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JAKE BUGG, Hearts that Strain

Cinq années après des débuts foudroyants, Jake Bugg revient avec un quatrième album en compagnie du désormais incontournable Dan Auerbach (The Black Keys), qui laisse quelque peu interrogateur et sceptique à l’écoute en dépit des qualités et du pédigrée du jeune homme. 

How soon the down (single sorti au tout début du mois d’août) se présente comme une ballade romantique, portée par une mélodie douce et apaisante, un peu comme les composaient les Kings of Convenience il y a quelques années.

Southern rain s’écoute lui aussi avec beaucoup de plaisir, en toute simplicité : tout semble (trop ?) facile pour le jeune homme. Ce titre enrichit sa panoplie folk d’un son US un peu country, dans des conditions optimales : contrairement aux albums précédents, Jake Bugg a passé du temps dans le même studio avec les mêmes personnes (citons à l’occasion David Ferguson, compagnon de route du légendaire Johnny Cash) ; le résultat est intéressant, comme le prouve le titre suivant In the event of my Demise (avec Dan Auerbach à la guitare, comme sur le premier titre), avec un refrain « So Beatles », morceau où les guitares croisent l’harmonica et les « ooh ooh » du chanteur. This time lui aussi se révèle agréable à l’écoute (sans être révolutionnaire), au sein d’un (court) album dans lequel peu à peu c’est l’absence de prise de risques qui semble dominant.

L’album prend même une tournure assez innatendue. Présenté comme sauveur du rock en GB et interpréter un titre pop-soul, Waiting, avec Noah Cyrus (la sœur de Miley), pour au final un ensemble kitsch avec un saxophone et des cordes très présentes relève de l’anomalie ou d’une forme de catastrophe industrielle (même si des fans peuvent s’y retrouver). The man on stage met en avant la voix nasillarde et très british de Jake, mais l’auditeur est partagé entre mélancolie facile et au final un peu superflue (Indigo Blue quelques titres plus loin nous fait étrangement la même impression).

Hearts that Strain, chanson titre de l’album, est peut être la plus aboutie, évoquant des grands espaces et une invitation au voyage emprunt de nostalgie ; Burn alone sonne comme un hommage au classique rock des années 1960, mais il manque comme une dose de charme, de naturel voir de passion pour retrouver des titres qui en un peu plus de 2 minutes percutent immédiatement. L’album s’achève par deux autres chansons calmes au son assez mainstream, aussi bien Bigger love (en dépit du recours subtil aux instruments à cordes) que Every colour in the world, ballade évoquant une forme de plénitude avec quelques notes de piano mais avec il faut le reconnaître bien peu de prise de risque (un peu à l’image de cet album).

Au final, notre envie est parfois (à l’instar de la pochette) de faire un peu la tronche par rapport à ce qu’on écoute, car cet album est certes très propre, plutôt agréable et de qualité correcte, mais pas révolutionnaire et loin des capacités du jeune britannique. Espérons que le nom de Bugg revienne pleinement au champ sémantique du rock et ne se rapproche plus trop de celui des dysfonctionnements ponctuels.

 

 

 

Artiste : Jake Bugg

Album : Hearts that Strain

Label/Distribution : Virgin EMI Records

Date de sortie : 01/09/2017

Genre : Rock/Pop/Indé

Catégorie : Album Rock

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