18 janvier 2025. Marché Gare, Lyon.
Alors que je l’ai découverte un mois plus tôt au concert de Zaho de Sagazan à la Halle Tony Garnier, je me rends au concert de Claude. Comme toujours, j’ai jeté un œil à la programmation de la soirée et c’est Arkange qui ouvre le bal.
Évidemment, j’avais pris le temps d’écouter un morceau et j’étais tombé notamment sur l’excellent Bouton d’Or, sorti en octobre 2024. J’avais tout de suite été envoûté par le mélange des sonorités électroniques et de cette voix cristalline. La douce introduction laisse rapidement place à une lente et intense montée. On se demande dans quelle direction l’artiste lyonnaise nous emmène. La réponse ? Un drop techno, proche de la minimale, inattendu mais qui file instantanément la chair de poule. Le morceau se termine sur un feu d’artifice, un refrain puissant tant par la musique que par la voix. Je suis charmé, et impatient de voir ce que Arkange proposera sur scène.
Le line-up est simple : batterie, claviers, chant. Dès les premiers instants du concert, Arkange nous entraîne dans son univers. Les quelques morceaux déjà disponibles sur les plateformes sont tous joués. Morose (dans sa version “hard”) permet au public de découvrir la puissance et la technique vocale de la chanteuse, et Anges Gardiens nous donne l’occasion de prêter attention aux textes. Le show passe en une seconde, j’en aurais aimé plus, mais il se termine sur Bouton d’Or. Je suis comblé. J’avais pu lire en ligne des comparaisons entre Arkange et Zaho de Sagazan, je ne peux qu’être d’accord.
Ce concert m’aura donné envie de plus et j’ai donc retrouvé Arkange à nouveau au Marché Gare lors d’un événement du “Labo du Conservatoire” de Lyon qui accompagne les artistes du studio à la scène. Un autre superbe live. Tout comme la Fête de la musique 2025, place Saint-Jean à Lyon, où Arkange aura démontré sa capacité à envoûter son public même dans une configuration plus simpliste techniquement.
On attend donc évidemment la suite avec impatience, et je me suis dit que la manière la plus simple d’en apprendre plus serait de demander directement à la concernée.
Axel : “Salut Arkange et tout d’abord, mille mercis de prendre le temps de m’accorder cette interview. Est-ce que tu vas bien ?”
Arkange : “Bah écoute ça va ! Je suis bientôt en vacances, et je rentre d’un festival, que j’ai pu faire en tant que festivalière avec les copains, ça m’a fait du bien !”
Axel : “Dans mon article, je présente ton projet à travers mes yeux et mes oreilles, notamment lors de tes concerts, mais je sais que ton aventure a réellement commencé sur les réseaux : est-ce que tu peux revenir un peu sur l’histoire du projet Arkange ?”
Arkange : “Je chante depuis que je suis toute petite, c’est une activité qui me fait du bien, qui me permet d’exprimer mes sentiments, d’évacuer tout ce que je ressens. J’ai commencé à faire de la prod pendant le confinement, au début sur GarageBand sur mon iPhone. Le nom Angèle était déjà pris et je voulais exister autrement qu’à travers le nom d’une autre chanteuse. Je suis partie sur Arkange quand j’étais en fac de musicologie, nom que j’essaie de faire vivre tant en studio que sur scène depuis plusieurs années maintenant. J’ai ensuite rencontré TommyJuice, qui m’accompagne sur scène mais qui participe aussi à la production et à la composition.”
Axel : “La question des genres musicaux est toujours un peu difficile, mais comment tu qualifierais ta musique ?”
Arkange : “On peut dire que je fais de la chanson française électronique, c’est la définition de ce que je fais mais je dirais que c’est de la chanson étrange et mystique.”
Axel : “Quelles sont tes sources d’inspiration ?”
Arkange : “Au niveau de la poésie, j’aime beaucoup ce que fait Zaho de Sagazan. J’adore aussi Muddy Monk, il chante en français, avec des textes oniriques et des grosses nappes bien perchées qui me parlent vraiment. Et puis avec TommyJuice on est aussi très inspirés par Gesaffelstein. Les gens disent souvent que ma musique leur fait penser à Mylène Farmer, alors que même si je l’adore, je n’écoute pas plus que ça !”
Axel : “Une vraie marque de fabrique de ta musique, ce sont ces envolées lyriques et ces moments en voix de sifflet, et j’ai l’impression que ton range vocal est immense : est-ce que tu as un don naturel ou bien c’est quelque chose sur lequel tu as travaillé ?”
Arkange : “Alors j’ai une anecdote rigolote sur le sujet. Quand j’étais à la fac, on étudiait les castrats et le prof m’a demandé de venir pour tester leur range vocal pour démontrer qu’une femme ne pouvait pas monter aussi haut. Sauf que j’ai réussi, et je suis devenue la star de la fac ! Et c’est après que j’ai commencé à aller chercher ces notes dans mes reprises. Mais pour répondre à ta question, j’ai un range vocal de quatre octaves.”
Axel : “Je me suis permis de remonter ton feed Instagram pour comprendre un peu les racines de ton univers et on y voit beaucoup de réactions de Zaho de Sagazan, à laquelle tu es d’ailleurs souvent comparée : quelle est votre relation ?”
Arkange : “On s’est rencontrées sur Instagram. Zaho s’est abonnée à mon compte en 2021 alors que je n’avais encore rien vraiment sorti. Je lui avais envoyé un message parce qu’on avait des relations communes à l’époque via la fac pour lui proposer de faire une reprise ensemble, mais hyper innocemment ! Elle était clairement trop occupée, mais on avait échangé à son concert à l’Épicerie Moderne en 2022, elle m’a donné son numéro en m’invitant à l’appeler si j’avais besoin de conseils ! Depuis on discute un peu, je suis hyper fan de ce qu’elle fait, et elle est vraiment trop chou. J’adorerais qu’un jour nos routes se croisent à nouveau, peut-être même professionnellement.”
Axel : “Parlons un peu de ce qui reste à venir, et je voulais te demander pour commencer : on a pu voir passer sur Instagram des stories qui laissaient penser au tournage d’une live session ? Tu peux nous en dire plus ?”
Arkange : “Oui ! La live session, c’est pour un morceau qui va bientôt sortir. C’est Jamais Assez et c’est mon morceau préféré. C’est la première fois que je faisais un tournage comme ça, c’était fou. On a fait ça avec une équipe de malade, avec une réalisatrice, et c’est vraiment chouette qu’on ait pu donner la main à une meuf là-dessus.”
Axel : “Tu as aujourd’hui quatre singles disponibles sur les plateformes, et un cinquième morceau, qui est un remix d’un de ces singles. Quel est le morceau qui te touche le plus, et quel est celui que tu préfères jouer en concert ?”
Arkange : “Olala c’est trop dur comme question (rires). En vrai celui qui me touche le plus c’est sûrement Anges Gardiens parce que c’est une chanson qui parle du mal-être et c’est quelque chose que je côtoie beaucoup dans la vie, comme beaucoup de gens. Maintenant celui que je préfère jouer en live, ça se joue entre Bouton d’Or version live parce qu’il y a un grand moment d’improvisation vocale, et Morose parce que c’est une chanson de la colère et qu’en vrai il y a plein de gens dans le public qui la chantent !”
Axel : “Quels sont les thèmes que tu abordes en général dans tes paroles et pourquoi ?”
Arkange : “J’adore aborder le thème de la confiance en soi sous toutes ses formes. Le fait de ne pas avoir confiance en soi, de se détester, mais aussi le fait de tout faire pour retrouver cette confiance quitte à avoir une posture dominante comme dans Ego. J’ai vraiment des émotions en dents de scie, je suis hypersensible, au point où je me suis déjà demandé si je n’avais pas un problème. Mais on a tous tendance à s’auto-diagnostiquer ! Après j’ai conscience d’être une personne privilégiée, et du coup je me questionne beaucoup sur le fait de ne pas réussir à se retrouver dans une société. C’est pour ça que toutes les causes queer me touchent énormément aussi.”
Axel : “Et alors pour la suite : EP ? Album ? Est-ce que tu as déjà une idée d’une date ?”
Arkange : “Oui je sors un EP en novembre 2025 !”
Axel : “Tu es partie en mini-tournée au mois de juin dernier, avec des apparitions dans des festivals comme le Nantua Fest. C’était comment ?”
Arkange : “On a fait trois dates en trois jours, et puis alors des dates complètement différentes ! La première c’était au Festival du Tonton, date un peu rude pour plein de raisons mais c’était trop bien on les remercie ! Ensuite on est partis à Belfort jouer au FIMU, on jouait à minuit, c’était une sacrée expérience aussi. Mais j’ai rencontré un groupe qui s’appelle Bonne Nuit et je suis fan, j’adorerais faire un co-plateau avec eux. Et on a dû arriver à Nantua le lendemain à 6 h du matin, les balances étaient à 15 h… Mais on a joué au Nantua Fest. Et c’était l’explosion du bonheur ! La première interaction avec le public c’était juste wow, il devait y avoir 4000-5000 personnes qui criaient, c’était juste dingue. J’ai trop envie de refaire ça, j’ai trop envie de tourner !”
Axel : “Quel est ton meilleur souvenir de concert à ce jour ?”
Arkange : “Il y en a plusieurs, mais le dernier concert qu’on a fait au Marché Gare pour le concert du Labo, j’étais trop heureuse de ce qu’on a envoyé. Quand je suis sortie des loges je tombe sur tous mes potes, mes proches, tout le monde me dit que c’était trop bien, qu’il ne faut pas lâcher. C’est cet amour des gens, que ce soit des proches ou des gens que tu ne connais pas, qui rajoute vraiment un petit truc à un concert.”
Axel : “Quelle est ta salle de concert rêvée ?”
Arkange : “Je rêverais trop de remplir un Olympia ou un Zénith à Paris évidemment, mais sinon à Lyon j’aimerais trop faire le Transbo, la grande salle bien sûr !”
Axel : “Un·e artiste dont tu aimerais faire la première partie un jour ?”
Arkange : “Zaho de Sagazan. Voilà. Muddy Monk aussi évidemment, mais Zaho ça collerait trop je pense. Mais c’est encore un peu trop tôt, et je veux être prête !”
Axel : “Ton top 3 artistes ?”
Arkange : “Alors pour changer des artistes que j’ai déjà cités, en ce moment j’adore Amyl and the Sniffers, c’est une chanteuse de punk. En deuxième position, je dirais soit Billie Eilish soit FKA twigs. Et en trois Daniel Balavoine, je l’adore trop ! Je l’écoute depuis longtemps et c’est le chanteur que je continue d’écouter avec les années.”
Axel : “Qu’est-ce que tu recommanderais à nos lecteurices qui aimeraient commencer la MAO ?”
Arkange : “Ne pas se donner de limites, il faut tenter plein de trucs. Et pour s’améliorer, il faut composer encore, encore et encore. Reprendre ses essais, ne pas perdre espoir. Et puis il faut aussi demander conseil, ne pas hésiter à se faire aider.”
L’échange aura duré plus d’une heure, et bien sûr tout n’est pas retranscrit ici mais j’ai vraiment passé un excellent moment. Merci Arkange d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !
Vous pouvez découvrir Bouton d’Or ici :
https://www.youtube.com/watch?v=ZKsMwrhzZZw&list=RDZKsMwrhzZZw&start_radio=1
Et son compte Instagram ici :
https://www.instagram.com/art.kange
