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LIVE-REPORT : FESTIVAL ROCK EN SEINE, dimanche 30 août 2015, Parc de Saint-Cloud (92)

La troisième journée du Rock-en-Seine 2015 est celle où le programme fut le plus hétérogène. La différence des styles a constitué un triptyque avec du noisy rock, de la pop-folk et de l’électro intense. Des signes de fatigue due aux pas effectués sur l’étendu domaine national de Saint-Cloud commençaient à apparaître, mais l’envie demeurait toujours présente. Sans oublier ceux qui ne sont venus qu’un jour.

Les commentaires des personnes croisées laissent entendre que, pour une fois, beaucoup d’entre elles avaient pré-écouté un extrait de chaque groupe qu’elles ne connaissaient pas. Ainsi, la démarche de découvrir s’est faite par des approches moins hasardeuses. Par exemple le dimanche, l’esprit disco funk du collectif Jungle a pu capter l’attention d’un parterre déjà conquis. L’unisson des deux voix des chanteurs entraînaient tout le plan musical sur un piédestal haut-perché. L’organe buccal était impressionnant de prestance. C’est les doigts dans la prise que Jungle utilise les ingrédients de la culture urbaine pour apporter une soul glamour. Un renfort électronique colore les beats funky qui se dégagent de certains morceaux. L’énergie reste constante tout au long du concert, sans même qu’elle ne soit perturbée par la dose d’électro qui se mêle convenablement à la structure. Des jeux de clavier soutenant des nappes au synthétiseur ont pris des élans répétitifs pour faire monter la gomme.

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Ce dimanche, côté folk Rock-en-Seine a servi un joyau du genre. L’uruguayen Juan Wauters. Impossible de ne pas succomber au charme de sa musique que New-York, où il réside à présent, inspire de son audace. Minimaliste, Juan Wauters n’a besoin que de sa voix, sa guitare acoustique et un peu de percussions pour dépasser les frontières. Son chant à lui seul incite à planer. L’irrésistible songwriter a transporté le public du festival dans une ambiance à se croire sur les rives d’une rivière. A cette heure-ci de l’après-midi (c’était au début), les premiers festivaliers étaient posés, assis ou couchés sur l’herbe et assez éloignés de la scène. La musicalité qui gagnait l’espace s’étendait comme un brouillard envoutant. La voix de Juan était fluette et en même temps poussive. Lorsqu’elle atteignait son paroxysme, elle cherchait à attraper quelques notes avec difficulté, donnant un semblant de faux. On pouvait penser à des petites imperfections qui apportent une touche, ou même des reliefs. Certaines chansons ont un goût afro. Elles semblaient avoir une proximité à la nature. Un peu de la mémoire du pays de Juan Wauters s’échappaient des accords de guitare. Si la voix s’affichait de manière omniprésente et assumait ses limites, dire que l’artiste ne s’arme que d’une guitare n’est pas tout-à-fait exact. Il a montré un autre visage de sa musique par un morceau joyeux et d’une rythmique sautillante en s’accompagnant d’un piano.

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La prestation de Juan Wauters a fait office de concert reposant après la déferlante de gros sons envoyés par les allemands de Kadavar et d’imposants personnages, à la hauteur physique de leurs ambitions sonores. Au cahier des charges du trio pour leurs concerts, il n’y a jamais grand chose à inscrire si ce n’est que de leur demander de faire ce qu’ils savent faire et de taper fort. Tandis que la guerre capillaire sévissait sur scène sur le festival, on a eu droit à des mélodies qui ressemblaient à des mélodies, mais les envolées lyriques qui tiennent sur un fil a sans doute rendu aussi belliqueuses les cordes vocales de Lupus Lindermann, le lead singer, que ses cheveux ! A l’aide de pédales d’effets, de guitare et de basse bien réglées, ainsi que d’une batterie percutante à souhait, Kadavar n’a pas lésiné sur la puissance. L’essence du groupe provient de la synergie d’influences des racines les plus notables du hard-rock. Tout aussi rugueux, le groupe Last Train a également jalonné la programmation du dernier jour de Rock-en-Seine. Les infrasons allaient s’évaporer dans un grondement. La musique portée à ébullition s’est épurée. Des riffs écrasants auguraient une bulle ténébreuse. j’avais le sentiment d’être happé par les sonorités de Last Train et oppressé par une certaine chaleur solaire. je me suis allongé. Les vibrations me berçaient et me maintenaient plaqué en même temps. J’avais la curieuse impression de me laisser enfouir. On pouvait constater que parfois, la guitare dissonait de la basse, juste avant de se fondre ensemble dans des accords mineurs.

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-Frédéric DASSONVILLE
Crédits photos : Olivier Offschir (ambiance) ; Nicolas Joubard : Jungle, Kadavar ; Victor Picon : Last Train

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  1. Ah, t’es oreilles ont un souci alors concernant Last train parce que la basse était infecte et me donnait envie de monter réaccorder sa basse bordel. Sérieusement faut aiguiser vos oreilles frenchies au rock hein.

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