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THE LEMON TWIGS, Songs for the general public

Ils n’y ont pas coupé. Initialement pressenti pour le 1er mai, les frangins Brian et Michael D ‘Addario ont été contraints de reporter leur troisième effort, Songs for the general public, au 21 août de cette annus horribilis qu’est 2020. Pas dit que 2021 soit un meilleur cru… Ce disque fort de 12 chansons, enregistrées sur les 2 côtes étatsuniennes, tant au Sonora Studios de Los Angeles qu’au mythique Electric Lady new-yorkais, est un véritable plongeon en territoire suranné, tapissé de glamrock et de pop acidulée. Un opus au titre ironique, comme un clin d’œil au Music for the masses de Depeche Mode.

Démarrant sur les chapeaux de roues, Hell on wheels (jeu de mot approximatif avec Helloween ?) est l’amorce d’une immersion sans retenue dans un espace-temps vieux de plus de 50 ans. Passés maîtres ès glam, notamment depuis Go to school (2018), la fratrie de Long Island a assimilé absolument tous les codes du genre. Au-delà des paillettes, du maquillage, des postures et tenues ad hoc sur scène (live report du concert à la Laiterie en 2019) et allures désormais assumées dans les visuels de ce nouvel album (tant sur la pochette que pour le premier clip délivré dès le 2 mars, The One, laissant apparaître un Michael peroxydé, maquillé comme une voiture volée et torse nu malgré l’hiver… son frère n’étant pas en reste !) c’est bien du côté de la musique à proprement parler que la formation excelle : les mélodies aguicheuses, les chœurs omniprésents, les cordes implacables sur les refrains, … et puis beaucoup d’excentricités bien sûr garanties par des basses véloces et autres guitares et machines que ces multi-instrumentistes ont poussé bien loin. Capables de charrier une sensibilité à fleur de peau (le final Ashamed ou l’enfantine et délicate Why do lovers own each other ?), la formation semble prendre plaisir à casser le jouet avec une tracklist clivante (la berceuse précédemment citée est rapidement oubliée avec l’extrait suivant, Leather together, servant dans un rock’n’roll enlevé et à l’enregistrement old school) et des claviers aux sonorités grandiloquentes No hold holds you (closer than theone you haven’t met) ou de guitares suraiguës (Fight) qui tendent à rivaliser avec ces voix de « faussets ». On nage alors en pleine hystérie jubilatoire et la justesse flirte avec la surface de l’eau. De même, les guitares sont bien présentes, avec une palette de couleurs et d’effets impressionnante; côté soli, Brian badine souvent avec la beauté mélodique de l’instant. 

The Lemon Twigs, The one)

Songs for the general public transpire la désuétude volontaire, la datation même d’un disque ancré dans une période (Somebody loving you, Leather together), le kitsch arboré lors des passages télé des 70-80’s… A la première écoute de Hog, on imagine sans difficulté la prestation de The Lemon Twigs sur un plateau en papier-carton, scintillants à grand renfort de projecteurs… Ne manque plus que la neige artificielle pour parfaire le tableau. 

Si ces jeunes gens citent dans les interviews l’influence pesante des Beach Boys sur cet album, d’autres masses de granite sont au rendez-vous. Ce sont Todd Rundgren, Supertramp (notamment pour Somebody loving you, No hold holds you (closer than theone you haven’t met)), voire sire Elton John qui nous viennent à l’esprit. Alice Cooper n’est pas très loin non plus avec le titre Moon. Le glam et sa pop inhérente, facile d’accroche, sont portés au nu, comme un Marc Bolan aujourd’hui totalement réhabilité, quasi-totemisé (voir la dernière couverture de Rock&Folk). A cela, adjoignons aussi d’autres figures tutélaires: Simon and Garfunkel sommeillent aussi dans ces harmonies ciselées (notamment de la semi-folkeuse Ashamed, ou encore Live in favor of tomorrow), tout comme les Bee Gees, autre fratrie au génie et à l’élégance vocale (sur la groovy Only a fool)

En trois albums, The Lemon Twigs a su ériger sa modeste statue et attrouper un public autour d’elle. Peint de couleurs d’antan, extravagantes que le binôme fraternel a réussi à dépoussiérer, à mêler à celles du folk, du rock’n’roll, Songs for the general public est un album dans lequel les sonorités sont sucrées, délicates, mais également parfois irritantes, grandiloquentes. Ces deux-là sont à contre-courant à dessein et c’est ce qui plait, c’est ce qui agace. Le grand public passera son chemin, le temps leur donnera raison.

https://www.youtube.com/watch?v=P3VHXCtrzQE&feature=emb_logo
(The Lemon Twigs, Hell on wheels – Late night with Seth Meyers)

Artiste : THE LEMON TWIGS
Album : Songs for the general public
Label/distribution : 4 AD
Date de sortie : 21/08/2020
Genre : glamrock / pop
Catégorie : Album rock

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