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LIVE-REPORT : XARAH DION, HANTE, PEINE PERDUE, RACHID BOWIE, jeudi 14 mai 2015, Mudd Club, Strasbourg (67)

En ce jeudi 14 mai, pendant que les Passagers du Zinc se noircissaient de monde et de musique Impure sous l’influence de Céleste et Laïka, nous avons fait un tour dans les années froides de la cold-wave au Mudd Club de Strasbourg pour voir la salle-caveau s’électriser de danses noires printanières.

Premier passage : synthwave magique.

Xarah Dion, venue du Québec avec tout son Mal nécessaire était de passage pour sa première tournée européenne en projet solo. Celle qui a oeuvré avec Marie Davidson au sein des Momies de Palerme travaille sur un Roland Juno 6 pour créer des morceaux à la fois dansant et hypnotisant à l’image d’un XXX au rythme de frappe massif et autoritaire. Elle pose par opposition une voix cristalline et aérienne qui n’hésite pas à se rapprocher de la vocalise pure plutôt que de la parole clairement prononcée. Les boules à facette font des éclipses précieuses ; musique ambigüe, à la fois plongée dans le passé et futuriste, bande-son dystopique et échappatoire cosmique.

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Xarah Dion

Deuxième live : haunted wave.

Hante porte tellement bien son nom. Également seule en scène, ombre mouvante derrière un équipement réduit au minimum, Hélène de Thoury en dehors de Minuit Machine et Phosphor (ses autres formations) propose un set ombragé dont l’atmosphère rappelle celle de son très beau clip The Storm, qu’on ne peut résister de diffuser :

Moment suspendu en clair-obscur, lumières violettes qui transforment les peaux en membranes ectoplasmiques, Hante ensorcelle et entraîne la dévotion. Envoûtement d’une voix d’outre-tombe sur One More Dance, angoisse sourde sur Damages, précipitation d’Il n’y a qu’un pas, les huit titres d’Her Fall and Rise passent trop vite et c’est dans la frustration que Le Silence, dernier morceau puissant et grondant est accueilli.

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Hante

Troisième set : cold-wave chaleureuse.

Nimbée par les éclats phosphorescents des nappes synthétiques de Xarah Dion et de Hante, la salle a été préparée à l’arrivée de Peine Perdue, duo formé par Coco Gallo et Stéphane Argillet. Elle est vêtue de lumière tandis qu’il déploie une haute silhouette de brume. Tous deux se complètent, l’un derrière ses machines, magicien des sons, l’autre incarnant ses textes avec ferveur et émotion. Seconde date du “Disparitions” tour, signé chez Medical records, Peine Perdue nous fait vivre une aventure de son et de rêve dans une nuit blanche et polaire. Véritable baume cardiaque fait de poésie susurrée, on ne peut résister à la tentation de quelques citations tirées de No souvenir, “les héros n’ont pas la vie facile ; moi non plus” et on se souviendra longtemps du glacial mais chaloupé Amoureux de personne. “J’en ai le cyanure à la bouche”, morceau tel une brasse coulée qui feint la noyade sans y penser.

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Peine Perdue

Feu d’artifice final : Rachid Bowie aux platines empoisonnées.

Comment enchaîner après ces trois vagues de mélancolie ondoyante ? En repartant sur une setlist concoctée avec précision et bravoure, n’hésitant pas à faire des grands écarts entre le cover de Bahaus par Chvrches sur Bela Lugosi’s Dead et Mickaël Jackson. C’est osé, réussi, et l’on peut affirmer que la cold-wave fait définitivement chauffer dans la noirceur.

 

– Clémence Mesnier

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