Il y a un mois, les No One lâchaient leur septième effort, Frankenstein, une monstrueuse galette aux sons rêches et à la fougue intacte. Il était donc très alléchant de retrouver sur les planches alsaciennes la formation qui fête cette année ses 25 bougies. Occasion aussi de remuer au rythme de ses nouveaux titres en live et de découvrir les Pogo Car Crash Control; une claque!
Gloire à la première partie
Quatre jeunes gens s’avancent face au public du Nouma, essentiellement constitué de fans de NOII, fans de la première heure pour une majorité. Un gap générationnel qui n’empêche nullement ce quatuor d’envoyer tout valser d’entrée de jeu. ! Et oui monsieur, car les PCCC (anagramme d’URSS en cyrillique ?!) c’est une cure exprès de vitamines qui vire à l’overdose, tout comme leur EP, Déprime hostile, de la furie en barre!
Olivier Pernot est un chanteur qui ne se ménage pas. Avec des postures à la Kurt Cobain, de larges cris hardcore, borderline et une chevelure flamboyante qui ne cesse de tournoyer, l’homme est impressionnant de charisme. Quant il ne se laisse pas choir dans le public médusé – le gap générationnel, vous disais-je – il mène aussi la vie dure à ses Telecaster qui sont jetées et foulées à terre. Ses acolytes offrent une presta du même tonneau. Son homologue guitariste envoie à la verticale sa Les Paul qui feint de taquiner le plafond, tandis que la pétillante Lola, déjante avec sa basse avant de s’élever sur la batterie tonitruante de Louis. Bref, tout est sous contrôle : les No one sont au balcon et apprécient le show de leurs protégés ; le public est ravi. Moi aussi, j’adhère aux PCCC!
Feu à volonté!
22h05, les NOII entrent en scène avec le brûlot Djihad propaganda, histoire de rappeler d’entrée de jeu à ceux qui l’auraient omis que le quintet est d’abord un band engagé (Chile, Charlie, …). D’ailleurs, Kemar le redit plus loin en évoquant les débuts du groupe : « on était bien dans nos canapés, entre un FN à 15% et les boys bands… on devait faire quelque chose ; de la musique ! » Voilà donc plus de 25 ans que la formation tabasse avec ces titres-coups de poing – La peau un classique qui transcende la foule comme au premier jour – mais aussi les nouveaux issus de Frankenstein, dont cinq sont interprétés ce soir, à l’instar d’Ali (King of the ring), A la gloire du marché, Desperado, Les revenants ainsi que le titre éponyme. Le public qui, malgré le travail de sape du temps, rajeunit l’instant d’un concert, redevenant turbulent et énervé (doux euphémismes) ne cesse de jumper et de se percuter joyeusement.
Au coeur de la mêlée
Alors que la bande interprète Bullet in your head des RATM, la fosse devient aussi bagarreuse qu’une mêlée face à la Nouvelle-Zélande (douce exagération). Boostés par une section rythmique impeccable, les guitaristes se régalent et balancent des riffs incisifs et secs, quand Shanka ne se fend pas de hurlements au travers de sa 6-cordes customisée. La foule en nage exulte et ne semble jamais rassasiée et c’est Kemar, après avoir invité sur scène plusieurs dizaines de spectatrices à passer un « moment rock’n’roll », qui boucle la setlist en terminant son tour de chant au coeur de la meule lors de Chile.
La fête est totale. Pour parachever la soirée, les PCCC sont invités pour un p’tit extra. L’osmose entre les deux groupes est réelle (comme un contrat de génération !) et c’est Territorial pissings de Nirvana, à 9 sur scène SVP !, qui vient se fracasser contre les tympans mulhousiens. Si personne n’est innocent, ce soir tous furent coupables d’avoir leur pied.
Setlist de No One Is Innocent
Djihad propaganda
A la gloire du marché
Silencio
Kids are on the run
Desperado
Nomenklatura
Les revenants
Frankenstein
La peau
Solo Shanka
Bullet in your head (RATM cover)
Liar (machine à rêver)
Drugs
20 ans
Rappels
Ali King of the ring
Charlie
Chile
En compagnie des Pogo Car Crash Control
Territorial pissings (Nirvana cover)
-Benoît GILBERT
Crédit photo : Benoît GILBERT