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The Black Keys, Delta Kream

Deux ans après un album Let’s Rock très remarqué et adoubé par la critique, les Black Keys nous reviennent avec un dixième album baptisé Delta Kream. Ce nouvel effort du duo américain Dan Auerbach/Patrick Carney marque un véritable retour aux sources, aux accents cent pour cent blues.

Delta Kream n’est pas un album de compos originales mais plutôt de reprises de grands standards du blues popularisés, en leurs temps, par des pionniers du genre tels que John Lee Hooker à qui est emprunté Crawling Kingsnake, Robert Lee Burnside auteur par exemple de Going Down South ou encore David Kimbrough Jr à qui l’on doit, entre autres, Do The Romp et Stay All Night.

Patrick et Dan ne sont pas seuls à jouer, ils ont reçu le renfort du guitariste Kenny Brown ainsi que du bassiste Eric Deaton qui, tous deux, ont eu l’insigne honneur d’évoluer aux côtés de David Kimbrough Jr et de Robert Lee Burnside.

Cet album des Black Keys n’offre que peu de morceaux musclés, à l’exception de Poor Boy A Long Way From Home (Robert Lee Burnside), Coal Black Mattie (Ranie Burnette) et Sad Days, Lonely Nights (David Kimbrough Jr) qui débute pourtant très lentement, un peu comme si les musiciens cherchaient à accorder leurs instruments, telles de véritables conditions de direct.

D’ailleurs, il ne manque qu’un public pour applaudir entre chaque morceau tant l’impression d’assister à un concert de blues est criante et, s’il vous plaît, du bon blues à l’ancienne qui fut celui de John Lee Hooker et de Robert Lee Burnside pour ne citer qu’eux.

Qui dit blues pure race dit spleen, complaintes longues et interminables. C’est déjà le cas avec Crawling Kingsnake dans sa version album qui en fait, des 11 morceaux, le plus long d’une durée totale de 6 minutes 8 secondes. (On compte 12 morceaux si l’on considère Crawling Kingsnake dans sa version plus courte, laquelle figure également sur l’album).

Les amateurs de bon blues ne sauraient cependant se plaindre de ces compos où les guitares pleurent à l’infini avec, en toile de fond, la voix langoureuse de maître Dan qui, tel le caméléon, peut aussi bien endosser le costume de bluesman que celui de rockeur.

Les autres morceaux fleuves atteignent tout de même les 5 minutes: Do The Romp 5 minutes et une seconde, Walk With Me (David Kimbrough Jr) 5 minutes 36 ou encore Come On And Go With Me (David Kimbrough Jr) de 5 minutes 55.

Un album pur blues dont sont extraits trois singles: le tubesque Crawling Kingsnake qu’on ne se lasse pas d’écouter et qui, paradoxalement, donne la pêche, Poor Boy A Long Way From Home (le petit dernier) très entraînant pour un morceau blues ainsi que l’excellent Going Down South sur lequel Dan Auerbach prend sa voix la plus aiguë qui soit.

Les Black Keys, bluesmen de la décennie 2000, n’ont rien à envier à Robert Lee Burnside ou à David Kimbrough Jr, tant les reprises de ces vieux morceaux sentent à plein nez l’Amérique profonde, de Nashville à La Nouvelle Orléans en passant par Memphis.

Qu’il est bon parfois de s’éloigner du rock et des grosses guitares pour détendre nos petites cages à miel au son d’autres guitares, plus douces celles-là.

Delta Kream, bien qu’il ne soit qu’un album de reprises, n’a pas volé la place qui lui revient de droit comme LP blues de référence. Les heures de travail sont là, incontestablement, tout n’est pas tombé tout cru dans le bec de Patrick et de Dan. Il a bien fallu cravacher pour arriver à un tel résultat.

Delta Kream des Black Keys, l’album qui fera aimer le blues à ceux qui le dédaignaient!
-Jean-Christophe Tannieres

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