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Elbow, Flying Dream 1

Un nouvel album d’Elbow ne laisse jamais indifférent, qu’on aime ou qu’on déteste c’est selon. Flying Dream 1 (il faut s’attendre à avoir un second volet), le neuvième album de ces Britanniques au combien chevronnés, ne fait pas exception à la règle. Il faut dire que Giants Of All Sizes, l’opus précédent, datait de 2019. Flying Dream 1 se révèle plus estampillé musique classique que Giants Of All Sizes et les autres albums, surtout pour avoir été enregistré au Royal Theatre de Brighton après que, chacun de leur côté, les membres du groupe aient effectué un travail solitaire.
Les exigents reprochent à Guy Garvey et ses acolytes un manque de dynamisme et de rythme sur ce nouvel effort, on le concède certes, mais l’émotion à fleur de peau, elle, ne s’est pas évanouie en chemin. Elle est toujours véhiculée par le flegme légendaire de Guy Garvey dont les talents vocaux ne sont plus à démontrer. Flying Dream 1 fait donc la part belle aux ballades, aux compos calmes et sans tumulte. Certitude est apportée dès l’entame de l’album avec le morceau éponyme Flying Dream 1, une lenteur que ne sauraient démentir After The Eclipse, Come On, Blue ou encore les jazzy Is It A Bird et The Seldom Seen Kid. Les Mancuniens essaient de donner un peu de nerf à ce LP sur The Only Road, un brin plus entraînant mais sans qu’il soit nécessaire de déplacer les tables pour danser, percée dans le rythme davantage visible à l’écoute de Six Words. Ce morceau, long de 5 minutes 6, fait penser à Dexter And Sinister sur Giants Of All Sizes par les quelques changements de cadence enregistrés, ce qui s’avérait fréquent sur Dexter And Sinister qui, lui aussi, était loin d’être court.

Parmi les 10 morceaux de cet album, seul Calm And Happy, comme son titre l’indique si bien, encore une ballade) descend en-dessous des 4 minutes, plus exactement 3 minutes 6. Aux antipodes de Calm And Happy Come On, Blue dépasse, tout comme Six Words et What Am I Without You, très allègrement les 5 minutes (Come On, Blue 5 minutes 19 et What Am I Without You 5 minutes 8). Sur Flying Dream 1, les guitares ont peu voix au chapitre, mis à part dans The Only Road et Red Sky Radio (Baby Baby Baby) où elles profitent des largesses qui leur sont accordées. Elles sont aussi tout de même présentes sur Come On, Blue, décidément l’une des pierres angulaires de ce neuvième album d’Elbow. Piano (Is It A Bird, Six Words, Flying Dream 1) et claviers (What Am I Without Yoou) occupent au contraire le gros du pavé. Outre l’orchestration, Elbow c’est aussi et surtout de l’émotion à l’état pur, rien que par le biais de la voix de Guy Garvey. Une émotion palpable à l’oreille sur The Seldom Seen Kid, premier single dévoilé, qui oscille entre musique classique et jazz.

D’accord, c’est indéniable, on est très éloigné de Dexter And Sinister ou de White Noise White Heat (autre morceau extrait de Giants Of All
Sizes) mais la patte et le style Elbow impulsés par Guy Garvey demeurent indélébiles quoi qu’on en dise. Difficile de parler d’échec pour Flying Dream 1, cet album est juste différent des autres, disons-le tout de go moins accrocheur. Pourtant, on ne saurait le déprécier car les 10 compos présentent une réelle subtilité et détendent autant qu’elles réconfortent. Le prochain opus d’Elbow (Flying Dream 2 ou un autre titre nous verrons) sera celui de la décima, eh oui le dixième déjà! Que nous réserveront-ils? On le saura en temps voulu, peut-être reviendront-ils à des compos plus engagées pour les amateurs de musique musclée. Il n’en demeure pas moins que Flying Dream 1, parmi ses points positifs, est taillé sur mesure pour une sieste d’envergure. Soyons donc beaux joueurs et sachons nous contenter de ce que la bande à Guy Garvey nous a offert par ce neuvième album: gros boulot d’enregistrement, magnifiques ballades, que demander de plus?

Avec Flying Dream 1, les britanniques d’Elbow signent une performance à la fois émotive et sensuelle, une percée dans les grands sentiments si bien traduits par la somptueuse et chaleureuse voix de Guy Garvey. Flying Dream 1 d’Elbow: un labyrinthe émotionnel dont on ne ressort pas indemne!
-Jean-Christophe Tannieres

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