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TAGADA JONES + DAGOBA + SMASH HIT COMBO, le samedi 25 novembre 2017, le Noumatrouff, Mulhouse (68)

Samedi 25 novembre 2017 au Nouma : une salle comble, un parking comble et un public comblé. Rien que ça ?! Avec une affiche tout juste énorme, réunissant sur un même plateau Smash Hit Combo, Dagoba et Tagada Jones, la salle mulhousienne a vraiment mis les petits plats dans les grands afin d’honorer dignement ses 25 années de programmation musicale. Retour sur une soirée aux faux airs de semi-marathon.

Alors que la file d’attente est encore conséquente dehors, les Smash Hit Combo prennent d’assaut la scène de la grande salle. Cette formation locale (issue de Cernay, commune sise à une dizaine de kilomètres de la Manchester alsacienne) pose l’ambiance avec son nu metal survitaminé et portant aux nus la culture gaming (Hardcore gamer). Dès les premiers titres, ce sextet remuant est en symbiose avec une assistance très hétéroclite. Dans la fosse se côtoient des keupons pur sucre, des métalleux et des adeptes de la culture nippone. Une jeune fille est d’ailleurs vêtue d’un costume de Dragon Ball, une petite attraction tout droit extraite du Club Dorothée et des années 90. Bref, lorsque les pogos démarrent et que le premier wall of death a lieu, on se dit que les soirées cosplay sont bien loin d’ici. Les références à San Goku et à d’autres personnages de mangas seront également au cœur des textes rappés et éructés par le duo de chanteurs, comme lors de Baka. Avec ses passages breakés et ses riffs suraigus alternant avec les motifs ultragraves, ce rapcore généreux rappelle sans équivoque Pleymo et consorts ; les headbangings se font aux sons maousses des guitares 8-cordes. Le concert se termine sous les vivats. Bref, en une petite heure, le crew alsacien a réussi à placer ses hits combo, laissant une salle bondée et en nage.

 

Le changement de plateau est des plus rapides et dans les 30 minutes qui suivent, les Marseillais de Dagoba débarquent. Tels des boxeurs entrant dans l’arène, batteur et chanteur sont cachés sous de lourdes capuches prêts à envoyer des titres imparables comme des uppercuts sous le menton. En marche de la musique, les sudistes ont mis les formes : la batterie de Nicolas Bastos paraît démesurée avec sa sublime armature courbe ; les pieds de micro sont des segments de chaînes rigidifiées. L’interaction avec le public est constante et l’on ne compte plus les slammers qui traversent en long, en large et en travers la salle. Encore moins ceux et celles qui escaladent la scène afin de s’élancer dans la foule. Mais attention, foule nombreuse et vivante ne rime pas toujours avec foule compacte. Quelques gadins ont lieu ; l’ambiance est excellente et l’on s’empresse de relever les malheureux apprentis planeurs afin de ne pas être piétinés par les pogos permanents. Un nouveau braveheart est aussi réalisé à la demande de Shawter, le chanteur/hurleur de la formation. Mieux encore, il invite la foule à un mushpit au fond de la salle autour de la régie. Du grand délire. Quand ce second show se referme, le groupe offre de généreuses rasades de bières aux premiers rangs, ivres de bonheur.

 

Le troisième et dernier round voit enfin arriver la tête d’affiche de la soirée, Tagada Jones. Pour ma part, c’était une première. A vrai dire, je les ai entendus de loin au Hellfest cette année, mais l’accès à la Warzone étant saturé, je m’étais résigné. Je suis là, aux abords de la scène, au cœur de la meule, parmi les aficionados du genre et en une fraction de seconde la foule s’est déchaînée. Une marée humaine s’est abattue sous un sirocco punk. Oui, il fait chaud ce soir de novembre dans le Nord-Est de la France, la tempête s’appelle Tagada Jones et va chambouler les 600 personnes réunies ici. Envers et contre tous, Zéro de conduite et La peste et le choléra sont les premiers assauts donnés par la formation. Pugnaces, enragés et engagés, tels sont qualificatifs qui viennent tout de go à la vue de ce quatuor. Comme trempés dans le vitriol, des titres revendicatifs s’enchaînent à vitesse grand V et dépeignent une société malade, inégale, voire fragile. Des morceaux nihilistes (Pas de futur) alternent avec des appels à la résistance face au terrorisme (Vendredi 13, Je suis démocratie). Les hymnes font mouche, à l’instar de Mort aux cons et ses chœurs introductifs qui mettent en un instant la chair de poule. La vue depuis le balcon d’une foule toujours pas rassasiée mais bel et bien en transe, alliant séance de crowdsurfing intensive et pogos musclés, est saisissante. Les punks et leurs acolytes d’un soir se déchaînent joyeusement. Les musiciens reviennent pour des rappels qui se ponctuent avec un medley en l’hommage aux Parabellum, le groupe qui a été pour eux “l’étincelle”.

Lorsque les Parisiens se retirent définitivement après avoir distribué tout ce qui pouvait être cédé au public (setlists, baguettes, médiators et autres poignées de main), l’assistance semble enfin éreintée. Victoire ! Il est tout de même plus d’une heure du mat’. Certains prennent une dernière mousse au bar, d’autres un t-shirt, du son, voire s’adonnent quelques minutes à Megaman sur le moniteur old school du stand merchandising des Smash Hit combo. Nostalgie du cool.

-Benoît GILBERT

crédit photos: Benoît GILBERT

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