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Blood Red Shoes / Ghosts On Tape

On se demandait, avec trois singles déjà dévoilés (à savoir Morbid Fascination, I Am Not You et le petit dernier Murder Me), quand débarquerait le nouvel 
album du duo britannique Blood Red Shoes, le voilà désormais matérialisé, devenu bien réel! Ce sixième LP, Ghosts On Tape, paraît trois ans après Get 
Tragic. Pourtant, Laura-Mary Carter et Steven Ansell nous ont donné, durant cette attente interminable, quelques os à ronger. Tout d’abord avec un EP 
sorti cet été avec le single A Little Love qui nous a rappelé les grandes heures rock du groupe de Brighton puis, tout récemment (pas plus tard que le 3 
décembre dernier), cet EP très abouti de Laura-Mary Carter qui, pour une première expérience en solo, s’en est plutôt bien tirée. C’est donc en 
compagnie de Steven Ansell, son partenaire en musique depuis déjà 18 ans (débuts en 2004), que la belle revient pour poursuivre l’aventure Blood Red 
Shoes. Ghosts On Tape, bien que tout juste paru, fut un travail de longue haleine puisque le projet a pris corps avant la sortie de l’EP de juin 
(composition comme enregistrement des morceaux). La production et le mixage ont été confiés aux bons soins de Tom Dalgety alors que le label 
Velveteen Records s’est occupé de la partie distribution.

Ghosts On Tape comporte 10 morceaux dignes de ce nom même si, officiellement, on en dénombre 13. I Have Been Watching You, You Claim To 
Understand et What Have You Been Waiting For sont de trop, trois courtes virgules de clavier qui n’apportent rien de transcendant à ce disque. Il aurait 
été certainement de meilleur ton de faire un album de 10 morceaux pleins au lieu d’étoffer une tracklist avec trois ovnis qui nous font nous interroger, 
à juste titre, sur leur fonction réelle au sein de cet album. Allez comprendre les groupes ou plus exactement les maisons de disques, on y passerait le 
réveillon et la nuit entière!

Ghosts On Tape, c’est tout de même 10 compos qui tiennent la route et qui comptent, valant la peine que l’on en parle. En alternance, Steven et Laura se 
relaient au chant. Par exemple, Steven Ansell prend le micro sur Give Up tandis que Laura-Mary Carter impose ses talents vocaux dans Dig At Hole ou 
encore Sucker. Sur le plan musical, les grosses guitares ne sont plus les reines du bal car, dans le style Blood Red Shoes nouvelle mouture, les claviers 
se rebellent et tiennent, sur de nombreux morceaux, le haut du pavé. Les inconditionnels de la première heure du combo britannique en auront sans 
doute pris acte et à regrets. Blood Red Shoes dans le passé, c’était du rock explosif, sans fioritures, pur et dur avec un Steven et une Laura déchaînés 
et au zénith de leur art. Sur Ghosts On Tape, un virage à 180 degrés a été entrepris, amorcé même avec A Little Love en juin. Un changement de cap 
confirmé également par un trop-plein de production, laquelle se trouve quelque peu parasitée et travestie par l’informatique, autrement dit des 
arrangements bien trop sophistiqués pour un groupe tel que Blood Red Shoes qui a toujours été adepte du son direct, sans artifice aucun. La voix de 
Steven, peu articulée et trop forcée, est l’un des points négatifs de ce nouvel opus. Prenons l’exemple d’I Am Not You où Blood Red Shoes est 
méconnaissable. Lors d’un blind test, on aurait d’ores et déjà tout faux! Impossible de deviner, si personne ne nous l’a dit, que le duo britannique 
interprète ce morceau! Pourtant, en dépit de cette question vocale, la musique de cet I Am Not You est dynamique et bien rentre-dedans. Le son rock est 
palpable.
Ghosts On Tape, au chapitre positif (il y a quand même de bonnes choses), est la confirmation de la nouvelle option prise par Laura-Mary Carter dans la 
lignée de son EP Town Called Nothing. Sur bon nombre de morceaux, elle est omniprésente et d’ailleurs seule maîtresse à bord. Preuve en est avec le 
génial Morbid Fascination où Laura-Mary dompte formidablement guitares et claviers, mettant tout l’orchestre à sa merci. Laura ose, se révèle et montre 
qu’elle n’est pas là pour faire de la figuration. Une voix qui fait aussi sensation sur Murder Me, nouveau single du groupe et certainement un futur tube, 
comme l’est déjà Morbid Fascination.
À l’instar de Ceremony ou du morceau Town Called Nothing sur l’EP paru en décembre, la lancée se poursuit avec, notamment, Dig At Hole très 
entraînant, dans le pur style Blood Red Shoes que l’on connaît et cela bien que les claviers aient pour une grande part supplanté les guitares. Un son 
électronique également évident sur les ballades Sucker et Begging alors que Murder Me fera plaisir aux nostalgiques des anciennes compos de Blood 
Red Shoes avec des guitares dominantes de bout en bout.
Dans Give Up, Steven Ansell s’improvise presque en rappeur sur de la musique rock mais, néanmoins, on perçoit dans sa manière de vociférer une rage 
légitime expliquée par les temps difficiles vécus par nous tous.
Comply, qui ouvre l’album, est une belle ballade où s’entend, surtout au début, un piano instaurant un sombre décor mais au son tellement caressant. 
On pense que l’on a affaire à un instrumental jusqu’à ce que Steven vienne mettre son grain de sel vocal, chantant à tue-tête et d’une voix masquée. 
Dommage pour un morceau si somptueusement interprété sur le plan musical, il eût été préférable de laisser s’exprimer Laura-Mary Carter.
Four Two Seven, épilogue de ce Ghosts On Tape, donne un aperçu des qualités de chanteur que Steven aurait pu et dû nous montrer sur d’autres 
morceaux vocalisés par lui-même. Four To Seven, dans la manière de chanter d’Ansell, nous rapproche d’Eels et de Beck, la meilleure prestation 
individuelle de Steven sur cet album et qui laissera de nombreux regrets quant à ce que le binôme de Laura aurait pu proposer.

Ghosts On Tape revêt un côté sombre, part d’ombre qui s’explique par deux thèmes centraux abordés: la perversité humaine et les tueurs en série, 
une fascination morbide si l’on en croit le titre de l’un des morceaux. Murder Me (que l’on pourrait traduire en français par « tue-moi ») est peut-être 
l’exemple le plus éloquent en dépit d’une musique enjouée et bien vivante, très loin d’une ambiance de mort. Difficile dès lors de croire que Murder Me 
traite d’un thème sombre et angoissant.
Ghosts On Tape souffle donc, en terme de bilan, le chaud et le froid, entre ombre et lumière. C’est bien Laura-Mary Carter qui, par ses prestations 
vocales déjà entrevues avec Town Called Nothing, apporte tout le positif à ce nouvel effort de Blood Red Shoes. Des compos telles que Morbid 
Fascination, Murder Me, Sucker ou encore Dig At Hole auraient cent fois (voire mille fois) mérité de figurer sur l’album solo de la belle Laura, ce qui eût 
fait de Town Called Nothing un LP de grande valeur. Par ailleurs, on est en droit de se demander ce qu’aurait été Ghosts On Tape en moins informatisé 
ainsi qu’un chant de Steven plus compréhensible et moins forcé.
Ce sixième LP de Blood Red Shoes n’est pas mauvais mais nous laisse, dans la bouche, un goût amer, une impression d’inachevé. Laura-Mary Carter 
a largement fait sa part du job, il serait bien que Steven Ansell se mette à son niveau pour le prochain opus. Tous deux doivent être, comme on dit, 
« au diapason. » Malgré tout, Ghosts On Tape offre de quoi se sustenter et ne saurait nous détourner de Blood Red Shoes. La musique, à l’image des 
groupes, évolue sensiblement et il faut trois fois hélas faire avec, en prendre et en laisser. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, ne se 
renouvellent pas, les britanniques de Blood Red Shoes n’en font pas encore partie!

 
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