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INTERVIEW : HOLY TWO

A l’occasion de leur concert au Moulin de Brainans, ce 14 octobre, nous avons rencontré les génies de Holy Two. Entre magie et divinité, Holy Two s’inscrit comme une référence incontestable de la scène émergente française. Une touche électro/rock, une voix terriblement ensorcelante, il est LE duo à découvrir et à suivre de très près.

 

Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous expliquer comment est né Holy Two ?

Elodie : On s’est rencontré à l’école d’architecture avec Hadrien. C’est un peu une histoire d’amour à la base. Je l’avais invité à une soirée chez moi. Je  ne le connaissais pas,  et il m’a dit qu’il avait un groupe de musique. Moi je faisais de la musique,  mais classique… :  je faisais du violoncelle dans un orchestre. Je n’avais pas de potes qui avaient un groupe de musique, et pour moi c’était un truc énorme. Du coup lorsqu’Hadrien m’a dit qu’il avait un groupe de musique, j’ai trouvé ça dingue. Et puis un soir,  il a sorti sa guitare et il a commencé à jouer, moi à chanter ;  c’étaient des chansons que je connaissais. Mais je n’aimais pas du tout chanter, clairement tout le monde disait que je chantais mal, c’était pas du tout un projet de vie. Et je pense que sans Hadrien, je n’aurais jamais pu faire ça.

Hadrien : Et après on a appris à se connaître petit à petit, à se découvrir musicalement, et à comprendre ce que chacun pouvait apporter au projet, même sans trop se projeter mais juste en ayant des envies communes de musiques. Après avec nos études ça nous a permis de prendre notre temps finalement, on a essayé de forger notre style en même temps qu’on se forgeait notre culture architecturale. Ça nous a permis d’évoluer, de faire nos deux chemins, que ce soit en archi ou en musique et ça a vraiment évolué en même temps.  Maintenant que nos études sont finies on essaye de se donner d’autres barrières, tu vois, c’est comme un projet architectural, c’est beaucoup plus intuitif et on est beaucoup plus productifs quand il y a des normes parce que ça nous permet d’avoir des cadres dans lesquels on peut se fixer, parce que si c’est trop large, ça part trop en live.

Il est difficile de poser un style sur votre musique, est-ce volontaire ?

Elodie : C’est vrai qu’on avait un style définissable au tout début, c’était plus planant, quand on a commencé la musique ensemble. On s’est intéressé à pleins de trucs pour lesquels on n’avait aucun attrait avant. L’électro est venu plus tard. Hadrien écoutait plus du rock, et moi du hip hop.

Hadrien : c’est peut-être l’électro qui nous a permis de nous retrouver techniquement par rapport aux machines, aux sons. Ce qu’on aime c’est la recherche en termes de production ou composition, de se dire « Ok là on a un accord mais on peut le retourner dans un autre sens ». Ce qui est paradoxal, c’est que je pense qu’aujourd’hui on sait ce qu’on veut et on a conscience du style qu’on propose, mais on a du mal à le définir parce que ça regroupe pleins de trucs.  

Elodie : C’est aussi ce qui fait la force de notre projet, comme on n’écoute pas la même chose je vais avoir davantage des références dans un style et Hadrien dans un autre. C’est peut-être pour ça que ce n’est pas définissable parce que justement on a pas du tout les mêmes références. Ce qui fait qu’on n’a pas été à la recherche d’un style : on a été dans d’autres trucs je pense, comme les sons de guitares. Bien que ce soit des sons de hip hop par exemple, ce sont des sons de guitares récurrents, et ma voix qui est toujours présente etc…  alors on peut partir à droite, à gauche, en ayant notre identité.

Votre approche en Live est beaucoup plus énergique que celle en studio, est-ce dû à la façon dont vous appréhendez ces deux environnements ?

Elodie : je pense que ça vient du fait qu’on a Rémi (ndlr Rémi Ferbus, Batteur) en concert, les compos c’est juste Hadrien et moi enfin c’est retravaillé par Victor (ndlr Victor Malé, Ingé son), Rémi et parfois d’autres gens. Moi personnellement, et je pense que Hadrien c’est pareil, ce qu’on aime dans un groupe c’est d’aller voir le concert et de voir des morceaux que tu ne pourrais jamais entendre sur l’album chez toi.

Hadrien : Juste de surprendre et ce travail-là il s’est fait très naturellement, comme en studio on essaye de se surprendre nous-même. C’est un moyen de pas se lasser et ne pas lasser, sans dénaturer pour autant, on est conscient que ça puisse parfois beaucoup changer.

A lover’s Complaint, le titre de votre deuxième EP, fait référence à Shakespeare, pourquoi ?

Elodie : C’est un poème de Shakespeare qui raconte l’histoire d’une fille qui est sur le bord d’une rivière, qui vient de se faire plus ou moins abandonner et qui a des idées un peu noires. Et en fait le thème global de cet EP, même si il n’a pas forcément de cohérence sur les sons, il a une cohérence sur les textes, sur le thème de la fuite et de l’abandon. Il y a Undercover Girl qui est une espèce de vengeance, Face It qui est la fuite et après il y a la résignation avec Orchid et Lust.

Hadrien : Dans le titre même de l’EP il y avait une référence à la culture anglaise, c’est une culture qui nous touche par la musique, l’écriture, le cinéma… on se devait déjà de faire un clin d’œil à ça. Une référence au chef d’œuvre de Shakespeare tout en étant ancré dans une génération contemporaine, ce sont des sujets qui touchent tout le monde d’une manière ou d’une autre. Complaint on peut traduire ça par la plainte, et on aime bien aussi le fait de mettre un peu en relation l’amour à la plainte, c’est comme si tu combinais la joie à la tristesse etc.

C’est ce que vous faites souvent de confronter deux émotions…

Elodie : C’est l’idée de cet EP, si au premier abord il ne paraît pas très cohérent, pour nous il a une cohérence dans le sens que c’était le but d’avoir des choses très contradictoires. Avec des morceaux très punchy, limite disco et puis des morceaux hyper planant.

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L’aspect visuel d’Holy Two est tout autant travaillé que la musique, c’est une partie importante pour vous ?

Elodie : On essaye de le travailler au maximum. On a sorti un premier clip qui s’appelle Orchid il n’y a pas très longtemps (disponible ici) et là on va sortir un deuxième clip sur Face It qui sont pour nous les deux morceaux les plus contradictoires de l’EP, et qui sont une suite. Et c’est ça qui va faire le lien sur ces deux morceaux très opposés qui se rejoignent pour créer une histoire. On a assez rapidement des images, des idées de clips qui viennent et là on travaille avec un collectif qui s’appelle Holden pour les vidéos ;  ils ont cernés les idées directement. Les visuels sont des éléments qui sont essentiels dans la musique, aujourd’hui il n’y a pas de musique sans images. Même pour les lumières, rechercher des couleurs, des couleurs rouges dans les morceaux un peu chauds et bleu/blanc dans ceux plus froids. Avec quand même beaucoup plus de froids parce que à la base Holy Two c’est quand même une musique qui est froide et dark !

Quel est votre rituel avant de monter sur scène ?

Hadrien : Déjà en termes d’échauffement Rémi à une pratique très carré !

Elodie : Rémi, il prend ¾ d’heure avant chaque concert pour s’échauffer, Rémi c’est notre mentor à tous ! Après on a pris des cours de chants avec Hadrien et on a appris pleins de techniques. Là on prend au moins une demie heure pour s’échauffer, respirer etc.… et puis surtout avant chaque concert, on se retrouve tous les trois et on se fait des millions de câlins.

Hadrien : Il y a quand même un stress qui est là, alors on se donne de l’énergie, et quand on est ensemble ça marche plutôt bien !

L’endroit /Le moment idéal pour écouter Holy Two selon vous ?

Elodie : Pour moi c’est seul ou à la limite en couple ! Parce que ce n’est pas une musique hyper dansante, ou hyper communautaire, fédératrice.

Hadrien : Ce n’est pas ce que tu écoutes en soirée… Seul ou dans des contextes différents…

Elodie : Pour faire l’amour par exemple, on a été sur une playlist « les meilleures musiques pour faire du sexe » on était assez fiers !

Hadrien :  il y a quand même une certaine recherche de sensualité, d’émotions.

Elodie : D’ailleurs, à notre dernier concert à Paris il y a un mec qui est venu nous dire que c’était grâce à notre concert qu’il était avec sa copine !

Le mot de la fin ?

Elodie : Faites ce qui vous plait et pas ce qu’on vous impose !

Hadrien : Oui et aussi essayez juste de prendre un peu d’envol, pour se vider la tête, le temps de partager des émotions et de l’amour.

 

Un grand merci à Hadrien et Elodie, ainsi qu’au label Cold Fame Records, et tout particulièrement à Claire Delorme pour cette opportunité.

 

  • Eugénie BURNIER

Crédits photos : 399 Perséphone // Jérôme Sevrette

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