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FESTIVAL ROCK EN SEINE, Dimanche 27 août 2017, Domaine national de Saint-Cloud (92)

RES 2017 (The Shoes) © Christophe Crenel

Derniers frissons pour l’ultime jour du festival parisien, avec la même chaleur étouffante que la veille, pour une journée encore très dense (la cadence de trois artistes programmés en même temps est ici une pratique courante, ce qui oblige à faire des choix difficiles) entre jeunes valeurs sûres et excitation assumée.

Arrivé pour les dernières notes de Deluxe, c’est en compagnie de TY Segall que commence notre journée dominicale sur le site. Tout en rouge et revêtus de pantalons grenat, le groupe sort l’artillerie lourde garage rock-noise rock dans un répertoire bien fourni (9 albums alors que le chanteur a juste 30 ans). La tournée estivale et la halte parisienne  sont l’occasion de se plonger dans le dernier album (Break a guitar, Freedom ou Warm Hands, ce dernier morceau durant près d’un quart d’heure !) avec un son puissant et des titres impeccablement exécutés. Le dernier morceau, Sad Fuzz, clairement orienté sixties, montre l’étendue des qualités et influences de l’artiste, qui apparait déjà comme un “routier” des festivals. Rock en Seine ne pouvait pas trouver meilleur porte drapeau pour lancer la fin d’après midi.

Au même moment, sur une scène voisine, le rappeur belge Roméo Elvis est rejoint par le producteur Le Motel pour un set composé de titres issus de ses 4 EP. Malgré une reconnaissance récente, le public chantait avec ce jeune rappeur. Venant d’une famille très musicale, il invite sa sœur à chanter sur scène avec lui, un moment très fort du concert. Il  annonce même un concert au Bataclan en novembre après ce set énergisant.

Changement de style avec Mac de Marco devant une foule nombreuse au pied de la grande scène. Le jeune canadien, au look décontracté (à tel point qu’il sera par moment torse nu et sans casquette) invite comme à son habitude des spectateurs à s’installer sur des chaises sur la scène (avec petites tables, verres et bouteilles de vin). Chaleureux, facétieux, heureux, l’artiste défend avec fougue et joie de vivre des titres récents (On the level,  This old dog), s’offre des reprises revisités (A thousand miles, de Vanessa Carlton, mais en se contentant de chanter “Making my way downtown” !) avant de finir avec Chamber of reflection et Still together, dans une communion parfaite avec le public ravi et un bain de foule. Signalons aussi pour ceux qui connaissent peu ou pas du tout la formidable relation entre Mac et tous ses musiciens : complicité, humour, mobilité : un cocktail aussi bon pour un artiste déjanté et imprévisible, mais toujours formidable.

Après avoir quitté La Femme et un passage au festival Génériq en février, Clara Luciani enregistre un EP solo nommé Monstre d’Amour suivi d’une poignée de concerts, mais ceux-ci se font rares. Elle a enchanté Rock en Seine de sa présence sur la scène île de France ou elle a présenté son EP tant attendu. Malgré le set de seulement 30 minutes, avec 6 chansons, Clara Luciani a réussi à captiver le public, et les entraîner dans son propre monde.

Encore un artiste très jeune mais déjà aguerri sur la scène de la cascade : George Ezra. Tout de noir vêtu, très (trop ?) appliqué, il semble avoir un peu de mal à libérer : en fait, il évoque le drame récent de Barcelone où il a vécu, et dédicace le titre Barcelona aux victimes de l’attentat et à leurs familles. Plus à l’aise par la suite, dans un répertoire plus folk (Hold my girl) et mélancolique, le jeune homme à la voix proche de celle d’un baryton (Zane Lowe en a parlé récemment comme l’un des meilleurs vocalistes de la scène rock actuellement) propose aussi bien de nouveaux titres (All my love, Song 6) que des chansons bien rodés, comme Blame it on me ou le très attendu Budapest pour clôturer son set. Une prestation efficace et très propre, avec romantisme et délicatesse.

Direction la scène de l’industrie pour voir les frères d’Addario, alias The Lemon Twigs. La concurrence est rude (Cypress Hill) mais les deux jeunes frangins vont tout faire pendant une heure : hurler dans le micro, se rouler par terre avec une guitare, sauts en grand écart, sans rechigner au moindre effort. Les frères ont débuté à Broadway dans des comédies musicale : ceci explique peut être leur aisance, leur sens du show Leur tenu comme leur musique font penser à du glam rock (un peu Bowie et Queen), très rock mais aussi lorgnant vers les sixties (comme sur I wanna prove to you, où la ressemblance avec John Lennon est étonnante, puis sur As long as we’re together). 60 minutes plus tard, leur premier album Do Hollywood a passé sans encombre l’épreuve de la scène, permettant aux nombreux festivaliers un grand plein d’énergie.

Autre grand nom culte présent cette année à Rock en Seine, les anglais de Slowdive, véritables ambassadeurs depuis un quart de siècle du shoegaze, arrivent sur la scène du Bosquet. Arrivée feutrée, de longs synthés avec de belles lumières bleues, autour d’une musique rappelant le meilleur de Sonic Youth avec la voix du chanteur de Sigur Ros. Chaque titre apparaît comme une invitation au rêve, à la douceur, à l’éloignement de ce monde ; le nom du groupe (« plonger lentement ») correspond on ne peut plus à leur musique et à l’impression qu’elle procure. La scène de capacité plus modeste permet de créer une intimité qui donne un relief particulier aux titres (Alison) d’un groupe dont la reformation récente laisse occasionner de nouvelles possibilités pour (re)découvrir ce groupe anglais.

Pendant ce temps, à quelques quelques dizaines de mètres de là, The Shoes propose un concentré de 30 ans de musique (by Les Inrockuptibles) comme un blind test démesuré et survitaminé (énormes percussions et basses). The Happy Mondays puis Daft Punk croisent Lana del Rey revisité avec Gesaffelstein, les musiques et visages de Blur et d’Etienne Daho se télescopent avec d’innombrables gifs ou smileys sur l’écran, avant que Beastie Boys mixé avec Jungle ou Gossip reboosté et un Philippe Katerine plus vrai que nature n’amènent une folie sur la scène de l’industrie qui apparaît bien modeste. Une surprise de taille est dévoilée : Orelsan monte sur scène aux côtés du duo pour un Jimmy punchline sur les instrus de M.I.A ou de Jay-Z : l’efficacité est redoutable. Le rappeur parti, le duo rémois termine cigarettes, canette de bière et bouteille de champagne arrosant le public et finit avec un Time to dance jubilatoire et jouissif. Une prestation extraordinaire, la foule en redemande (de manière légitime, le groupe finissant avec 10 minutes d‘avance) mais le show s’arrête là : une énorme claque. Toutefois, par un heureux hasard, le groupe a été à la rencontre de quelques fans pour quelques photos et recevoir des félicitations méritées, notamment de la part de Sensation rock.

C’est à la dernière grosse tête d’affiche, The XX, que revient de clôturer le festival pour leur première participation. Ils ouvrent le concert avec le titre instrumental Intro. Et ensuite entament le reste de leur concert principalement composée de leur nouvel album I See You. Malgré une réception mitigée des fans de cet album, la connexion entre eux et le public pendant leur concert est incomparable. Le groupe se compose de 3 membres dont Jamie XX, qui s’est produit à Rock En Seine en 2015. Mais cet avec beaucoup d’émotion, que le set se termine sur le titre Angels, ultime titre de l’édition 2017.

Une très belle soirée de clôture pour un festival riche cette année en décibels et en émotion, mais qui confirme bel et bien que depuis quinze ans, Rock en Seine est devenu un rendez vous incontournable et particulièrement attendu. Merci au festival pour son accueil et le cadre toujours merveilleux du domaine de Saint Cloud, idéal pour prolonger vacances et plaisir.

 

  • James Catterson
  • Julien Lagalice
  • Crédits photos : Kathleen Devaux
  • Crédits photos Rock en Seine : Olivier Hoffschir, Victor Picon, Christophe Crenel
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