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ALEX CAMERON, Forced Witness

Le loser magnifique, crooner de pacotille, outsider arrivé d’Australie en 2014 avec les huit titres déglingués et bricolés de Jumping the Shark (voir ce mini-doc de tournée au festival South By Southwest) livre cette fois-ci une floppée de morceaux sucrés dans leur forme mais amers dans leurs ironiques constats.

Alex Cameron n’a cure de l’image de soi. Au diable l’ego quand il est possible de jouer les maestro voutés se déhanchant aux côtés de sa bande de weirdos (au premier plan Henri Lindström, batteur finlandais, et Roy Mollon, saxophoniste nonchalant). Freak et showman, cabossé et enjôleur, il a fait ses armes avec Seekae, trio electro-pop fondé à Sydney avant de s’attaquer dans l’anonymat aux Etats-Unis et au vieux continent. De galères en déconvenues, il fut sauvé de l’infortune par Jonathan Rado -Foxygen- grâce à qui il accèda au label Secretly Canadian. L’échec sera alors la motivation et le leitmotiv d’un premier album au succès tardif, ainsi que le début d’une folle épopée.

Alors que se développait une scène bigarrée et bariolée se réappropriant des codes psychés et baroques (The Lemon Twigs, HMLTD, St Vincent, Perfume Genius ou Ariel Pink en tête, John Maus pour le pôle plus confidentiel), Alex Cameron traînait ses guêtres en s’inventant des personnages dans un song-writing en forme de sketch. Si c’était un masque ridé, abimé qui apparaissait en couverture de Jumping the Shark, c’est maintenant le rôle d’un détective, limier de l’espèce humaine et de ses dérèglements qui prend sa place. Bienvenu chez les dingues et les paumés sous le vernis du chanteur de charme à la voix éraillée sur Country Figs. Bassesses, illusions, insatisfactions : les textes se penchent sur la virtualité et les écrans corrosifs de chimères dévorantes.

Les délires lo-fi à la She’s Mine ont quelque peu été délaissés au profit de sons plus lisses mais toujours extravagants à l’image de ce Runnin’ Outta Look plein d’entrain. On y trouvera quelques collaborations, plus ou moins improbables – Brandon Flowers de The Killers sur l’écriture et le chant dudit titre ; Angel Olsen sur le très gracieux Stranger’s Kiss- et toujours une place majeure accordée aux apparitions de son acolyte de longue date, Roy Mollon, au saxophone.

Presque chaque morceau, à l’exception peut être d’Hacienda et Studdmuffin96, donne un entrain viral pour en faire un feel-good album, remède à la monotonie et à l’abattement, album refuge au groove ironique.

Artiste : Alex Cameron

Album : Forced Witness

Label/Distribution : Secretly Canadian

Date de sortie : 08/09/2017

Genre : Indie-rock

Catégorie : Album Rock

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