Depuis leurs sorties respectives, les singles Love Is Cruel et surtout le trépidant I Pray de Miles Kane squattent les ondes des radios rock, annonçant une future livraison du Liverpuldien. Cet album, baptisé Sunlight In The Shadows, est effectivement arrivé sans trop se presser — à l’image de l’ami Zorro.
Un album black-keysien de bout en bout
En 2023, One Man Band confirmait le retour en grâce de Miles Kane, qui, au grand dam de ses fans, avait quelque peu délaissé le rock avec son opus Change The Show (2021). One Man Band permettait à Miles, flanqué notamment de son cousin James Skelly, de renouer avec les sonorités qui firent son succès à l’époque de The Last Shadow Puppets et de ses premiers efforts solo.
Pour ce nouvel album Sunlight In The Shadows, l’ancien complice musical d’Alex Turner reste fidèle au rock, mais opère un virage à 180° : un tournant plus psychédélique et résolument américain, orienté vers les années 70, avec un zeste de 60’s. Miles s’est surtout adjoint les services des Black Keys, Dan Auerbach en tête : même label (Easy Eye Sound), même ADN sonore, largement influencé par le duo de l’Ohio.
Love Is Cruel, premier single dévoilé, donnait le ton : celui d’une production estampillée Black Keys. Pas seulement : un bon côté T. Rex se fait également entendre, notamment sur les énergiques Electric Flower, Sunlight In The Shadows et Coming Down The Road, tous trois placés stratégiquement en ouverture d’album.
Quant à Blue Skies, Without You ou Sing A Song To Love, ils s’inspirent directement du tandem Auerbach/Carney : on retrouve dans Blue Skies ces riffs graves et denses, et dans Sing A Song To Love un dynamisme électrique typique du duo américain.
Les plus romantiques My Love, Slow Death et Walk On The Ocean se veulent moins urgents, mais conservent cette empreinte blues-rock des petits gars de l’Ohio.
L’amour à toutes les sauces !
Sur Sunlight In The Shadows, Miles Kane parle d’amour et le chante sous toutes ses formes. Du solaire My Love au sombre et tragique Love Is Cruel, toutes les déclinaisons du sentiment sont explorées.
Love Is Cruel, aux accents morriconiens, évoque une fille inaccessible filant à tombeau ouvert sur un scooter, qu’un jeune homme (Miles ?) ne peut aimer qu’en secret — métaphore parfaite de la cruauté de l’amour.
Avec Sing A Song To Love, changement total de registre : Miles s’y montre conquérant, prêt à en découdre avec sa bien-aimée, lui déclarant sa flamme sur fond de grosses guitares aériennes et d’un chant énergique et percutant.
Les ballades Always In Over My Head et Walk On The Ocean regorgent, quant à elles, de romantisme et de douceur, rappelant que Miles Kane peut aussi se montrer fleur bleue et se poser en candidat crédible à l’amour sincère.
Ombres et lumière
Du bon rock à la ballade, de la tragédie à la joie lumineuse empreinte d’amour, Sunlight In The Shadows nous promène à travers toutes les ambiances et décors possibles.
La lumière du soleil dans l’ombre : voilà une image contrastée, où clarté et obscurité se livrent un combat sans merci, dont nul ne sait vraiment qui sortira vainqueur.
Avec Sunlight In The Shadows, Miles Kane confirme l’embellie amorcée sur One Man Band et ne retombe nullement dans les errements de 2021 — fort heureusement pour nous, qui adorons ce Britannique à la gueule d’ange et aux allures de rockeur patenté.
I Pray, pierre angulaire de ce nouvel album, figure déjà parmi les grands standards de Miles Kane, de ces morceaux qui marquent une carrière, à l’instar de Fever ou A Million Miles Away.
Sunlight In The Shadows : quand ombres et lumière s’affrontent tout en formant la plus improbable des alliances !