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Fleet foxes, Shore

Ce qui caractérise le mieux Fleet foxes c’est la discrétion. Personne n’avait en effet vu venir le nouvel album de la formation de Seattle qui fait suite notamment à Helplessness blues (2011) ou encore Crack-up (2017).
Pas de gros tapages dans les médias six mois avant mais juste une simple affiche placardée sur un mur du onzième arrondissement de Paris avec l’annonce, tenant en quelques mots, de la sortie de l’album.
Celui-ci se nomme Shore et a été accompagné d’un road movie de 55 minutes réalisé par Kersti Jan Werdal  mettant en valeur les paysages du Nord-Ouest Pacifique.
L’enregistrement s’est effectué entre les Etats-Unis et la France durant deux ans, de septembre 2018 à septembre 2020 avec l’aide de l’ingénieur du son Beatriz Artola.
En élaborant ce nouvel opus, le chanteur Robin Pecknold confie avoir été inspiré par des personnages tels que Nina Simone, Arthur Russell ou même Emahoy Tsegué-Maryam Guebrou qu’il considère, selon ses dires, comme ses héros. Pecknold dit encore à propos de Shore :
« je vois le rivage Shore comme un lieu de sécurité au bord de quelque chose d’incertain en regardant les vagues de Whitman réciter la mort.»
Le leitmotiv de cet album est que tout en étant attiré par l’inconnu, on ne peut pour autant se résoudre à s’éloigner de sa zone de confort.
Robin renchérit :
« c’est l’état d’esprit que j’ai trouvé, le carburant que j’ai trouvé pour faire cet album. »

Quinze morceaux constituent Shore, étant pour la plupart une invitation au voyage sur les côtes du Nord-Ouest Pacifique. A l’instar d’Allah las, les renards de Seattle aiment à faire partager ces ambiances californiennes qui font le sel de leur musique. De l’océan aux oiseaux, tout le panorama côtier est représenté.
Shore n’est pas un disque très musclé et se situe même aux antipodes
du rock ravageur.   Les ballades agrémentées de chœurs, de voix
doublées et de cuivres en composent l’essentiel. C’est d’ailleurs l’une d’elles, Wading in waist-high water, qui ouvre le LP, le dynamique Sunblind s’enchaînant formidablement avec ce court morceau d’introduction.
Les compos planantes reprennent aussitôt leurs droits puisque Shore, on l’a dit, leur fait la part belle. Can I believe you, somptueux et magique pour l’oreille, se profile tout à coup. La voix de Robin Pecknold, sur des airs de Marillion, résonne magnifiquement en écho aux chœurs et guitares. A long way past the past se révèle du même acabit  , diablement efficace et remarquablement structurée.
Les ballades oniriques se suivent presque autant qu’elles se ressemblent : For a week or two tout en superbes chœurs, les très folks I’m not my season et Featherweight ou encore  les compos pour cuivres Going to the sun road et Thymia, voire même Cradling mother, cradling woman  qui est la ballade la plus rythmée.
Changement total de registre avec le trépidant Young man’s game proche d’un style rock quand Maestranza, dont le début est marqué par des
sifflements d’oiseaux, tend   vers le disco.
Jara, tout comme Quiet air / gioia, sont difficiles à qualifier pour se situer entre ballades et morceaux cadencé.
Cet album ne pouvait pas s’achever autrement qu’en douceur et légèreté. Cet insigne honneur de conclure revient au titre éponyme Shore , fantastique compo qui débute par un duo piano/voix que viennent renforcer quelques percussions et cuivres.

Shore ne nous fera pas nous taper la tête contre les murs et ne sera pas l’album de l’année mais, à dire vrai, s’avère loin d’être mauvais.
Certains morceaux ne revêtent aucune émotion particulière alors que d’autres tels For a week or two, Can I believe you ou encore I’m not my season nous transportent littéralement. Fleet foxes, combo de
Seattle,   dépeint pourtant à merveille les couleurs locales
californiennes.
Shore de Fleet foxes : l’album de l’aventure et du dépaysement assuré !
-Jean-Christophe Tannieres

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