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Robert Plant et Alison Krauss, Raise The Roof

La chanteuse de country/blue grass américaine Alison Krauss et l’ex tête de gondole de Led Zeppelin Robert Plant sont enfin de retour pour un nouvel album à deux voix, lequel a pour titre Raise The Roof. Son prédécesseur, Raising Sand, était sorti en 2007. Une aventure en duo qui débute en 2004 à Cleveland, lors d’un concert hommage au bluesman Leadbelly. Robert et Alison interprètent sur scène Black Girl remis au goût du jour, comme chacun sait, par Nirvana.

L’américaine et le britannique, en dépit d’une prestation des plus concluantes et convaincantes, ne se reverront plus jusqu’à l’enregistrement de Raising Sand. L’album connaîtra un grand succès ponctué, s’il vous plaît, par cinq grammy dont celui d’album de l’année et de meilleur duo country avec Killing The Blues. On se sépare de nouveau, chacun retournant à sa vie et ses occupations.
L’idée d’un nouvel opus n’est plus d’actualité, ce n’est pas demain la veille que l’on réentendra Plant et Krauss, même lors d’un simple concert. Pourtant, car il ne faut jamais dire jamais, Calexico va donner un second souffle à ce projet de duo, plus précisément le morceau Quattro (World Drifts In) qu’Alyson, un beau jour, entend par hasard sur une radio. Et voilà comment nos deux tourtereaux décident de repartir en studio pour donner vie à Raise The Roof.

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, T-Bone Burnett a été reconduit aux manettes ainsi que les musiciens Mark Ribot (guitare), Jay Bellerose (batterie) et Dennis Crouch (contrebasse). Raise The Roof, à l’exception de High And Lonesome composée par Robert Plant, est un disque de reprises, tout comme l’était Raising Sand. Au répertoire de celles-ci, on trouvera bien entendu Calexico (Quattro World Drifts In), Allen Toussaint ou encore Lucinda Williams (Can’t Let Go, You Can’t Rule Me). Comme un hommage à Calexico, Quattro (World Drifts In) ouvre l’album. Dès les premières notes et les premières paroles, l’émotion nous happe sans ne plus nous lâcher, nous prenant littéralement aux tripes et cela du seul fait des voix d’Alison et Robert. C’est si touchant de les entendre chanter en choeur, d’une seule et unique voix! Poignante émotion également ressentie à l’écoute de Go Your Way, sublime ballade folk qui, sans conteste, est l’une des meilleurs compos de Raise The Roof. Une fois de plus à l’unisson, les deux duettistes livrent une vibrante prestation.

Cependant, Raise The Roof n’est pas qu’une histoire de choeurs car Krauss et Plant font, de temps à autres, admirer leurs talents vocaux séparés. C’est ainsi que sur The Price Of Love, Trouble With My Lover et surtout It Don’t Bother Me du folkeux écossais Bert Bansch Alison prend seule le micro, Robert se contentant de reprendre les paroles en arrière-plan, par exemple dans Trouble With My Lover. You Led Me To The Wrong permet à Alison Krauss de mettre en valeur ses talents de violoniste, laissant cette fois-ci le chant au seul Robert Plant.

 

Dans sa conception, Raise The Roof ressemble comme deux gouttes d’eau à Delta Kream des Black Keys en ce sens que de vieux classiques du blues et de la country sont revisités. Lors d’une récente interview, Robert Plant a bien voulu s’expliquer sur cette adaptation au phénomène de la cover réactualisée: “c’est toujours très difficile de reprendre des classiques. Pour moi, c’était un vrai défi et je pense l’avoir relevé.” Effectivement, on peut affirmer que la réussite est actée pour Alison Krauss et Robert Plant qui, sans trahir les originales, se sont appropriées ces compos qui ne sont pourtant pas les leurs à merveille. La guitare est partie prenante dans ce panorama de grands espaces, ce road trip musical à travers l’Amérique profonde. Le blues de High And Lonesome côtoye la country de Going Where The Lonely Go, une cohabitation à laquelle un léger soupçon de pop vient s’ajouter avec Searching For Love ou même Can’t Let Go, voire Somebody Was Watching Over Me.

Ce second opus de Krauss et Plant laisse libre cours aux ballades oniriques qui nous transportent ailleurs, par exemple tout en haut des Appalaches ou dans les plaines désertiques de l’Arizona et du Nevada.
Parmi ces magnifiques ballades, il convient de citer Go Your Way, Going Where The Lonely Go, You Led Me To The Wrong ou encore Quattro (World Drifts In). A l’inverse, les singles Can’t Let Go et High And Lonesome s’avèrent plus cadencés, montrant que Robert et Alison savent aussi nous faire remuer le popotin. Entre blues et country, la folk fait le trait d’union idéal, par exemple sur Go Your Way et Quattro (World Drifts In) créée elle-même par l’un des monstres actuels de la folk en la personne de Calexico. A l’écoute de Raise The Roof, on ne tourne pas en rond, on jongle d’un genre musical à l’autre sans coup férir!

Bien en a visiblement pris à Alison Krauss et Robert Plant de se réunir une fois de plus pour un album entier car Raise The Roof se révèle un LP très abouti, encore plus que Raising Sand. T-Bone Burnett, à la production, s’est une fois encore montré à la hauteur de l’évènement, si précieux et dévoué qu’il fut pour Alison et Robert. N’oublions pas Mark, Dennis et Jay, tous trois ayant abattu un gros travail chacun dans leur domaine respectif de musicien. Avec Raise The Roof de Robert Plant et Alyson Krauss, embarquez-vous dès à présent pour le plus long des road trips et, qui plus est, pour un aller sans retour! Raise The Roof: l’Amérique profonde et ses vastes plaines, tout comme ses chaînes montagneuses, s’ouvrent toutes grandes à vous!
-Jean-Christophe Tannieres

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