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THE STRYPES, Spitting Image

Spitting Image le 3ème album de The Strypes sorti en début d’été a été produit par Ethan Johns (Paul Mc Cartney, Kings of Leon et tant d’autres).

Le premier opus de ce quatuor Irlandais, Snapshot était, on s’en souvient, un joli méli-mélo d’influences plutôt classiques mais bien malaxées de rock’n’blues, entre un Costello et un Elvis qu’on aime, sans le beurre de cahouète.

Le deuxième album de 2015, Little Victories ne savait pas trop de quel côté pencher et n’est monté sur aucun podium.

Ce « portrait craché », traduction littérale de Spitting Image ramène à ces influences bien campées et assumées, une touche de néo punk en plus, avec en filigrane des étincelles rythmiques à la mods/new wave de la fin des 70.

S’ils ont changé de décennie de baguenaudages, les quatre garçons dans le vieux vent se réinventent : Ross Farrelly (voix lead/Harmonica), Josh McClorey (guitare/Voix), Pete O’Hanlon (Basse/Harmonica) et Evan Walsh (Batteries) ont gardé cette osmose particulière qui est aussi une de leur signature. Elle vient du fait qu’ils ont tous grandi à quelques centaines de mètres les uns des autres du côté de Cavan en Irlande… C’est d’ailleurs dans l’hôtel de ville de Cavan que l’album a été écrit et répété avant d’être enregistré dans le studio légendaire de Rockfield au pays de Galles… Car c’est connu quand The Strypes envoie, Cavan passe…

Bref, ce joyeux album car il l’est, démarre par Behind the closes doors un morceau ludique avec des ralentissements de tempo, un gimmick sautillant et un refrain enlevé. Sorte de jeu sonore entre le surfin’ des Beach Boys et l’urgence urbaine de The Jam, c’est une bonne intro aux 12 autres morceaux qui, sous couvert de légèreté et d’énergie radieuse, feraient presque oublier la richesse et la virtuosité des compositions. Celle-ci sont d’ailleurs fort bien servies par la voix de Ross et une rythmique appuyant là où il le faut pour que l’oreille reste charmée ad libitum mais sans conséquence.

Le punk s’invite sans concession dans le morceau suivant : (I need a break from) holydays mais toujours avec une curiosité, une petite folie qui sera pour ce morceau un mini solo d’orgue Hammond !

Plus doux et un brin nostalgique, Grin and Bear it qui sonne comme un bon vieux Squeeze raconte une histoire d’amour adolescente qui finit mal. Si l’on s’attache aux paroles de ce morceau, on peut se trouver un peu en inconfort avec ses petites piques moralisatrices très premier degré mais « who cares » ? Elles sont vite effacées par le très enlevé et néanmoins fort bien construit Easy riding avec ses ponts et ses riffs de guitares éclatants d’harmonica et d’hammond qui peuvent, à l’instar d’un Back to the U.S.S.R, vous faire taper du pied dans n’importe quelle circonstance.

La surprise ludique arrive aussi sur le morceau suivant : Great expectation alors que le morceau nous avait bien installés dans notre promenade Strypienne du côté de chez Rosie, que Josh commençait tranquillement un beau chorus de guitare très « Gretch »… Soudain un saxophone lui répond et part en solo jusqu’à ce que les 2 instruments s’entendent et finissent le morceau de concert… So heighties !

Ceci dit, la surprise n’est pas encore consommée car vient le 7ème morceau de l’album qui est souvent comme le 7ème point d’un set au tennis, celui qui va déterminer finalement de quel côté sera le gagnant… Clairement, c’est le côté sombre, lourd et sensuel qui l’emporte pour Garden of Eden. Il sied particulièrement bien aux Strypes qui l’ignoraient encore peut-être, car il faut une bonne dose de maturité pour le laisser s’exprimer sans être complétement happé et broyé…

A different kind of tension nous ramène sur un tempo rapide et animé comme son successeur Get over it quickly dans une ambiance ensoleillée parfois parsemée d’envolées quasi extatiques. Puis c’est au tour de Turnin’ my back dont la rythmique scandée fait presque penser à un Devo américain ou un Jacno à la française… La new-wave n’est pas loin !

Y’a-t-il encore des choses étonnantes sur cet album puisque l’antépénultième morceau Black shades over red eyes semble revenir au modèle des 2 premiers ? La réponse est claire à l’écoute du guitare accoustique/voix Mama give me order de bien belle facture.

Il reste le rythme plus chaloupé à explorer sur cet album post eighties revu par un jeune groupe Irlandais. Ce sera chose faite pour clore ce généreux opus, à la façon d’un Paul Simon et son You can call me Al auquel on est obligé de penser jusqu’aux dernières notes du morceau et de l’album.

Sans se dédouaner de ses influences premières et de sa fraicheur, The Strype grandit et, forcément, évolue. Son style reste très personnel mais le groupe commence à explorer de nouveaux horizons et à les intégrer à sa sauce. Sans être encore trop hybride, il a entamé sa deuxième révolution et cela lui va bien. D’ailleurs, Josh le guitariste n’a-t-il pas collaboré il y a peu avec Paul Weller (The Jam, Style council) ? On sent bien également l’implication plus intense de la partie rythmique qui se permet de ne plus être seulement un soutien mais également une partie intégrante de la compo.

Spitting image est un bon album, rythmé, qui rend de bonne humeur mais qui est aussi également ciselé avec de la virtuosité instrumentale et vocale ce qui serait déjà suffisant pour notre bonheur ! Gageons en plus qu’il ne faudra pas à The Strypes beaucoup d’albums pour que leurs influences ne soient plus du tout évidentes et qu’ils deviennent à leur tour source d’inspiration vraiment innovants.

 

-Bérénice

 

 

 

Artiste : The Strypes

Album : Spitting Image

Label/Distribution : EMI Group

Date de sortie : 16/06/2017

Genre : Rock/Pop/Indé

Catégorie : Album Rock

 

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