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LIVE-REPORT : NEVER SAY DIE! TOUR – IMPERICON 2015 : The Amity Affliction, Defeater, Being As An Ocean, Cruel Hand, Fit For A King, Burning Down Alaska, vendredi 20 Novembre 2015 – Z7 (Pratteln – CH)

La tournée Never Say Die !, un peu d’histoire : créée en 2008 sous la houlette du site de merchandising allemand IMPERICON (Leipzig), cette tournée regroupe généralement cinq à sept groupes, souvent US. L’esthétique oscille généralement entre Punk-Hardcore, Deathcore ou Post-Metal.

Pour ceux qui y ont assisté, on rappellera la participation, en vrac de Despised Icon, Suicide Silence, Parkway Drive, Architects, Emmure, Comeback Kid lors des éditions précédentes. Tout ceci vous résumera mieux le contenu, plutôt que des appellations bien trop approximatives de « styles » tant le métal en est fourni…

Le programme donc : des tournées partout en Europe – évidemment/rarement en France – qui parcourt les pays limitrophes de l’Hexagone et d’Europe de l’Est sur trois semaines généralement.
L’édition 2015 déroge un peu à la règle. Six groupes de tous styles avec The Amity Affliction (Aus) en headline – quatre groupes US et un groupe UE dans le plateau (Burning Down Alaska – DE)- sur une tournée de 22 dates d’affilée. Commencée le 6 Novembre 2015 à Wiesbaden (D), elle fait le tour de l’Europe en passant par la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Hongrie, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, avec, là-dedans, trois incursions en France sur la route (Lyon, Bordeaux, Paris), pour revenir en Allemagne avant de rentrer. Six groupes, des techniciens, des personnes-support (management, merch-guys,..) dans trois tour-bus, deux vans chargés de trois batteries, des têtes ampli en pagaille et des grattes à la pelle… le tout jusqu’au 28 Novembre 2015, et ce, sans un seul jour Off pour tout le monde… Une vraie performance, ou une bande de grands malades… mais on y reviendra après…

Plateau Metal + Salle Suisse = précision chirurgicale quasi trop zélée :
Rdv pris, depuis quatre mois, dans la salle de Pratteln, le légendaire Z7 à quelques minutes de Bâle. Impericon avait lancé une opération de prévente sur toute la tournée. On a profité de la prévente de l’album de Defeater pour acheter le sésame tant attendu. La salle annonçait « DOORS à 18h » et le premier groupe à 18h30 : Burning Down Alaska.
Absolument à l’heure, on entre dans la salle, il y a déjà au moins 150 personnes. Un groupe au soundcheck, Chimaira et son album éponyme de 2005 (avec son batteur monstrueux intérimaire Kevin Talley – Dying Fœtus) rythmera une bonne moitié des temps morts de la soirée. La salle affiche de nombreux drapeaux BBR affublés de la fameuse Tour Effel en forme de Peace&Love sur la façade comme à l’intérieur du bâtiment.

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De chaque côté de la porte d’entrée, 8 stands de merch bien fournis et variés selon les groupes (des « classiques » jusqu’aux drapeaux, briquet, patchs, et autres goodies à l’effigie des groupes). En plus des 6 groupes et leurs merch-guys, la clique est aussi accompagnée de 2 Asso-ONG qui tiennent leur stand, font leur prévention sous la forme d’interventions sur scène entre 2 sets : Hope of the Day (suicide) et PETA (défense des animaux à fourrure). On peut leur laisser tips, signatures à pétition, donations pures, d’autant que les groupes pousseront largement le public à aller les voir.
Une petite famille bien solidaire, où tout le monde est, à tour de rôle, backliner de tout le monde, avec un timing quasi-militaire mais très classique dans ce genre : 30min de sets, entrecoupés de 15 min de changement de plateau & soundcheck. Les musiciens changent souvent, les featurings sont nombreux. Une bonne ambiance en général.
Bon, et les groupes dans tout ça :
A peine tombé la veste, que le groupe commence. J’écoute et, surpris, j’entends le chanteur lead s’annoncer comme étant Fit for a King. Enfer et damnation, Burning Down Alaska, pour qui j’étais venu à l’heure tapante a joué une demi-heure plus tôt !! Plutôt surprenant, je suis assez déçu… Néanmoins, j’ai cinq groupes encore à voir pour un ticket à (quand même) 38€. Au passage, ça fait 6€ par groupe et par date… je serais curieux de savoir combien se vend (ou pas) ce plateau à travers l’Europe. Les stands merch fournis des groupes donne peut-être la réponse, mais si quelqu’un à l’info, je suis preneur.
Bref, 4 gars sur scène, tous portants des t-shirts, sweats ou veste K-way aux couleurs de leur groupe (FFAK). Le groupe défend ici son album Slave to Nothing sorti en fin 2014 qui oscille, selon moi, entre du Drone (passages syncopés et down tempos), et du Metalcore plus classique agrémentés de passages chantés mélodiques par le bassiste et de Subs-Basses qui font trembler la sono. Il y a des samplers. Je me pose la question « qui déclenche tout ça », la réponse arrive quand je vois les ears du batteur, ça joue au clic, donc droit… j’aime d’avance car c’est en soit, une petite performance… mais ce n’est qu’un avis très personnel.
D’entrée, le son est vraiment mauvais. C’est dommage, il y a de l’énergie, et le public est là (très vite 200 personnes), avec de la place dans la fosse qui permet aux adeptes de s’adonner à leur sport favori : le Mosh Pitting. Malheureusement, on ne comprend pas le chant lead qui manque cruellement de définition, les 2 backings-vocals sont déséquilibrés – le bassiste nous maltraite en aigus et le guitariste est carrément inaudible.
Quatrième morceau, le guitariste cherche à régler son ampli, se cherche dans les retours, le son guitare fait penser à du Slipknot, mais en moins bien. Aidé du backliner, il change de tête et passe sur une des trois têtes communes (Messa à Orange) disposées à côté du baffle mais la guitare larsène de plus belle à chaque silence.
Là est sûrement la limite du soundcheck à-la-va-vite coutumier sur ces plateaux , car le groupe mettra sept morceaux à avoir un son à peu près correct, alors qu’ils n’ont que 30 min pour faire leur preuve. La guitare est très médium, la basse a quasi disparu, le chant est revenu. La salle s’est tiédit, et le premier Circle-Pit est lancé juste au 8ème morceau. Mais c’est déjà fini.
Cruel Hand : la bonne surprise.
Passée la déception de devoir admettre que je ne verrai pas BDA*, c’est au tour des cinq énervés du groupe Cruel Hand d’y aller. Il faut admettre que le groupe tranche pas mal avec le reste du plateau. J’étais très réservé à l’écoute streaming de leur dernier opus datant de Juillet 2014 The Negatives. Un mélange de Hardcore-Punk très singulier venu du Nord-Ouest des EU (Portland), affilié Boston-Hardcore, mais qui, pour moi est une hybridation entre Madball (pour le style) et un son qui rappellerait les vieux albums de Body-Count. Deux guitares, un batteur « faux-gaucher absolu », un chanteur en short et tatoué de partout, le tout sur un rythme chaloupé. Le son est ici correct, néanmoins ça joue plus au clic et ça s’entend très vite.

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Et pourtant, ça fonctionne ! Je pense que la salle est aussi surprise que moi, mais le groupe dégage une belle énergie, les morceaux s’enchaînent, c’est efficace et le set passe à une vitesse folle. Le groupe envoie son tube qui a donné son nom au dernier album : un vrai hit qui pourrait être tiré d’un album des Foo-Fighters.
On passe par le traditionnel salut à tous les groupes de la soirée. A l’applaudimètre, on se rend compte que c’est The Amity Affliction (suivi de Being As An Ocean) qui a les faveurs du public, je suis surpris, ce groupe m’est quasi complètement inconnu. Au final, Cruel Hand est l’OVNI de la soirée, mais une belle découverte pour les fans du genre. Allez, il est temps de boire la première bière et d’aller flâner au fond vers les stands avant le groupe suivant.

L’hommage à Paris sur un fond de post-metal : des larmes et (surtout) des cris.
Pas le temps de boire quatre gorgées que ça repart. Voilà un groupe avec un album plus récent (Being as an ocean, juin 2015), qui nous vient de Californie. Un line-up ôté de tous ses guitaristes d’origine ces dernières années, le groupe est resté sur sa ligne qui a fait fuir les précités : l’hyperactivité. Le groupe tire son nom d’une citation de Gandhi, détail peu surprenant pour ce style. Fort de son succès récent (top 200 charts US) grâce à son album de 2014, le groupe a multiplié les dates, et les enregistrements (3 albums en quatre ans).
Un apriori positif m’anime pour cette formation qui pratique un post-metal atmosphérique et mélodique qui pourrait faire penser au groupe européen The Ocean (sic). Par contre, on pousserait le comparatif à certains groupes rock notamment en raison des parties chantées. Le guitariste backing-vocals a une très belle voix, un tantinet trop mielleuse à mon goût.
Le chanteur lead, lui, quand il ne chante pas « en parlé », hurle avec une voix screamo trèèèès aigue, qui aurait mérité plus de soin à la console, du coup, ça arrache les tympans très violemment au début. Le sondié ne corrige pas au bout de quelques morceaux : c’est donc voulu, et effectivement, ça fait son effet. Le son est brutal, poussé principalement médium-aigu, très peu de kick et de bas-medium… La salle paraît conquise.
Il faut signaler que le chanteur a passé tout le concert sur la crash-barrière devant laquelle s’agglutine la foule. Il passe le micro, la foule chante les refrains dès le 2ème morceau, il laisse le public hurler les pitchs de certains passage (à la façon du chanteur de Touché Amoré, ou inversement ? -ndlr). Il ira dans la foule 3 fois dans le set (toujours de 30 min) pour la plus grande joie de la régisseuse plateau du Z7 qui devra se battre pour garder le câble de son micro au-dessus de la foule qu’il traversera 3 fois (aller-retour de cour à jardin). Plusieurs featurings : chanteur, batteur, guitariste. C’est le feu sur scène, sûrement grâce à un show-light qui en devient vraiment un.
C’est le feu dans la salle aussi, finalement je pense que BAAO* était le groupe le plus unanimement attendu de la soirée. Au bout de six morceaux, Joel Quartuccio, le chanteur, appuyé sur la barrière, domine toujours le public. C’est lui qui a la charge du moment de recueillement au profit des évènements du Bataclan. Plutôt bien amené, les briquets/téléphones s’allument sur des arpèges de guitares réverb’, c’est un joli moment. La foule est touchée, les réseaux sociaux seront inondés de posts et de jolies photos et ce -remarque à postériori- sur chacune des dates. Le set se termine sur un dernier morceau, c’est du bon boulot, on sent qu’on passe un niveau du côté des groupes à l’affiche.

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Il est 21h : c’est l’avant dernier groupe.
Encore un peu dans le son BAAO, je vais me chercher ma deuxième (et dernière) cannette de 50’ de bière allemande. Prenant des notes sur mon téléphone, je me rends compte qu’il est 21h ! Une logistique quasi-militaire respectée, il ne reste que deux groupes du plateau à jouer, pour des sets à peine plus long (40 min pour Defeater et 1h pour TheAA*). Je me retourne sur la salle : on est vendredi – il est 21h – on est plus de 400 personnes. Je me demande si cela serait possible en France.
Defeater finit son soundcheck et je me rends compte que leur batteur est le même, et a donc remplacé le batteur de BAAO sur le set précédent (l’officiel est venu juste sur un morceau). Je l’avais trouvé plutôt bon sur le set précédent, mais là, Joe Longorbadia va nous en mettre plein les yeux et les oreilles. Avec son t-shirt blanc, sa raie au milieu avec sa grande mèche noire, il accapare toute l’attention de la salle. Cela comble plutôt bien la déception sur le chant.
Le groupe vient présenter son nouvel album Abandoned sorti tout fraîchement en Septembre dernier. Defeater est le groupe qui, pour ma part, a le plus de personnalité. Un mélodic-post-Boston-Hardcore, leur musique est plutôt variée. Dans leur dernier opus comme dans Letters Home (2013), le groupe oscille entre balades acoustiques et violences post-punk-hardcore enragée (on signalera Let me down qui clôture le dernier album). Derek Archambault (chant lead) narre depuis trois albums, l’histoire d’une famille prolo de la période post WWII dans la campagne américaine, entre destins dramatiques et tragédie familiale (le frère parti à la guerre, le père _ vétéran traumatisé alcoolique _ les relations tumultueuses avec les autres membres de la famille). Le dernier album est en quelque sorte un spin off de l’album Letters Homer où l’on y découvre, sur une chanson, l’histoire d’un prêtre. Abandoned est donc centré sur ce dernier, entre sa croyance semi-déçue envers Dieu et un retour sur le passé de ce personnage.
Bref, revenons au live. Defeater joue très propre, c’est même remarquable sur l’ensemble du plateau. Le son, les syncopes, l’instrumentation, les enchainements, tout est vraiment très bien exécuté. J. Longobardia est un des rares batteurs de la soirée à sortir des sentiers battus du jeu original de l’album, il tente, se plante parfois (enfin c’est chinoiser), mais le tout est fait avec une virtuosité impressionnante. Pour la tracking-list, on commence par 3 morceaux du dernier album (Penance , les tubes Unanswered , December 1943). Puis le groupe revient sur les albums précédents avec des morceaux comme Bastards (sur Letters Home 2013), Dear Father, Empty Glass, Quiet the Longing (sur Empty Days & Sleepless Nights, 2011), remonte même jusqu’à l’album Travels (2008). Au milieu, le groupe ajoute Spared in Hell, Divination, Remorse et Pillar of Salt pour faire un tour quasi complet du dernier album. C’est la fin.
Bon, ce chapitre sent effectivement le parti-pris. Pour être exhaustif, il faut ajouter LE point noir de la prestation. Derek n’a plus de voix. On ne reconnait pas sa voix hurlée. Il a la voix cassée (comme si on chante avec une bronchite), ou peut-être, le souci vient du rythme de cette tournée sans temps de repos (14 dates déjà). Du coup, on ne trouve pas de passage screamo dans le set, plutôt des parties chanté-parlée avec une octave en dessous ou en tout cas, centrée sur les parties les moins éraillées. Et c’est vraiment dommage, c’est même une énorme déception. Le groupe termine le set sur The Blues (Album Travels de 2008), c’est de circonstance me concernant.
Minuit, tout le monde au lit.
Cela dit, les surprises sont encore au programme. Dans 15 min doit commencer le set de TAA (The Amity Affliction), tant attendu par le public bâlois (qui se révèlera sur les réseaux sociaux beaucoup plus éclectique qu’il semble _ des Zurichois, des Français, des Allemands, beaucoup on fait de la route).
Voyons voir, TAA est un groupe Australien créé en 2003. Les 5 comparses de ce groupe officient dans un style qui croise le post-hardcore, le metalcore avec des accents de Deathcore (pour moi, principalement en raison de la voix). Ils sont venus en Europe défendre la réédition 2015 de leur album de 2014 Let the Ocean take Me (décidemment). Le groupe est globalement le projet de leur chanteur-guitariste charismatique Ahren Stringer. La formation a vu son chanteur partir il y a quelques mois seulement. C’est Chris Roetter (du groupe Like Moths to Flams) qui le remplace sur la tournée.
Ils entrent après une longue intro de claviers. C’est semble-t-il les stars de la soirée. En effet, le plateau leur est consacré entièrement. Tous les autres groupes ont joué sur une scène donc plus réduite, devant le matériel du groupe headliner resté en place, un classique encore.
On s’attend alors à une grosse énergie/prestation. Le show démarre, avec de morceaux Metal-core aux structures assez classiques. Le son est plutôt correct, quoique perfectible car très matte (très médium, et une définition très grossière des guitares).
Autour de moi, les gens se dandinent, chantent les paroles (surtout les passages mélodieux), dans la fosse, de grosses vagues se forment ; d’où sortent des bras et où headbange la foule. Chris Roetter assure un chant très guttural qu’on pourrait retrouver dans certains groupes de brutal-death, et c’est Ahren Stringer qui chante en mélodique, aidé par le public qui semble fan absolu.
Finalement, un peu décevant, la musique de TAA peut s’apparenter à un cousin éloigné du groupe Architects (UK)_ vu dernièrement _ avec un niveau en dessous. Le show est un peu poussif, les musiciens plutôt statiques. Au bout de cinq morceaux, les parties mélodiques chantées sont très présentes. Ce qui tranche franchement avec le style des guitaristes. Ils arborent des tatouages nombreux, portent casquettes Kings, et t-shirts de groupe extrêmes (avec des typographies illisibles) de brutaldeath. Ils assurent, en tant que backing vocals, des passages émos sirupeux à souhait, tant est si bien que ça en devient déconcertant. Le public semble adorer le groupe et connaît tous les passages. Il comble avec joie et force, les bouts de phrases que leur laisse hurler Chris. Le tout sur 50 petites minutes de set.
Le concert se termine, la salle s’est clairsemé, il reste environ 250 personnes qui attendent, avides d’autographes et de selfies, aux abords des stands merch.
Il est 23h30, il est temps de rentrer. On sera au lit avant 1h après pourtant 5 groupes et 4h de concert.
Finir aussi tôt un concert, dont les deux tiers ont joué avant 21h est quand même une expérience à vivre.

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Bilan de la soirée :
• Une belle surprise : Cruel hand
• Une semi-déception avec Defeater
• Prix spécial de batterie à J. Longobardia
• Prix spécial de la mèche improbable : le batteur de The Amity Affliction
• Le tout orchestré sur un timing parfaitement respecté.
#Unesoiréemetalsuisse. Prochain rdv prévisionnel : Swallow the Sun (Z7 – 9 Décembre 2015), Cancer Bats (Zurich – 13 Février 2016), Counterparts + Stick To Your Guns (Zurich – 24 Février 2016), Impericon Festival 2016 (Zurich – 5 Mai 2016)
STeflan –

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