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NOTHING BUT THIEVES, Moral Panic

Le quintet britannique Nothing But Thieves est de retour, deux ans après leur très remarqué EP What did you think when you made me this way? Qui succédait lui-même à l’album Broken machine paru en 2017.
Le combo originaire du Sussex emmené par son chanteur/guitariste Conor Mason sort cette fois-ci un LP de onze morceaux baptisé Moral panic.


Force est de constater, à l’écoute de ce nouvel opus des britanniques, que la magie qui opérait sur Broken machine et What did you think when you made me this way? s’est estompée. Plus terrible encore, la bande à Conor Mason s’est permis de plagier The Killers et même Muse dans sa phase la plus négative. Où sont donc passés les Nothing de Forever & ever more, Take this lonely heart (What did you think when you made me this way ?) ou encore de Sorry et Amsterdam sur Broken Machine ? On peut légitimement se le demander.
Moral panic nous offre très peu d’occasions de nous réjouir, aucune compo destinée à marquer la musique de son empreinte.
Is everybody going crazy et ses influences agaçantes estampillées Muse nous causait déjà de la crainte mais on espérait toujours un sursaut d’orgueil du quintet. Conor et sa clique ont effectivement rebondi avec Real love song, morceau intense où les guitares grondent et pleurent parfois mais sans redondance. Real love song mérite d’avoir été dévoilée en single, taillée à souhait pour les radios : compo dynamique, entêtante et qui compte sur ce nouvel album.
Unperson est à oublier bien vite, passé d’ailleurs sous silence et éclipsé, fort heureusement, par la formidable ballade Impossible.
Unperson est lugubre, truffé de claviers oppressants et d’effets de voix superflus. Ajouter à cela un rythme qu’on a du mal à suivre, trop trépidant pour le coup.
Sur Phobia, le chant de Conor Mason déçoit, les paroles étant à peine marmonnées dans sa barbe. Là encore, on est proche de Matthew Bellamy et même de Marilyn Manson. Le morceau connaît pourtant (ça valait le coup de patienter) un brusque changement de cadence avec, à la clé, de bons riffs de guitare et une voix de Conor qui retrouve quelque peu son lustre. Il est cependant à déplorer que cette accélération survienne trop tardivement, juste en fin de morceau.
This feel like the end apporte une légère embellie et rassurera les nostalgiques des premières compos de Nothing but thieves. This feel like the end se révèle être bien dans le style du quintet britannique, tout à fait rock et péchu comme il faut.
Moral panic, qui donne son titre à cet album, n’est pas mauvais mais fait plutôt penser à un standard des Killers car Conor Mason imite presque Brandon Flowers. Quand on aime les Killers on ne sera pas dépaysé, c’est le seul point attrayant de ce morceau Moral panic, désespérant d’ennui pour le reste.
Free if we want it est sympa et s’écoute, compo lente sans réel dynamisme mais on ne va pas faire la fine bouche, d’autant plus que There was sun nous fait replonger dans la déception : un morceau fade, sans relief et avec de nouveaux effets de voix morbides. Le chant de Conor est encore inarticulé, masqué de plus comme s’il vocalisait dans un caisson à oxygène.
Les grandes satisfactions arrivent, les deux ballades Before we drift away mais aussi et surtout Impossible, dernier single en date. Avec Real love song, Impossible est de loin la meilleure compo de ce LP des Nothing. Pas de gros son rock, absence magistralement compensée par un Conor Mason chantant à la perfection et accompagné de vibrants chœurs qui répondent, en échos, aux multiples « impossible » égrennés par leur chef de fil. Impossible ne sera pas le morceau de l’année mais il fait partie de ceux que l’on aimera toujours écouter, sauvant un brin l’honneur de cet opus monotone.

Les débuts en fanfare de Nothing but thieves sont désormais bien loin et l’on est en droit d’attendre mieux d’une formation rock de ce standing. Impossible et Real love song ne peuvent décemment nous détourner de ce constat d’échec qu’est Moral panic. Deux excellentes compos ne font pas un bon album, tout juste ont-elles contribué à redorer timidement le blason du quintet britannique. A charge donc pour Nothing but thieves de se régénérer, si possible se renouveler et de nous revenir avec un prochain album bien plus flamboyant que ce Moral panic. Amis du Sussex, la balle est dans votre camp !

Moral Panic de Nothing But Thieves : l’album des espoirs déçus et du désenchantement.

  • Jean-Christophe Tannieres

Artiste : Nothing but Thieves

Album : Moral panic

Label/distribution : Sony Music Entertainment

date de sortie : 23 octobre 2020

Genre : alternative rock

Catégorie : Album rock

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