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INTERVIEW: LAST TRAIN

08 décembre 2017, quasiment un an jour pour jour, les Last Train réinvestissent la Laiterie. S’ils récidivent, j’en fais de même pour une nouvelle entrevue.  Quelques heures après leur retour d’Inde, j’échange avec Jean-Noël (le chanteur et guitariste) et Tim (le bassiste). Avant ce concert strasbourgeois, ils évoquent la récente tournée asiatique qui les a marqués, dressent un bilan de l’année 2017 et parlent de l’horizon à venir.

 

Sensation Rock – Salut Jean-No. Tu rentres tout juste d’Inde. Quelles sont tes premières impressions à l’issue de cette tournée dans un nouveau pays asiatique ?

Jean-Noël – Même si les corps sont un peu déréglés, c’était une vraie expérience. On ne savait pas à quoi s’attendre en allant en Inde. Dans quel type de salle allait-on jouer ? Quel type de public allait-on rencontrer ? Comment allait-il réagir ? Comment techniquement cela allait-il se passer ? … Concrètement, il y a eu beaucoup de difficultés au quotidien, notamment la technique. Physiquement parlant aussi avec les nombreux vols internes. On prenait l’avion, on arrivait sur la scène du club, on faisait les balances. Puis on allait dormir une heure ou deux à hôtel, une douche. Concert. On reprenait un avion, etc. C’était vraiment très intense, mais c’était génial. Une drôle d’expérience de jouer si loin de chez toi, devant des gens qui n’ont pas été sensibilisés à ce genre de musique, qui voient arriver deux petits groupes de Français, … Bref, des gens supers accueillis, supers gentils, toujours à l’écoute. On a passé de très très belles soirées, c’était super. On a hâte d’y retourner. Peut être l’année prochaine, ça serait cool.

SR – Vous étiez avec les Colt Silvers. Ça fait quoi de faire une tournée “en famille” à l’autre bout du monde?

Jean-Noël – C’est très cool, on essaie d’aller dans ce sens là. Pas toujours avec des groupes de l’entourage Deaf Rock, Cold Fame ou des bandes de copains, mais des gens que l’on rencontre sur la route, comme les Psychotic Monks avec qui l’on joue ce soir. On a déjà fait cinq ou six dates avec eux. C’est des groupes que l’on kiffe. Faire plusieurs dates d’affilée, ça permet de nouer des vrais liens.

 

SR – Avez-vous un souvenir marquant ? Une anecdote?

Jean-Noël – Il y en a mille, c’est compliqué. La bouffe peut être, on n’est pas habitué à ça. Moi je suis super sensible à la nourriture épicée. Je me suis dit « ça va être l’enfer ! ». Non, le pire c’est techniquement, on était à la rue totale. On a tourné avec nos guitares, nous pédales, mais les amplis sur lesquels on jouait, les câblages, les systèmes de son, … ça prenait un temps de fous parce que c’était pas au point! Mais on y allait avec la bonne humeur, le sourire et une attitude positive. Bien faire les choses, c’est ce qui importe.

 

 

SR – Quelles découvertes musicales avez-vous fait? Avez-vous côtoyé la scène rock indienne ?

Jean-Noël – On a joué tous les soirs avec un groupe local différent. On a découvert The Superfuzz, plutôt cools. On a joué avec eux à Dehli le premier soir. Ils sonnent un peu comme les Arctic Monkeys. Toutes les formations étaient assez rocks, sauf une fois où des gens chantaient de la soul music, un peu posée mais c’était « chantmé ». On a gardé quelques contacts avec certains, à voir.

 

(The Superfuzz, ‘4 times & once after

 

SR –On avait à peine échangé lors de votre passage à Décibulles, mais reprenons aujourd’hui. Neuf mois après sa sortie, quel bilan tirez-vous de votre album Weathering ?

Jean-Noël – Si tu compares le moment où tu tournes, longtemps, mais que tes titres ne sont pas disponibles pour le public avec celui où tu lâches enfin le disque, tu as le sentiment d’avoir passer un cap! Tu peux dire : emmenez Weathering chez vous, dans votre vie personnelle. Prenez le bus, la voiture, vivez vos vies sentimentales, vos passions avec ce son dans les oreilles! Et aujourd’hui lors des concerts, les sensations, les émotions partagées sont décuplées. Les gens connaissent les chansons. Elles signifient peut être quelque chose pour eux. Pour nous elles représentent beaucoup; l’échange est d’autant plus sincère.

 

SR – Pour toi, y a-t-il des titres de l’album qui sont plus importants que d’autres, comme Fire? Voire à l’inverse, des morceaux moins appréciés, que vous ne jouez pas ou très peu en live?

Jean-Noël – Je ne sais. Je préfère penser qu’un jour dans notre carrière, il y aura un album phare, plutôt qu’un titre phare. Nous ne sommes pas à la recherche DU single. Je préfère me dire qu’il y a une construction, un set, un album qui te font penser que c’est énorme du début jusqu’à la fin. J’ai des exemples d’album d’Arcade Fire, de Balthazar, des Beatles qui sont des masterpieces de bout en bout. C’est cela que j’aimerais, plutôt que prétendre connaitre tel titre de tel groupe et rien de plus de l’album. Pour moi, tous nos titres ont la même intensité parce qu’ils font partie d’un tout. Ils ont une unité.

 

SR – Autre bilan : 2017 fut à nouveau une grosse année, essentiellement passée sur la route. Qu’en retenez-vous?

Jean-Noël – Plus de 120 concerts, c’était fou. C’est un peu la concrétisation des trois dernières années. On a commencé à tourner intensément il y a trois ans et l’on n’a pas forcément vu de vraie rupture (Tim entre dans la loge). C’est un peu comme une très grande tournée. Conclure ici 2017, à la maison après avoir fait beaucoup de dates à l’étranger (mine de rien pour l’Asie on a fait la Chine, le Vietnam, la Birmanie, le Japon et l’Inde), c’est énorme pour un premier album.

Tim – Comme Jean-No. Belle année ! Je ne sais pas si en janvier je m’attendais à ce que l’on fasse autant de concerts. Après une centaine en 2015, une centaine en 2016, … On avait commencé 2017 avec deux mois off. Elle est passée sacrément vite. J’ai l’impression que c’était hier que l’on sortait l’album et que l’on faisait le concert à la Poudrière, au Marché Gare, les premières dates en somme. Et là de retour d’Inde pour finir dans la Grande Salle aujourd’hui. Tout juste énorme!

 

(Last Train au festival Décibulles)

 

SR –Parlons avenir. Quels sont vos actualités à court terme et les projets pour 2018? 

Jean-Noël – Pendant un temps, arrêter de tourner en France. Cela fait trois années que l’on sillonne le pays, on a fait le tour de ce que l’on pouvait faire chez nous; je dis cela sans prétention. Avec ces morceaux, avec cette setlist, l’intérêt à tourner dans l’Hexagone est moindre; notre public est là. Pour convaincre de nouveaux Français, on le fera avec de nouveaux titres et un nouvel album. L’objectif de 2018, c’est jouer à l’étranger, sans doute avec moins de dates, mais des événements plus ciblés. On a envie d’aller dans le Nord de l’Europe, dans l’Est de l’Europe. Continuer le travail que l’on a fait sur l’Asie et qui nous plait vraiment. Pourquoi pas de nouveau les Etats-Unis, mais les faire de manière plus sérieuse et puis, il faudra aussi prendre du repos pour nous parce que nous n’avons pas arrêté. Se concentrer sur le deuxième album, on a énormément d’idées de nouvelles chansons. On n’a pas encore eu le temps de se concerter pour rapprocher les idées des uns et des autres. On entend juste une bribe un soir lors des balances ou lorsque l’un d’entre nous se pose avec une gratte, … J’ai hâte de refaire des répétitions ensemble, hâte d’avoir une vie un peu plus normale aussi.

Tim – D’avoir un rythme de groupe. Tu pars en tournée et après il y a le temps de la création et pas mélanger les deux comme on l’a fait ces dernières années. C’était cool…

Jean-Noël – Très cool même, mais trop intense pour le refaire. C’était notre manière de commencer notre carrière, mais je pense que ce serait invisageable pour la suite. Ce qui nous ferait du bien ce serait d’avoir du temps pour créer en bonne et due forme, de digérer ça, de pouvoir aller en studio, se fixer des échéances sans forcément être à gauche et à droite, d’être concentrés dessus et donc plus efficaces.

 

SR –Il y a donc de nouvelles chansons en préparation ?

Jean-Noël – Oui et si l’on faisait n’importe quoi, dans trois semaines on pourrait sortir des nouveaux sons, mais ce n’est pas l’idée. On essaie de réfléchir à très long terme. Le rock est une musique intemporelle, à l’inverse l’electro dubstep a eu son moment, le disco aussi. Avec le rock, on n’est pas obligé de surfer sur la vague. Ce n’est pas parce qu’il y a une mise en lumière de Last Train maintenant que l’on va tout de suite enchaîner sur le second album pour en profiter. On doit prendre du temps pour nous, pour le groupe. On a des boites à côté : on a monté une maison de disque, une agence de booking, c’est du travail. Cela peut nous permettre d’être plus forts, de faire un meilleur album, de revenir dans deux ans. Certes les gens auront découvert d’autres groupes entre temps, mais ce n’est pas autant qu’ils n’auront pas envie d’écouter le nouvel Last Train.

 

SR –Un petit mot concernant le concert de ce soir?

Tim – J’espère que les lumières seront plus avantageuses que celles-là. Je ne sais pas si je suis aussi blanc que toi …

Jean-Noël – Je vais aller me reposer un petit coup… Plus sérieusement, on est vraiment excité; on pense à ce concert depuis très très longtemps.

Tim – Ça va être « chantmé » ! J’étais dans la fosse pendant les balances, elle est trop belle cette salle. C’est un gros kiff !

Je les laisse partir. Dans quelques minutes, ils enflammeront la Grande Salle de La Laiterie. (ci-dessous le lien vers le live report de la soirée).

LAST TRAIN + THE PSYCHOTIC MONKS, le vendredi 08 décembre 2017, La Laiterie – Grande Salle, Strasbourg (67)

-Benoît GILBERT

Merci au groupe pour l’interview ainsi qu’à Anne-Sophie !

 

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