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TAMINO + ELIA, le jeudi 18 avril 2019, La Vapeur, Dijon (21)

Vapeur – Tamino

Ce jeudi soir, alors que les beaux jours pointent discrètement le bout de leur nez, l’heure était à la pop tantôt ensoleillée, tantôt brumeuse à La Vapeur. Une pop minimaliste et épurée véhiculée par Elia puis Tamino à l’occasion d’une soirée invitant délicatement à un voyage musical des plus remarquables.  

 

Il est 20h30 quand la jeune Elia entre sur la grande scène de La Vapeur. Simplement accompagnée d’un ordinateur et d’un clavier, la musicienne développe une musique douce et enveloppante, à mi-chemin entre la pop et le R’n’B. Mais, au-delà d’une instrumentation aux sonorités presque asiatiques, Elia c’est surtout une voix. Et quelle voix. Du genre qui vous ensorcelle pour ne plus jamais vous lâcher. À l’image du titre Saphir, chanté en clin d’œil à Tamino. En l’espace d’une trentaine de minutes, en s’appuyant sur une délicatesse sans faille, la jeune femme aura su conquérir le cœur du public dijonnais. Une sublime porte d’entrée pour accéder à l’univers tout aussi singulier de Tamino.

 

Une vingtaine de minutes après la prestation d’Elia, le très attendu Tamino prend place devant une foule impatiente. L’artiste belgo-égyptien, Tamino-Amir Moharam Fouad de son vrai nom, démarre seul avec le bouleversant et très épuré Persephone. L’auditoire frissonne et prend rapidement conscience qu’il a en face de lui un musicien qui, du haut de ses 22 ans, fait montre d’une maturité décontenançante. Les minutes s’égrainent et les influences orientales du jeune homme prennent place dans les compositions. Son magnétisme scénique également. Avec le soutien indéfectible et primordial d’un batteur et d’un claviériste, le jeune homme développe une musique sombre qui se pare parfois de quelques éléments lumineux, notamment sur les refrains. Des morceaux tels que Cigar, Tummy ou encore Indigo Night emportent les spectateurs dans un torrent folk-rock assez unique.

Si l’impact musical et stylistique de Jeff Buckley paraît évident sous bien des aspects, on reconnaîtra bien volontiers des motifs vocaux rappelant Ben Howard ou encore Maarten Devoldere de Balthazar et Warhaus. L’apparente mélancolie de la musique laisse entrevoir des côtés slowcore/sadcore que n’aurait pas renié un groupe comme Cigarettes After Sex. On pense également aux Red House Painters emmenés par Mark Kozelek ou même à Jeff Martin d’Idaho. À l’instar d’Elia, qui l’a précédé, Tamino tire toute sa puissance d’une voix exceptionnelle tant du point de vue des graves que des aiguës. Une particularité qui transporte l’auditeur dans des contrées émotionnelles renversantes. Et ce n’est pas l’émouvant final Habibi, joué avant l’étonnante reprise de Mac Demarco My Kind of Woman en rappel, qui viendra contredire ce constat. On ressort de ce concert profondément marqué par la prestation authentique d’un jeune homme talentueux et sincère. Un moment rare et précieux.

Le temps d’un instant, Elia et Tamino auront su, chacun à leur manière, nous capturer dans leur monde. Un monde doux et coloré pour la première. Un monde sombre et quelque peu torturé pour le second. Le genre de soirée musicalement nécessaire qui devrait laisser des traces pour longtemps.

-Texte Hugo COUILLARD

-Photos: Mélanie JANIN

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