Le duo londonien Sorry, formé par Asha Lorenz et Louis O’Bryen, publie Cosplay, son troisième album, après 925 et Anywhere But Here. Enregistré dans leur studio d’Hackney, ce nouveau projet s’inscrit dans la continuité de leur démarche expérimentale, entre pop alternative et recherche sonore.
Le titre de l’album fait référence au cosplay, défini comme l’art d’incarner un personnage en adoptant son apparence et ses attitudes. Ce concept sert ici de fil conducteur : les chansons fonctionnent comme des masques ou des alter ego permettant d’exprimer des émotions multiples. Le groupe alterne entre douceur et tension, mêlant piano-voix, rythmes électroniques et textures changeantes.
Les morceaux présentent une grande variété de structures et de styles. Antelope débute sur une guitare acoustique avant de se désagréger, Love Posture s’appuie sur une base trip-hop, tandis que Magic adopte une ambiance de film noir. La production, en partie influencée par Dan Carey, privilégie la spontanéité et la transformation continue des sons.
L’album se distingue aussi par un travail de citation et de détournement. Sorry réutilise des fragments de chansons connues et des références à la culture pop et hip-hop. Jetplane combine un sample du titre Hot Freaks de Guided By Voices à des éléments plus contemporains, tandis que Waxwing réinvente la ritournelle de Oh Mickey de Toni Basil. Ces emprunts ne relèvent pas de la simple imitation : ils participent d’une réflexion sur l’identité musicale et la transformation des icônes.
Sous ses aspects ludiques, Cosplay aborde également des thèmes plus sombres, tels que la fragilité émotionnelle ou le rapport au corps. Des titres comme Echoes et Life In This Body évoquent la répétition, le doute ou la perte de repères, contrastant avec le ton parfois ironique du reste de l’album.
Entre expérimentation et introspection, Cosplay poursuit le travail amorcé par le duo sur la frontière entre authenticité et mise en scène. Sorry y explore la multiplicité des identités musicales et les contradictions qui traversent leur écriture.
