Lola Young, I’m Only Fucking Myself
Révélée au public en 2024 avec Messy, single entêtant devenu le pivot
d’un premier EP, la Londonienne Lola Young publie enfin son premier
album, au titre pour le moins provocateur : I’m Only Fucking Myself
(Island Records).
Une personnalité assumée
Le titre en dit long sur la jeune artiste britannique de 24 ans, qui n’a
pas sa langue dans sa poche et refuse d’endosser l’image de la chanteuse
bien sous tout rapport. Lola assume pleinement sa façon d’être, de vivre
et de parler crûment, sans détour. Cette franchise résonne d’autant plus
fort dans un contexte où la parole féminine reste trop souvent
malmenée. Chez elle, le sexe n’est pas tabou : il est abordé comme une composante
naturelle de l’existence.
Dans Fuck Everyone, le ton est donné ; dans la superbe ballade Post Sex Clarity,
l’émotion prend le relais avec finesse.
Prince et Joni Mitchell comme phares
Bercée par la musique dès l’âge de 11 ans et ancienne élève de la Brit
School, Lola Young a grandi au son de deux géants : Joni Mitchell et
Prince. Leur influence se retrouve tout au long du disque, entre la soul
de One Thing et l’énergie rock de Spiders ou Can We Ignore It. On sent
chez Lola la trace indélébile laissée par le Kid de Minneapolis, autre
personnalité excentrique qui a marqué son époque.
Entre douleur et énergie
Si les amateurs de rock pur et dur pourraient rester sur leur faim,
certains titres affichent une tension électrique indéniable. Spiders,
que Lola décrit comme « la chanson la plus spéciale qu’elle ait jamais
écrite », concentre toute sa douleur, sa peur mais aussi son désir
d’amour et de reconnaissance.
Elle y met une intensité vocale bouleversante, dans la lignée de
morceaux plus cadencés comme Not Like That Anymore.
Un album qui s’écoute avec plaisir
I’m Only Fucking Myself ne révolutionnera pas la musique contemporaine,
mais il recèle de véritables pépites. Des ballades touchantes (Sad Sob Story, Post Sex Clarity) aux titres plus nerveux (Not Like That Anymore,
Walk Over You, Can We Ignore It, ou Penny Out of Nothing), Lola Young
impose une personnalité singulière et un univers sans filtre.
Un album apaisant dans sa musicalité, porté par une artiste aux mœurs
assumées et au tempérament résolument décalé.
Morceaux choisis : Spiders, Post Sex Clarity, Can We Ignore It, Penny Out of Nothing.