ambiances sinistres qui jouent pour beaucoup dans la bonne tenue du LP. Et puis revenons sur un propos tenu plus haut : Sanders a fourni quelques efforts. Sortant de son rôle coutumier de hurleur, sa voix devient délicate dès les premiers vers de Roads, Dublin et Resolve. Finalement, ce sont les titres les plus gracieux qui sauvent cet ensemble à la dérive.
Avec ce disque au titre ambigu, (l’écholocation est la méthode permettant aux dauphins, via des ondes envoyées, répercutées et mémorisées de distinguer des proies et des obstacles) Gone is Gone a perdu son cap. Embarquée dans une tourmente nu metal industrielle, l’alchimie ne prend que difficilement. « Il n’y a pas de place pour deux crocodiles dans le même marigot » disait le proverbe africain. Alors deux Troy à la tête du navire… Sérieusement, que conclure ? Qu’un nouvel EP de 3 titres atypiques aurait suffi. Le mieux est l’ennemi du bien.

  • Benoît GILBERT

Artiste : GONE IS GONE

Album : Echolocation

Label/distribution : Rise Records

Date de sortie : 06/01/2017

Genre : rock industriel / nu metal

Catégorie : Album rock

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