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Connaître le public des Eurockéennes

Le jeudi 3 mai 2018, Sensation Rock était invité à la conférence de restitution d’études menées sur les publics de l’édition 2017 des Eurockéennes. Ces travaux ont été conduit par les étudiants de département MOSEL de l’université de Franche-Comté ( Marketing et communication des Organisations du Spectacle, de l’Evénementiel et des Loisirs ) en collaboration avec Emmanuel Négrier ( Docteur en Science Politique et chercheur au CNRS ). Etaient également conviés Jacques Bahi ( Président de l’Université de Franche-Comté ) et Jean Paul Roland (Directeur des Eurockéennes)  qui en ont profité pour saluer la mise en place et les bienfaits du récent partenariat établit entre le festival Belfortain et L’Université de Franche-Comté. La présentation des travaux des étudiants étaient quant à elle assurée par Aurélien Djakouane, co-responsable de l’étude.

Une enquête a donc été réalisée auprès de 1400 festivaliers des eurockéennes, avant, pendant et après l’édition 2017. Il s’agit d’ailleurs de la troisième étude sociologique portant sur cette manifestation. . En effet, elle fait partie d’un travail de recherche plus étendue qui est en cours depuis 2006 et qui concerne plusieurs autres festivals. Notons qu’en plus de l’enquête, un volet économique a été mis en place afin de constater le poids d’une telle manifestation sur le territoire de Belfort ainsi que la valeur ajoutée qu’elle est en mesure d’apporter.

Avant de livrer un certain nombre d’observations présentées lors de la conférence, il est intéressant de rappeler l’intérêt d’un tel travail.
Pour la recherche, un festival représente un objet d’étude en lui-même au niveau sociétal et sociologique. Du côté des organisateurs, il s’agit de mieux connaître leur public, qui est loin d’être une foule homogène, de manière à améliorer  son expérience. Cela passe donc par la compréhension des pratiques et par l’identification du renouvellement des festivaliers. Il faut en revanche bien comprendre qu’il ne s’agit pas de dresser un profil type. La diversité du public rendrait superficiel tout exercice de ce style. Cependant un certain nombre de tendances et de corrélations ont permis de faire émerger quelques constats.

Concernant l’identité du public tout d’abord, on observe :

Une féminisation du public. On arrive à une quasi parité qui démontre que la programmation et sa diversité ne se caractérise pas par le genre.

Un rajeunissement en parallèle d’un vieillissement. D’une part le public rajeunis et se renouvelle ( les néo-festivaliers ), et d’autres part le public plus expérimenté vieillis avec le festival en y retournant régulièrement.

Un public plutôt populaire. Cela se traduit par un recul des cadres et une baisse de fréquentation des diplômés du supérieur.

Un retour des lycéens. Ce constat est peut-être conjoncturel, mais il est témoin d’un perpétuel renouvellement du public. On peut ajouter que la part des étudiants demeure importante bien que 60% des festivaliers soient des actifs.

Un public de proximité. On observe la présence d’un public de proximité qui demeure majoritaire et stable, témoignant d’un véritable ancrage régional du festival. D’ailleurs il est intéressant de noter que pour 53% des interrogés, il s’agit de leur seul  festival de l’année. S’y rendre semble donc presque être une évidence territoriale.

Du côté des goûts musicaux, on retrouve solidement trois genres musicaux historiques des Eurockéennes qui sont le Rock, l’Electro ainsi que le genre rap/hip-hop qui est en progression. On remarque aussi un gain d’intérêt pour la musique classique bien qu’elle soit en fin de classement. Bien-sûr tout cela est complexe puisqu’il faut tenir compte des différents profils très diverses des participants.
D’ailleurs, en ce qui concerne la programmation, on découvre qu’il existe une réelle tolérance vis à vis des goûts de chacun des festivaliers. Celle-ci s’exprime par le partage d’expériences et non en terme d’opposition. Cette bienveillance est aussi palpable en ce qui concerne les choix de programmation de la part des organisateurs puisque les participants sont de plus en plus conscients des contraintes économiques qui pèsent sur ce genre d’événements.

À ce sujet, la question de la présence des sponsors a également été abordée. Elle est relativement bien acceptée puisqu’elle est considérée comme un passage obligé pour un festival de cette envergure, notamment par rapport aux contraintes précédemment évoquées. La présence des marques est d’autant plus acceptée lorsqu’elle prend la forme d’un échange, comme la distribution de canettes de soda par exemple. Les réticences viennent plutôt des nouveaux publics qui ont tendance à les rejeter par principes, peu habitués aux pratiques de sponsoring. Les participants les plus âgés sont également assez peu enthousiastes, mais cette fois plutôt par expérience.

Enfin, l’étude s’est intéressée aux nouvelles pratiques des festivaliers à travers l’utilisation d’Instagram. Le réseau social orienté vers le partage de photographies est en effet une partie de plus en plus intégrante dans l’expérience du festival. En chiffre cela nous donne 5400 photos échangées, 2700 comptes et 5,6 millions d’impressions ( ce qui correspond au nombre de fois qu’une photographie a été vue par le biais d’un écran. ). Plusieurs constats émergent alors concernant l’utilisation d’Instagram dans le cadre des Eurockéennes :

– C’est une pratique non genrée puisqu’il existe une relative parité dans son utilisation, alors que la moyenne générale tend plutôt vers une utilisation très majoritairement féminine ( 70% )

– Ce n’est pas réservé exclusivement aux jeunes. Alors que la moyenne d’utilisation est de 7% habituellement pour les plus de 50 ans, elle atteint 15% à l’occasion du festival.

– Assez peu de photos en selfie pur. En effet, on qualifie une photo de selfie lorsque celle-ci cadre la personne auteur de la photo et elle seule. Dans le cas du festival, même lorsqu’il s’agit d’une photo prise à la première personne, elle est réalisée dans une démarche d’identification au festival et non dans un but narcissique.

– C’est une pratique qui ne diminue pas avec l’expérience, mais qui se poursuit d’année en année.

 

Ainsi, loin d’être une approche de segmentation des publics, cette étude met en lumière la complexité de ces derniers. On se rend alors mieux compte des difficultés mais aussi des opportunités offertes par cette diversité. Les Eurockéennes semble réussir à suivre et anticiper les évolutions puisque les retombées économiques sont en progrès, à la fois pour l’événement, mais aussi pour le territoire. C’est en effet tout un cercle vertueux(restauration, hébergement, transports, consommation ) qui gravite autour de cette manifestation et de son succès.

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