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EDITORS, Violence

En une quinzaine d’années, les anciens étudiants en musique de Birmingham sont devenus un des groupes de rock indé les plus talentueux et appréciés au monde. La bande de Tom Smith dévoile ce mois ci son 6ème album, qui s’éloigne du post-punk du milieu des années 2000 et démontre qu’ils sont devenus un groupe toujours exigeant en mouvement constant. 

Une partie du nouvel album avait déjà été divulguée dès la tournée estivale de l’année dernière (notamment aux Eurockéennes où trois morceaux avaient été interprétés), amenant un contraste saisissant lors de l’écoute. En effet, Magazine, single dévoilé en amont se révèle particulièrement décontenançant et surprend l’auditeur par son côté pop au refrain entêtant emprunté à ColdPlay et taillé pour les grandes scènes, avec des paroles très politiques assumées par Smith : « Magazine pointe du doigt les gens au pouvoir… ces politiciens et businessmen corrompus qui, avec leurs postures vides, se jouent des masses pour satisfaire leur soif de pouvoir».

Peu de choses en commun avec le formidable Cold qui assure l’ouverture du disque : si le rock est adouci, il est par contre pétri d’espoir et dégagea une réelle énergie positive. Le groupe semble davantage inspiré que sur le précédent opus dont l’accueil avait été mitigé,  Hallejujah (So Low) confirme cette impression où après une introduction faussement calme, un son industriel non sans évoquer Nine Inch Nails se fait jour – avec quelques passages les rapprochant de Radiohead -, sans doute le morceau qui justifie le plus le nom donné à l’album.

En effet, l’ambiance générale du disque par la suite emmène le groupe davantage vers un son rétro-chic et une cold wave les éloignant de leurs débuts. C’est le cas avec Nothingness et son introduction douce revigorée ensuite par la batterie et les synthés ou Violence et sa rythmique particulièrement tonique pendant près de 6 minutes, offrant cependant de belles envolées lyriques au chanteur à la voix toujours parfaite (rappelant un peu Bones). La référence aux eighties est très présente dans Darkness at the door, et ceci dès l’introduction pour un morceau qui succombe peut-être à la mode du moment avec une noirceur assez tempérée, symboliquement mise à la porte comme le suggère le titre.

Le dernier tiers de l’opus est également déroutant, l’écoute nous fait basculer davantage dans une impression de confession très intimiste, comme sur la sublime ballade No sound but the wind, sorte de complainte douloureuse avec piano mais elle aussi remplie d’espoir.

Counting Spooks confirme cette impression avec des passages évoquant clairement Queen, ou David Bowie : morceau d’une rare beauté, à la précision mécanique qui se transforme en machine à danser à mi-parcours, comme si le groupe synthétisait des décennies de culture britannique en quelques dizaines de secondes. L’aspect déstabilisant est un argument tout à fait recevable, et c’est la même impression à l’écoute de Belong, dernière touche à ce disque moderne et ambitieux, même si cette composition retient moins l’attention que les autres.

D’une manière générale, l’ensemble se révèle riche et moins ténébreux, le groupe nous emmenant sur de nombreuses pistes avec parfois l’impression de ne pas trop savoir où l’on va. Mais le charme opère souvent en dépit peut être d’un (très) relatif manque d’homogénéité sur ce disque plutôt solide et plaisant : pas besoin de se faire violence pour l’apprécier.

 

  • Julien Lagalice

 

 


 

Artiste : Editors

Album : Violence

Label : Epic Records

Date de sortie : 9 mars 2018

Genre : Rock indépendant, cold-wave

Catégorie : Album rock

 

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