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Ryan Adams, Devolver

Attardons-nous sur un artiste hélas trop vite oublié dans notre cher Hexagone, la faute à de sombres affaires de mœurs resurgies d’on ne sait où. Cet artiste, c’est le folkeux/rockeur américain Ryan Adams. Des affaires qui n’empêchent aucunement ce stakhanoviste de la musique de créer encore et toujours, la soif de composer étant demeurée intacte chez Ryan, comme à la plus belle époque de ses débuts dans les années 2000.
En 2021, paraissait l’album Big Colors qui aurait dû voir le jour en 2019 mais, chroniques faits divers et extra-musicales obligent, la parution avait été repoussée. Un opus de Ryan sur lequel on pouvait retrouver aussi bien de la folk (“Fuck The Rain”) que de la pop et même du rock (“Manchester”). Tenant malgré tout à rendre justice à ce génial songwriter, nous avions évoqué longuement cet album débarqué à retardement mais tellement bon.
Ensuite, l’américain a poursuivi sur sa lancée en enchaînant les compos et les albums. Rien que pour 2022, sont parus Romeo And Juliet le 13 mai avec notamment le divin “Rollercoaster”, “Devolver” fin septembre et un album acoustique en décembre. En janvier de cette année, Ryan a repris l’album Nebraska de Bruce Springsteen où figurent, entre autres, le fabuleux “Atlantic City” et l’éponyme “Nebraska”.
C’est précisément de Devolver (Pax/Am) dont nous allons parler, un album méritant toute notre attention mais qui, à l’époque de sa sortie, était resté confidentiel et complètement passé sous silence. Très cher Ryan, permets-nous de rattraper cette regrettable erreur car, sois-en certain, tu le vaux bien !

À la différence de son prédécesseur Romeo And Juliet résolument folk, Devolver se veut plus électrique, donc plus rock. Peu de place pour le romantisme et la ballade, à l’exception d’”I’m In Love With You” qui parle d’amour mais dont la musique ne reflète nullement les paroles.
L’un des morceaux phares de Devolver est l’entêtant “Alien USA” sur lequel se retrouve toute la verve de Ryan Adams qui, soit dit en passant, prouve qu’il n’a strictement rien perdu de ses capacités à pondre de la bonne musique. “Alien USA” sent le vintage et le revival à pleine oreille, les guitares rétro s’en donnant à cœur joie et Ryan de s’époumoner à grands renforts d’ “Alien USA”.  Voilà pourquoi, depuis quelques mois, “Alien USA” est devenu un morceau incontournable et, disons-le sans ambages, notre gros coup de cœur !

Alien USA” n’est pas le seul morceau qui ait de l’importance sur Devolver, les 10 autres ont aussi leur part de gloire. Il y a également les bien rock “Get Away” et “Banging On My Head”, ce dernier durant moins de deux minutes sans pour autant, à l’image de bon nombre de morceaux courts, être dépourvu d’intensité. Empereur du genre folk sur Romeo And Juliet, Ryan Adams a endossé le costume de rockeur devant l’Eternel. Le songwriter américain se révèle ici au sommet de son art. De bonnes dispositions que Ryan tend encore à montrer sur “Stare At The TV”, “Too Bored To Run” ou “Eyes On The Door”. Des morceaux rythmés, électriques à souhait où Ryan, bien que préservant sa propre personnalité, ne rechigne cependant pas à se déguiser (vocalement parlant) en Bono ou plus encore en Bruce Springsteen. Sa reprise de l’album Nebraska du boss n’est donc pas un hasard ni anodine.

À l’instar de “Rollercoaster” sur Romeo And Juliet, Ryan se plaît à faire se trémousser son auditoire, comme dans “Marquee” ou l’émouvant “I’m In Love With You”, sans parler de “Too Bored To Run”. De l’entêtant, de l’entraînant, il y a tout ce qu’il faut sur ce Devolver !

On parlait d’émotion avec “I’m In Love With You”, “Why Do You Hate Me” nous en offre un plus gros contingent, certainement expliquée par ces affaires de mœurs qui ont, comme on peut l’imaginer, déchaîné la colère de proches du chanteur autant que des fans qui pourtant l’idolâtraient par le passé. « Pourquoi me détestes-tu? » (ou me détestez-vous, si c’est au pluriel), cette phrase prend tout son sens depuis la révélation des accusations portées contre Ryan, à tort ou à raison.

You Don’t Give It Away” ressemble trait pour trait à “Alien USA”, une ballade aux allures bien rock. “You Don’t Give It Away” et “Alien USA” se démarquent ainsi des autres morceaux, surtout par le rythme un brin plus lent mais, pour autant, n’en sont pas moins rock.

Étant donné le succès rencontré par “Alien USA”, il nous paraissait impératif d’évoquer cet album Devolver qui le compte en son sein. Les mauvaises langues nous reprocheront notre retard à l’allumage mais, rappelons-le, il n’est jamais trop tard pour bien faire, n’en déplaise aux éternels insatisfaits !
Contrairement à certains groupes qui artistes qui enchaînent les albums en faisant pire à chacun d’eux, Ryan Adams tape dans le mille et se bonifie d’opus en opus, Romeo And Juliet et Devolver peuvent en témoigner (sans oublier Nebraska et l’album acoustique de décembre dernier). Nous devions bien le rattrapage de cet erreur à Ryan qui, en dépit de tout le remue-ménage cultivé autour de sa personne, restera ad vitam aeternam un songwriter pétri de talent qui ne saurait, quoiqu’il fasse, baisser dans notre estime.

Devolver : la réhabilitation de Ryan Adams est enfin amorcée !

Notre sélection : Alien USA, Too Bored To Run, Banging On My Head, Eyes On The Door.

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