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SOPHIE HUNGER, Molecules

La chanteuse et compositrice Sophie Hunger déploie une nouvelle fois sa singularité sur son septième album Molecules, délicieusement aérien. Inclassable, elle aime se renouveler sur chaque disque en explorant différents styles musicaux, de la folk au pop-rock en passant par le jazz. En dehors de ses propres compositions, et d’une remarquable reprise du titre de Noir Désir Le vent nous portera, on avait aussi apprécié sa voix sur deux titres de l’album d’Erik Truffaz In Between. Elle nous surprend cette fois en s’aventurant dans un univers électro qui lui était jusqu’alors étranger.

 

Contrairement à ses précédents albums, sur lesquels elle s’entourait de musiciens, c’est seule qu’elle a composé et enregistré celui-ci, à Berlin. Sa remarquable voix, légèrement voilée et toujours d’une justesse parfaite, évoque tour à tour la grâce d’Agnès Obel et la modernité de Feist. Elle gagne ici en délicatesse par une approche moins démonstrative et plus intériorisée qu’auparavant. C’est peut-être l’avantage d’être seule en studio, ou simplement une évolution vers plus de sobriété. Les nombreux effets qu’elle ajoute à la voix, toujours à bon escient, viennent souligner toutes les nuances de son chant. La suissesse polyglotte a écrit cette fois tous ses textes en anglais, à l’exception de quelques phrases en français sur Coucou, qui est d’ailleurs sans aucun doute la chanson la moins réussie parmi ces onze titres.

 

Aucun morceau de l’album ne se ressemble à un autre. Les compositions, très riches et construites avec une véritable progression, ne laissent aucune place à l’ennui ou à la lassitude. Le titre Silver Lane par exemple débute en folk guitare-voix et s’achève sur un ton plus pop.

L’intrigant Let It Come Down évolue dans des sons féériques, entre carillons et notes tournoyantes, très sobrement ponctué de pulsations rythmiques sèches et discrètes.

Sur I Opened a bar, le rythme aux notes multiples donne l’impression d’être joué sur les ustensiles dépareillés d’un comptoir de bistrot par un batteur lunatique. Tricks, avec ses sons de synthé vintage, renouvelle avec élégance et subtilité l’ambiance des tubes pop des années 80.

L’utilisation de sonorités cristallines en contraste sur des sons plus lourds et amples rappelle aussi, en lointain écho, l’univers solitaire et froid d’une Björk au sommet de son art sur l’album Vespertine. Mais tout comme Björk, Sophie Hunger n’imite personne et trace bien son propre sillon, avec le talent et l’assurance d’une femme qui sait ce qu’elle veut et qui sait déployer l’énergie nécessaire pour l’atteindre. En s’éloignant tout à fait de ses repères musicaux habituel, en se dépouillant de presque tout, elle touche peut-être aujourd’hui à l’essentiel de sa sensibilité et nous touche aussi par la même occasion.

 

– Juliette CHALARD-DESCHAMPS

 

Artiste : Sophie Hunger

Album : Molecules

Label/Distribution : Caroline International

Date de sortie : 31 août 2018

Genre :  Musique Alternative/Indé

Catégorie : Album Rock

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