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FESTIVAL ROCK EN SEINE, Samedi 26 août 2017, Domaine national de Saint-Cloud (92)

RES 2017 (RES vue de Wiko) © Christophe Crenel

Après une entrée en matière vigoureuse et prometteuse, nous abordons le deuxième jour du célèbre festival parisien de la porte de Saint Cloud avec beaucoup de chaleur, de décibels et d’belles émotions musicales.

C’est sous un grand soleil que le groupe Band Of Horses “d’un coin bien tordu appelé l’Amérique” entame un set de rock qui nous transporte dans leur propre monde. Un concert électrique et très énergétique, avec des chansons extraites de plusieurs de leurs albums. Ils terminent par la chanson Funeral qui commence doucement avec une simple guitare mais avec tous les accompagnements des musiciens talentueux qui composent le groupe.

Place ensuite au groupe belge Girls in Hawaï, toujours présent après 15 ans d’existence et de moments sombres. Le groupe déroule ses chansons, de leurs débuts (période From Here to There) au nouvel album prévu le 29 septembre prochain avec un single étonnant et très disco, Walk, en passant par l’album Plan your escape (avec le toujours efficace Bored). Le groupe chante en anglais et prouve qu’en dépit des épreuves de la vie, la musique demeure une thérapie irremplaçable. Un set particulièrement efficace et plaisant, et on n’oublie pas dans un coin de notre tête le conseil avisé (en français) de surtout ne pas rater PJ Harvey tout à l’heure, avant de longuement saluer le public enchanté par la prestation.  

Jain est sans doute l’artiste qui a attiré le plus grand nombre de personnes du weekend. Elle commence seule sur la scène avec un looper réussi à mettre une ambiance non négligeable qui retentit tout autour de festival. Pour le dernier concert de sa tournée de deux ans pour l’album Zanaka, Jain réussit à faire danser le public entier sur ses titres connus comme Heads Up ou Makeba, mais réussit également à émouvoir le public sur le titre Paris.

Jain clôture son concert dans une grosse boule transparente transportée par le public énergisé par ce set incroyable.

Pendant ce temps, Timber Timbre se produit lui aussi en toute fin d’après midi, mais un peu de déception se fait jour avec un son plutôt moyen, qui ne permet pas véritablement de restituer sur scène la puissance grandiose du dernier album, entre cabaret (un peu glauque) et crooner majestueux. Certes, la prestation de singles flamboyants comme Velvet gloves & Spilt ou Curtains permettent de rappeler que le groupe de folk canadien est devenu une valeur sûre de la scène mondiale et que le format des groupes jouant l’après midi (50 minutes en moyenne) ne donne pas au public les meilleurs conditions pour s’imprégner d’un univers musical. Un groupe de ce calibre doit être revu, c’est indéniable.

La concurrence est féroce au parc de Saint Cloud (plus de 70 groupes en 3 jours), et les premières notes de Little Dragon retentissent déjà à peine le chemin pris pour aller les écouter. Le groupe suédois, venu défendre leur cinquième album, avec une recette mêlant une électro pop gentille (à l’instar du “tube” Pretty girls) plus ou moins exotique, porté par la chanteuse excentrique Yukimi Nagano, dont la tenue vestimentaire pouvait difficilement passer inaperçue, incitant les festivaliers à faire la fête (“Make some noise”) ou demandant au public s’il y a des amoureux dans la foule (avant d’ajouter que la chanson n’est pas pour eux).  Il est toutefois regrettable que le son des claviers, surtout au début du set, ait semblé mal réglé et génère une certaine gêne.

Ce souci de son ne s’est jamais posé pour The Kills, installés sur la grande scène un peu après 20h00. Le groupe peut être le plus complice, sexy et looké de la planète rock déploient leurs titres au cours d’un set imparable (Heart of a dog, Kissy Kissy ou le formidable Doing it to death) agissant sur le public comme un véritable aimant sur les festivaliers : c’est puissant, efficace et la guitare de Jamie Hince semble revigorer sans arrêt le l’esprit rock. Le cultissime Monkey 23 clôture une prestation d’une incroyable sensualité et efficacité, quand le rock le plus à vif arrive à toucher le plus profond de nos intérieurs. Alison (qui n’hésite pas à passer derrière la batterie) et Jamie, The Kills. Ou l’art de tuer tout débat sur le nom du meilleur groupe rock du jour.

Dans un autre style, Lee Fields and the Expressions un véritable vétéran de la soul,  été attendu avec beaucoup d’anticipation sur la scène de la Cascade. Avec la caméra le suivant à travers les coulisses dans la pénombre, il fait enfin son apparition tant attendue.

Accompagné par des musiciens qui faisaient partie de the Dap-Kings (Adele, Cee Lo Green…) il fait son entrée sur scène avec un titre instrumental de The Expressions, et après se lance dans les titres de son dernier album Special Night, sans oublier des titres de ses précédents albums. Il est impossible de nier qu’à 66 ans, Lee Fields a encore énormément d’énergie. Il annonce également une date à l’Olympia en Novembre.

Après une (courte) pause, retour vers la grande scène pour assister à l’une des principales raisons de notre présence ce soir : le concert de PJ Harvey. Présente lors de la première édition du festival, accompagnée ce soir par une véritable fanfare musicale (dans laquelle on retrouve notamment le fidèle John Parish), c’est tout de noir vêtue et coiffée de plumes délicates que Poly Jean entre en scène et propose un spectacle envoûtant, sorte de puissante messe rock que son aura charismatique berce d’une majesté extraordinaire. L’occasion de réviser des chansons tirés d’albums devenus déjà des classiques comme Let England Chake ou To bring you my love (avec Down by the water), l’artiste rappelle que son dernier album The Hope Six Demolition Project fait toujours d’elle une référence absolue dans le monde du rock. Poétesse, prophétesse, PJ Harvey est une artiste totale, icône de la culture anglaise, elle présente ses musiciens avant de saluer la foule après un vibrant rappel de deux titres (dont le Highway 61 Revisited de Bob Dylan) faisant de ce concert quasi messianique un des grands moments de la journée parisienne.

Les spectateurs peut être refroidis par la prestation qu’ils ont pu jugé austère peuvent se précipiter vers la scène de la Cascade, où l’électro limpide et légère de Fakear s’apprête à prendre possession du territoire parisien. Le jeune artiste de 25 ans, particulièrement enthousiaste et heureux de faire danser des milliers de personnes semble être désormais un habitué des festivals ; en compagnie de ses musiciens (un bassiste, un batteur, un harpiste) qui apportent un certain relief aux chansons de ses albums (et un son davantage électrique). Le public a répondu présent, sautillant et se déhanchant sans se forcer sur les titres impeccablement interprétés (à l’instar de La Lune), le DJ étant véritablement en communion avec son public sans se cacher derrière ses platines (reproche que l’on pourrait faire certains de ses collègues). La clôture idéale d’une journée dense et particulièrement éclectique.  

 

  • James CATTERSON
  • Julien LAGALICE

Crédits photos : Christophe Crenel & Olivier Hoffschir (pour Rock en Seine)

Julien Lagalice (pour Sensation Rock)

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