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INTERVIEW – CLUTCH

Quelques heures avant le début de cette belle soirée à la Laiterie (Clutch enfin de retour à Strasbourg après 19 ans d’attente, accompagné des suédois de Graveyard et de Kamchatka – porte-folio ci-joint), Neil Fallon nous reçoit en loge. Détendu et souriant, le frontman revient sur le dernier opuscule du groupe ainsi que sa présence grandissante mais encore trop comptée en Europe et notamment en France, pays dans lequel le groupe a gagné un statut culte.

 

Sensation Rock – Comment ça va ?

Neil FALLON – Ça va, je vais bien mais cette on enchaîne six dates, ça se ressent tout de même physiquement.

 

Sensation Rock – Comment se déroule la tournée européenne avec Kamchatka et Graveyard ?

Neil FALLON – c’est cool, on a déjà tourné avec précédemment. C’est un réel plaisir aussi de profiter de leur musique sur scène quand on a le temps de les voir. C’est des mecs géniaux et sympathiques ; bref c’est un agréable moment.

 

Sensation Rock – As-tu eu le temps de visiter Strasbourg ?

Neil FALLON – Non, je sais que c’est une ville chargée d’histoire. Mais aujourd’hui, j’avais une vraie excuse, j’étais exceptionnellement paresseux. (rires)

 

Sensation Rock – C’est votre second concert ici. Te souviens-tu du premier ? 

Neil FALLON – …

 

Sensation Rock – C’était en 1998 pour le Festival des Artefacts, aux côtés de Cradle Of Filth, Bad Religion, Fun Lovin’ Criminals, Jesus Lizard, Napalm Death, etc. C’était sur les berges du Rhin, à la frontière avec l’Allemagne.

Neil FALLON – J’essaie de me souvenir où j’étais en 1998 … Je me suis baladé dans le centre-ville durant le day off. J’aimerais tant avoir un autre jour de repos, mais c’est la vie…

 

Sensation Rock – Clutch est plutôt rare en France. Pour preuve, cette année vous ne faites que trois dates dans l’Hexagone : le Hellfest en juin dernier, La Laiterie ce soir et demain Lyon (Le Transbordeur de Villeurbanne pour être précis, NDLR). Pourtant, vos shows sont largement appréciés, vous jouissez même d’une base solide de fans en France mais aussi en Europe ; Pour preuve le concert de ce soir affiche complet depuis des semaines.

Neil FALLON – Vraiment ?! Je le ne savais pas.

Sensation Rock – Donc, pourquoi êtes-vous si rares en France, voire en Europe?

Neil FALLON – Pendant de nombreuses années, les seules dates que nous faisions en Europe étaient bookées en direction du Royaume-Uni (181 à l’heure actuelle contre 28 en France à titre de comparaison, NDLR).  Nous n’avions pas de disque qui avait cartonné ici. C’est seulement avec internet, avec Youtube que nous avons gagné en notoriété. Avec Spotify aussi ou des gens qui partageaient la musique via Napster également. C’est avec tout cela que nous avons décollé en Europe. A partir de là, nous avons décidé de venir, notamment en France de façon plus régulière. D’ailleurs, sur Spotify, tu peux savoir qui t’écoute le plus dans le monde. L’an passé nous avons découvert que c’était en France, avec 37% de notre audience. Je ne sais pas pourquoi la France mais cela nous rend contents et donc nous essayons de revenir plus souvent.

 

Sensation Rock – Vous avez sorti votre 12e album l’an passé, Book of bad decisions. Quels sont les retours des fans rencontrés ?

Neil FALLON – Les gens semblent l’apprécier beaucoup. Notamment la ligne artistique choisie par le groupe. Franchement, je ne crois pas avoir entendu de mauvaises choses. Ce que l’on a fait, on le souhaitait vraiment quoi qu’on en dise, comme tout artiste devrait faire d’ailleurs. Ouais, de bonnes critiques, particulièrement en Europe. Encore une fois, pour une raison que je ne saurais expliquer.

 

Sensation Rock – J’ai cru comprendre que certaines chansons sont largement autobiographiques, à l’instar de la première, Gimme the keys. Peux-tu préciser ?

Neil FALLON – On va faire d’une longue histoire quelque chose de court. C’était notre première tournée. On a joué dans un club punk rock réputé du Kansas, au cœur des champs de blé. On était le dernier groupe à jouer, devant un public quasi vide. Un autre groupe a volé un micro et l’on a été accusé à leur place. La seconde d’après, on nous pointait des fusils. Après ça ,j’avais jugé de ne plus retourner au Kansas mais on y a rejoué finalement… Avec le recul, je me dis que c’est une bonne expérience pour écrire des chansons. Bon j’ai pris aussi quelques libertés pour écrire cette chanson…

 

Sensation Rock – Et à propos de In walks Barbarella, as-tu rencontré cette « Barbarella » de la chanson?

Neil FALLON – Non ! J’aurais aimé (rires). Seulement en rêve…

 

Sensation Rock – Pour ce disque, vous avez collaboré avec Vance Powell (reconnu pour avoir aussi oeuvré par le passé avec les White Stripes, Wolfmother, Seasick Steve et bien d’autres, NDLR). Comment s’est déroulé le processus de travail avec lui ?

Neil FALLON – Vance est venu en tournée avec nous quelques jours pour nous écouter car nous nous connaissions pas auparavant. Son truc c’est le son live. Quand nous sommes allés en studio ce fut vraiment facile: il savait précisément quel micro placé au meilleur endroit et disait “envoyez la musique” et c’était bon. Ce fut très simple avec lui : en 3 semaines, on a enregistré 15 chansons, ce qui a paru très rapide pour nous. Ce fut une expérience majeure, rafraichissante car s’enfermer en studio peut être un moment délicat pour un groupe.

 

Sensation Rock – Quelles formations ou artistes vous ont inspirés durant l’enregistrement ?

Neil FALLON – Hum… On a écouté beaucoup de styles différents durant la période. Pour Vance et Jean-Paul (Gaster), notre batteur, ce furent des musiques traditionnelles, typiquement américaines, comme la country, mais avec des sons de dingues. Ça a peut être inspiré le jeu de Jean-Paul sur l’album et nous autres par la même occasion.

 

Sensation Rock – A good fire semble totalement en prise avec l’esprit et le son de Black Sabbath: l’effet et le jeu de basse renvoient indubitablement à NIB.

Neil FALLON – Bien sûr. L’histoire de cette chanson est intéressante. Jean-Paul était sur une mandoline et tenait un petit riff. On l’a transposé sur la guitare et sur la basse (il entonne la mélodie) et on a vu de suite que ça sonnait comme du Sabbath. Ça m’a rappelé la première fois où j’ai entendu le groupe. C’était vers mes 14-15 ans, lors d’une fête dans une forêt auprès d’un feu je me suis dit : mais qu’est-ce que c’est que ce truc énorme ?! C’était effrayant, ça m’a happé tout de suite.

 

Sensation Rock – Le dernier titre de l’album se nomme Lorelei, comme le personnage mythique et romantique surplombant le Rhin, le fleuve qui traverse Strasbourg.

Neil FALLON – Le même?! C’est cool.

 

Sensation Rock – Quel est le message véhiculé par ce morceau?  Doit-on tout laisser tomber, succomber à l’ivresse, à l’errance ?

Neil FALLON – Personnellement, c’est une chanson importante pour Clutch. C’est comme un trait d’union entre la réalité et le rêve, comme quand tu te réveilles ou quand tu t’endors, tu n’es plus vraiment éveillé. C’est un personnage riche d’histoires. Je peux parler de la Lorelei à un gars du Kansas, qui me dira “qui ça ?” (Sourire) Mais pour beaucoup, l’évocation de ce nom amène tout de suite des images, l’idée du voyage, de la sirène sur son rocher, … ça m’a beaucoup intéressé. J’y reviendrai certainement car ces histoires et légendes maritimes me questionnent.

 

Sensation Rock – Finalement, est-ce une bonne ou la dernière des mauvaises décisions d’écouter la Lorelei ?

Neil FALLON – (Gros rires) Hum, c’est une bonne question. Dans un sens, elle représente la mort de ceux qui s’écrasent sur les rochers, mais peut être pouvaient-ils l’éviter ? Mais c’est aussi le fait de s’abandonner éperdument au son d’une voix, un échappatoire par rapport à d’autres attentes, … Je n’ai pas de réponse, peut être mieux vaut fuir ce chemin, mais à chacun son interprétation. C’est la tentation qui me paraît intéressante.

 

Sensation Rock – L’an prochain, Clutch soufflera ses 30 bougies. Avez-vous déjà prévu des choses pour fêter l’événement ?

Neil FALLON – Précisément dans deux ans, en 2021. C’est difficile de dire quoi précisément. Probablement un 13ealbum, le meilleur que l’on puisse faire.

 

Sensation Rock – On te laisse le mot de la fin.

Neil FALLON – A l’attention de nos fans français, nous essaierons de revenir le plus rapidement possible !

Merci à Neil Fallon pour son temps, mais aussi à Oscar Hernandez et à Him Media !

-Propos recueillis et retranscrits par Benoît GILBERT

Crédit photos : Benoît GILBERT

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