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HELLFEST 2017, samedi 17 juin 2017, Clisson (44)

Troisième jour de festivités. Le réveil se fait en deux temps : moi, puis mon dos. (…) Armés de la crème solaire achetée dans une grande surface clissonnaise totalement en phase avec le festival (bières à l’effigie de l’événement, écriteaux publicitaires à tête de mort, …), nous gagnons le site infernal. Après avoir traversé le camping, puis le Metal Market et arrivant sur le Hellcity Square, nous constatons qu’il y a beaucoup plus de foule que la veille à l’entrée. C’est samedi. Et puis, nous sommes moins bons élèves que la veille, car nous avons séché la première heure…

Nous entamons la journée par un bref passage au Temple pour nous décrasser les oreilles avec Monarque. Ici pas de protocole qui tienne, mais une voix lugubre au service de Son Altesse Sérénissime le black metal. « J’ai beau être matinal, … ».

Nous nous esquivons en direction de la scène principale reconfigurée en vue du show d’Aerosmith ce soir. A cette heure-ci, The Dead Daisies battent le pavé. Cet agrégat de musiciens (issus de Whitesnake, Mötley Crüe ou encore Thin Lizzy) propose un hard rock dans lequel la voix redoutable de John Corabi se frotte aux riffs ciselés de Doug Aldrich. Avec des refrains imparables et des soli aux petits oignons, l’assistance est déjà aux anges.

À l’issue de ce concert, nous glissons sur la scène mitoyenne afin d’observer les locaux de l’étape, j’ai nommé Ultra Vomit. Et c’est sur les thèmes musicaux des Looney Tunes puis de Fort Boyard que les trublions font leur entrée dans l’arène. Des paroles résolument décalées, voire scato sont déversées sur des morceaux (nu) metal de très bonne facture, qui s’enchaînent à grande vitesse. Malgré le créneau horaire, le public est venu en masse afin d’entonner des titres comme Je collectionne les canards vivants, les parodies de Face à la mer ou de Rammstein. Lors d’une parenthèse politique, Nicolas Patra invite le public à un braveheart opposant « les forces qui nous divisent, à savoir le pipi et le caca » (dixit le chanteur de la formation)… Bref, plus potache que ça, on n’en fait pas.

Fin de la récréation, nous attendons l’ex-Motörhead, Phil Campbell désormais entouré de ses Bastard Sons. Nous sommes alors interpelés par le groupe Slydigs. Eux-mêmes sont sollicités pour des photos. Visiblement, ils ont besoin d’un coup de main afin d’être tous sur la pellicule / carte mémoire (c’est au choix). Nous nous séparons lorsque les guitares retentissent. Le show est robuste et tend vers un rock inspiré des années 90. Alors que l’expérimenté Phil dispense ses soli distordus, Neil Starr, robuste gaillard assurant le rôle de chanteur, fait tournoyer sa tignasse épaisse entre deux braillements dans son micro.

Nous partons pour le Temple à la découverte de la sensation rock (!) du moment : Igorrr. Derrière ce nom à l’orthographe capricieuse, se cache Gautier Serre, un Strasbourgeois collectionneur de sonorités variées. Sur scène, il évolue derrière ses machines aux côtés d’un batteur ainsi que de deux chanteurs s’opposant en tout point : d’une partie, un monstre peinturluré et en guenilles au style hardcore (Laurent Lunoir), d’autre part, une femme – Laure Le Prunenec – proposant une prestation lyrique. Ce mariage extraordinaire, aux accents de La Belle et la Bête, est complété par un fond musical apocalyptique : ici se percutent la musique baroque (avec le clavecin), la musette (accordéon), les airs d’Europe de l’Est et surtout l’électro poussé dans ses retranchements. Les beats de dubstep et les tempi survoltés du breakcore parachèvent cet OVNI artistique. Un peu comme si Eric Serra avait remixé sa BO du 5e Élément sous amphétamines… Bref, on ne sort pas indemne de cette expérience sonore !

Retour sur la grande scène, avec The Treatment. Ces Anglais aux gueules d’anges (en comparaison avec le chanteur précédemment évoqué …) offrent quant à eux une prestation bien plus classique, presque orthodoxe pour du hard rock. En bon showman, Mitchel Emms joue avec une caméra backstage qu’il invite sur le devant de la scène. Bref, c’est sympa mais un brin convenu. Ugly Kid Joe reprend les commandes sur la MS1. Nostalgiques des années 90, ce spectacle est pour vous. Le groupe a désormais laissé au placard ses longues chevelures d’antan, toutefois les titres de ces sales gosses fonctionnent toujours aussi bien, tels Neighbor ou Milkman’s son.

Nous nous rendons à la War Zone pour assister à la seconde partie de Zeke. Le gang punk génère un tel remue-ménage qu’un épais brouillard de poussière s’est levé. Grisés par l’ambiance, nombreux forment un circle pit qui accentue le dégagement de terre émiettée. Tous à vos foulards !

À l’issue de cette tempête, nous cherchons un endroit à l’ombre de la forêt – pardon  du Kingdom of Muscadet – afin d’échapper, le temps du repas, au soleil accablant. Mais trouver un petit coin de paradis ombragé tient presque du tour de force. (…) Rassasiés nous réattaquons avec Frank Carter. Après une arrivée sur du Ennio Morricone, le turbulent rouquin, à la chemise rayée semblable à une guêpe, sème rapidement le chaos. Il franchit même la crash barrière et se fait porter par le public à l’issue du premier titre ! Les Rattlesnakes qui l’accompagnent sont également très en jambes. Si Zeke était synonyme de chahut, avec Carter c’est le délire puissance 10 !

Nous quittons ce terrain de jeu terreux pour Steel Panther qui vient de débarquer sur la MS1. Avec ses tenues flashy en lycra renvoyant à l’âge d’or du glam metal, la bande emmenée par Michael Starr (aucun lien avec le hurleur des Bastard Sons) séduit le public. La formation est très loquace et incite les femmes à dévoiler leur poitrine. (« nichons » dans le texte). Passées ces palabres inspirées du triptyque sex, drugs and rock’n’roll, les Américains distillent des titres imparables qui génèrent de nombreuses vocations de stripteaseuses et de slammers.

Quittant les excentriques Steel Panther, nous faisons un saut au Temple pour profiter des dernières minutes de Skepticism. Élégant à l’instar d’un ténor, Matti Tilaeus beugle sur fond de musique de funérailles ultra lente et distordue. Voilà encore un spectacle détonant.

Nous nous rendons à la Valley à l’appel des Français de Mars Red Sky. Ici l’ambiance est tournée vers un stoner rock teinté de psychédélisme. Une fois n’est pas coutume, le chapiteau ne déborde pas. N’empêche la prestation est excellente et pleine d’onirisme.

Peu avant 19h, Trust fait son entrée sur la scène principale. Après des années d’attente, les hérauts du hard rock made in France sont de retour. Toutefois, la prestation servie est plutôt plate (doux euphémisme). Bernie Bonvoisin déboule avec ses lunettes noires et un bonnet vissé sur la tête. Le concert débute avec L’archange puis Marche ou crève ; le chanteur est alors penché sur ses paroles. Certes, Nono fait le boulot à la guitare, mais Bernie semble à côté de la plaque, limite antisocial … Déçus nous nous sauvons (de toute façon je dois revoir le groupe sous peu aux Artefacts de Strasbourg).

Assis aux abords de la Press Area, nous prenons un rafraîchissant bien mérité alors que la fanfare des Pastors of Muppets reprend des standards comme Thunderstruck avec des instruments à vent. (…) Après un bref passage du côté de la Valley pour applaudir Chelsea Wolfe (parée tel un aigle noir et hurlant dans les micros de sa demi-caisse), je file rejoindre Éric en vue du concert des fils spirituels d’AC/DC, j’ai nommé Airbourne. 21h, Joel O’Keeffe débarque subitement et fait vrombir les murs d’amplis Marshall. Si l’on ajoute à cela, les chorégraphies à base de headbangings terriblement contagieuses, les soli débridés, on tient là un grand moment de hard rock à l’ancienne. Toujours aussi loufoque, le frontman s’emploie à ouvrir les canettes de bière en les frappant sur sa tête et part en chevauchée sur un kangourou à travers tout le pit.

Primus débutant avant la fin du concert des Australiens, nous devons nous extraire de la foule pour gagner le chapiteau situé aux antipodes. Une nouvelle fois, l’accès se fait difficilement. Il est vrai que le groupe du bassiste Les Claypool (alternant ce soir chapeau melon et masque porcin) est plutôt rare en Europe/France, donc c’est un événement à ne pas rater. (…)

Éric est le premier à rejoindre la MS2 afin d’immortaliser Apocalyptica. Pour ma part je profite encore un temps de ce spectacle mêlant rock expérimental et séance d’hypnose des Californiens. Filons tout de même avant de perdre de vue le photographe ! Bien que diffuse, la foule est au rendez-vous pour le show des 4 violoncellistes amateurs de metal (il faut dire aussi qu’Aerosmith jouera prochainement au même endroit). La prestation gagne en puissance lorsqu’un batteur se greffe à la formation classique – sur One de Metallica – et que certains commencent à jouer debout sur le devant de la scène.

Coincé entre la fin du concert des Finlandais et le très attendu passage de la bande à Steven Tyler, Wardruna s’est installé sous le chapiteau du Temple. Une immense colonne de photographes attend de pied ferme ce spectacle que l’on dit mémorable visuellement parlant. La formation norvégienne débute piano avec des instruments traditionnels et des ossements avant d’entonner des airs ancestraux. Amoureux de la série Vikings, sachez que le chanteur principal a des faux airs du héros, Ragnar Lodbrok. (…) Peu à peu, la lumière se révèle grâce à des coupes qui s’enflamment,  appuyant davantage cette atmosphère d’ailleurs. On se laisserait bien transporter plus longtemps … toutefois, Aerosmith n’attendra pas !

Aerosmith… Que dire ? C’était bien. C’était même très bien. Un rêve de gosse depuis la vision de Wayne’s world 2 au cinéma en 1993… Il serait mesquin de compiler 1h30 de concert en 4/5 lignes. Du coup, il fera l’objet d’un live report ! Ce qui est sûr, c’est que malgré leur brouille réelle, Tyler et Perry ont assuré ce soir à Clisson pour cette tournée d’adieu. Jouant les classiques Cryin’, Livin’ on the edge, Love in an elevator ou encore Dude (looks like a lady), le quintet a fait chavirer les dizaines de milliers de personnes présentes lors de ce moment de communion.

Alors que j’assiste aux derniers titres des Bostoniens, dont la sublime Dream on interprétée au piano sur l’avancée de scène par le leader, Eric est parti shooter les turbulents Suicidal Tendencies, afin de ne pas être déçu comme la veille avec Rancid. (…) Une pluie de confettis ponctue la grand-messe menée sur la Main Stage 1. Je rejoins alors la War Zone, dans laquelle les Californiens ont mis à terre le reste des festivaliers. Malgré l’heure tardive, le show est musclé, notamment grâce à un Mike Muir toujours aussi percutant.

(…) Rebroussant chemin, nous croisons des festivaliers qui s’amassent aux abords du Metal Corner. Ceux-là sont bien décidés à repousser au maximum l’heure du coucher. Au programme du mix sous le chapiteau, du punk avec Green Day… Pour nous, retour à Torfou.

-Benoît GILBERT

Crédits photos : Eric

 

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