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MOTORAMA + SPOON GOD, jeudi 9 février, La Rodia, Besançon (25)

Un vent de l’est a soufflé sur La Rodia ce jeudi 9 février. Pendant que la grande salle était occupée par Tété, c’est une toute autre ambiance qui imprégnait le club, entre froideur d’acier, minimalisme et retenue. Le groupe russe Motorama venait présenter ses Dialogues, album sorti en octobre 2016. Bien qu’il soit signé chez Talitres, label implanté à Bordeaux (The Walkmen, François And The Atlas Mountains, Kim Novak…) cette tournée ne comportait que trois dates françaises, que nous avons donc pu saisir au vol.

C’est Spoon God qui ouvre la soirée, un groupe “venu de nulle part” déployant ses morceaux pendant une première partie de 50 minutes. Leur musique, à l’image de leur visuel en jeu d’optique, est d’un effet hypnotique, traversé par quelques passages prenant des virages pop ou électroniques.
Un univers propice à la rêverie, qui a déjà fait ses preuves grâce à Symbols, transferé en musique de film. Le temps d’un remerciement en russe et les titres se font plus up-tempo. Ce sera Teenage Death Gang, le dernier single qu’ils ont sorti fin janvier, qui finira ce set. Un morceau au ralenti, aux allures shoegaze qui pourrait sculpter la bande originale d’un Gus Van Sant et n’aurait pas détonné dans le dernier Gregg Araki, White Bird in a Blizzard et son ambiance éthérée.

 

C’est au tour des tant attendus Motorama d’entrer en scène. Ils ne sont que trois à jouer (Irene Parshina n’était pas présente) ; leur musique, dont l’écoute dématérialisée donne une impression de fragilité avec la voix de Voix de Vladislav Parshin écaillée de tremblements, est toute différente en version live : plus froide, au ton plus sec et au chant plus tranchant. Les notes de Tell Me, qui confrontent la douceur de la pop avec une forme de réserve, arrivent parmi les premiers titres.
Si l’espace influence l’imaginaire, cela signifie que Rostov-on-Don, la ville du sud de la Russie dont ils sont originaires, les a neutralisés dans une forme de retenue distante, exprimée à travers l’image projetée (une représentation statique en noir et blanc, mélange d’eau et de brumes).

Leur dernier album, Dialogues,  (composé par Vladislav Parshin lorsqu’il lisait les oeuvres dialogiques de Platon) comporte des sons plus chauds que leurs précédentes productions, une coloration qui tardera à arriver mais se fera percevoir sur la fin du concert, propice au relâchement. Plutôt qu’à un échange festif, c’est à une instropection que le spectateur est convié, une conversation avec soi-même plutôt qu’un moment d’échange. Le dialogue est ici perçu sous un angle intérieur.

Ecouter Motorama, c’est aussi construire une part de culture qui nous échappe, la mouvance post-punk/new-wave soviétique. Kino, Zvuki Mu : autant de noms peu connus qui sont cités parmi les inspirations du groupe et nous poussent ainsi à sortir de nos retranchements culturels. Après quelques remerciements, “thank you for listening, clapping, thank you”, la scène revêt des teintes orangées et s’habille d’un sample aux cordes grinçantes, sans espoir pour un rappel.

 

Crédits photos : Eric

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