Logo Sensation Rock

ISLAND – Feels Like Air

Island est un jeune quatuor indie rock londonien. Rollo Doherty est au chant et aux guitares, Jack Raeder aux guitares, James Wolfe à la basse et Toby Richards à la batterie.

Le groupe a déjà sorti 2 E.P (Girl : 2015 et A place you like : 2017). Soutenu par un public de plus en plus nombreux outre-manche, Island a sorti début avril 2018 son premier album de 11 titres : Feels like air.

Les premières notes de cet album donnent directement le ton. Un riff obsédant de guitare, clair et réverbéré à souhait tintinnabule. Il est rejoint très vite par une voix rocailleuse suave, maîtrisée, mixée bien devant. Celle-ci est posée sur la basse ronde et longue avec la batterie en shuffle soutenant le tout. C’est Ride, premier morceau de ce premier long opus du groupe. Ce morceau a d’ailleurs déjà été sorti en single avant l’édition de l’album l’année dernière.

L’auditeur est embarqué illico dans un méandre de jolies mélodies parfois mélancoliques sans être jamais mélo. Les intros quelquefois fragiles développent une force insoupçonnée grâce à la puissance suggestive des compos et de la voix à la sauvagerie maitrisée. Cette dernière ne déborde jamais complètement mais sait insuffler des émotions organiques, viscérales et variées.

On retrouve au détour des compos les influences multiples saupoudrées çà et là. Kings of Leon bien sûr, avec Grizzly Bear, références citées par le groupe, mais aussi Mumford & sons ou de plus anciennes formations, par les compos, la signature vocales de Rollo Doherty ou leur mix léché. Ici et là on rencontre un Joe Strummer, un Richard Patrick des Filter, une guitare à la The Edge… C’est bon de les entendre en filigrane car ils ne prennent jamais la vedette au quatuor.

Bien qu’assez homogène sur une première écoute, l’album saupoudre de bien belles surprises surtout basées sur les différents effets de guitares. Utilisées en contrechants de picking cristallins (Horizon, Moth), de mélodies sous delay (Something perfect), de réverbérations (Interlude) ou en mise en abîme par des chorus d’accords (We can go anywhere). Entre la Fender Jazzmaster de Jack et la Gibson Lespaul de Rollo, elles jouent de leurs convergences ou divergences impressionnistes (Feels like air), parfaitement arrangées par des effets léchés. Elles sont soutenues discrètement par une rythmique toute à sa fonction d’étai délicat autant qu’efficace.

Très bien produit, propre, moelleux et aérien sont les adjectifs prédominant pour la musique d’Island contrastant avec les productions de la scène alternative du moment et c’est tant mieux.

Les sons et les émotions envoyées par la production sonore contrastent aussi parfois avec les thèmes et le propos des morceaux.

Des derniers instants d’un candidat au suicide, aux considérations sombres concernant le monde, le vide dans l’exiguïté, la solitude dans la multitude, les paroles peuvent être abstraites et légères ou au contraire dures et douloureusement concrètes. On trouve dans certains morceaux l’euphorie des grands espaces lors des longs voyages, ressentis lors d’une de leur première grande tournée par exemple (ride). On de l’amour et de l’espoir ici aussi… Le groupe sait distiller le contraste des structures et ambiances retenues et pourtant puissantes pour qui ne fait pas que les entendre mais les écoute.

Si on peut regretter de ne pas être plus surpris, au premier abord, à l’écoute de la structure et des sons qui composent cet album, on le sera de se rendre compte que les 42 minutes de l’album sont passées en un battement d’aile. L’auditeur vogue entre nonchalance et intensité dans une sorte d’extra-conscience étrange. Island et son Feels like air emmènera tous ses auditeurs dans cette contemplation doucereuse pour peu qu’il l’accepte et si attache.

Groupe : Island
Album : Feels Like Air
Label : Frenchkiss Records
Date de sortie : 6 avril 2018
Genre : alternatif/indé
Catégorie : album rock

Total
0
Shares
Related Posts