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Interview – Belkacem Bahlouli

On ne compte plus le nombre de livres consacrés à Led Zep. Des bios à l’analyse universitaire, le groupe a été l’objet d’un nombre considérable d’ouvrages. Ce petit nouveau va venir enrichir la collection des fans du combo et sera en outre un cadeau de Noël idéal. Belkacem Bahlouli ( par ailleurs rédacteur en chef de Rolling Stone) a eu la riche idée de chroniquer absolument tout ce que le groupe et les membres du groupe ont produit au cours de leur longue carrière. Le livre couvre ainsi tant la période Yardbirds de Page que les derniers travaux de Plant, en passant bien sûr par la discographie complète du dirigeable.

Le livre est une grande réussite. On y sent le travail du fan pour les fans mais pas que. La grande qualité de l’ensemble est d’avoir su faire œuvre de pédagogie et on imagine aisèment que grâce à sa lecture nombre de nouveaux adeptes vont se convertir au culte du Zep. Et si l’auteur est incontestablement fan, il sait être juste. Lorsque les disques sont très bons, il le dit mais lorsqu’ils s’avèrent faiblards ( ceux qui se souviennent de The Firm verront de quoi l’on parle), il le dit également. 

 

Pierre-Arnaud Jonard « Comment t’es venue l’idée d’écrire ce livre sur Led Zep ? »

« Je suis fan. Ce groupe a écrit la grammaire du rock. J’en ai parlé à l’éditeur qui avait publié mon livre sur Springsteen. Cela s’est fait comme ça. »

« Quel était l’angle que tu as choisi pour l’écrire ? »

« Il y a eu des bios, des études musicologiques,et même des thèses écrites sur Led Zep. Je voulais amener une vision synthétique et montrer la perspective historique. Led Zep a apporté un nouvel élan au rock. Ils avaient une virtuosité que ne possèdaient pas les autres groupes. Il faut bien voir que Led Zep est l’un des groupes les plus piratés au monde. »

« D’ailleurs tu n’inclues pas les bootlegs dans la disco. C’était un choix personnel ? »

« Je n’en parle pas parce qu’ils ne sont pas faciles à trouver. Et aussi parce que la qualité du son est souvent mauvaise. Je ne les conseille pas. Surtout que les live officiels même s’il y en a peu sont excellents. »

« Dans le livre tu parles bien sûr de la discographie complète de Led Zep mais également de tout ce que Page, Plant et Jones en solo ont produit. C’était important ? »

« Très. On comprend ainsi d’où ils viennent. Plant a eu la plus grosse carrière solo des trois et continue de faire des concerts composés d’ au moins un tiers de morceaux du Zep. On comprend aussi pourquoi Page a pris Paul Rodgers dans The Firm, avec l’idée que Paul serait le remplaçant idéal de Plant. »

« Lorsque les disques sont bons tu le dis mais lorsqu’ils sont mauvais tu le dis également. »

« C’est normal. Il y a un disque sur lequel je suis ambivalent. C’est le Lord Sutch. Car ce disque est une escroquerie mais il est dans le même temps génial. Dans les premiers Plant en solo, il y a trop de synthés et j’ai horreur des synthés. »

« Il y a de nombreuses citations de Page, Plant. Tu les as rencontrés ? »

« Non. C’est le drame de ma vie. Ce sont des citations tirées d’interviews. Certaines faites à Rolling Stone même s’il y a eu pendant longtemps une guerre entre le groupe et le magazine. A leurs débuts, Led Zep s’est fait exploser par la presse. Lester Bangs les a étrillé avec une méchanceté rare. Que le groupe se soit fait démonter comme cela par la presse américaine, avec le recul c’est incompréhensible. Page a gardé la dent dure contre les médias de ce fait. »

« Le livre est écrit pour les fans mais également pour les néophytes. »

« C’est volontaire. Je veux écrire pour tout le monde, pas que pour le public averti. »

« Chez les fans du Zep chacun a son disque préféré. Toi ça semble être « Physical Graffiti ».

« Kashmir » est l’un des plus grands morceaux de l’histoire du rock. Lorsque tu lis les textes de Led Zep ce n’est pas de la grande philosophie, c’est un peu Doors, un peu post-ado. Celui de « Kashmir » est au contraire très bon. Sur cet album il n’y a pas la moindre erreur et aucun titre n’a vieilli. »

« Led Zep a toujours été un groupe qui a ses fans et ses détracteurs. »

« Oui c’est un groupe clivant. J’ai mis dans le livre la chronique de Lester Bangs qui démonte Led Zep III. Les gens qui ont vu le Zep live en France ont le souvenir d’un truc mystique. »

« Qu’est-ce qui a été le plus long dans l’écriture du livre ? »

« De rassembler la doc. Tout réecouter a été un plaisir. Le live sorti en 2007 je l’ai écouté quatre fois par jour pendant quinze jours. Avec ce livre j’ai voulu partager ma passion. »

-Propos recueillis par Pierre-Arnaud Jonard 

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