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BARONESS + AUTISTI, le lundi 12 juin 2017, La Laiterie – Le Club, Strasbourg (67)

Arrivant devant la salle de concert, il n’y a ni barrière, ni sécurité ; les portes sont closes. D’autres spectateurs sont également là, déconcertés. Et pourtant, un tour bus est garé dans la rue comme à l’accoutumée. A proximité, un homme de grande taille et vêtu d’un débardeur effectue des exercices sur le trottoir… c’est John Dyer Baizley, le chanteur de Baroness, qui se prépare comme un sportif. Nous nous rapprochons. Il nous salue et indique l’entrée du Club. Ok, ce soir les natifs de Savannah joueront devant un petit comité.

 

Avant d’assister au concert des Américains, nous patientons avec le groupe d’ouverture, Autisti. Avec cette formation helvétique, la soirée démarre sur les chapeaux de roue et leur concert finira sur les rotules du chanteur et guitariste, Louis Jucker. Ce trio est composé dudit personnage aux faux airs d’Andrew Stockdale (le frontman des Wolfmother), d’Emilie Zoé son pendant féminin, et de Steven Doutaz à la batterie. Les Suisses proposent un set tendu et nerveux essentiellement axé sur le disque 2 du projet L’altro mondo (projet comptant au total 5 galettes). Les titres sont puissants et dans une veine résolument rock indé, mêlant l’esthétique lo-fi à la fureur du garage rock. A l’issue de ce show, les premières influences qui me viennent à l’esprit sont les Pixies (notamment pour le duo de voix féminine et masculine à la Deal-Black), de Dinosaur Jr (également pour le caractère plaintif du chant, le son épais et sale), voire Guided by Voices pour les mélodies simples, dissonantes et bruitistes.

Le groupe s’est armé de deux énormes caissons avec les enceintes à nu, façon chaîne hifi surdimensionnée, devant lesquels Jucker marquera de nombreux arrêts, en quasi-transe. Alors que le batteur pilonne ses fûts de façon brutale, la Lausannoise ressemble à une pile électrique qui finit pas rompre une corde. A contrario, lorsque les deux bretteurs mélangent avec subtilité leurs voix sur Curb, l’instant se fait plus calme avec ce titre lancinant qui procure un sentiment de malaise. Après avoir présenté le groupe, le guitariste chevelu lance You Felons!
en déclenchant sa pédale distorsion scotchée au pied de micro, à l’aide de ses grands compas. Alors que son alter ego féminin ne cesse de bondir sur place de manière frénétique, il tombe à genou et jette sa guitare au sol. Absentee clôt le concert dans un vacarme sonore chaudement plébiscité. Furieuse et décapante, telle fut cette première partie fort sympathique.

Après avoir fait place nette pour la tête d’affiche, le trio disparaît permettant à Baroness de débuter à l’heure convenue avec l’urgente Kerosene, issue du disque violet. Le ton est donné : John Dyer Baizley, homme à la barbe fournie, hurle sans s’économiser et cela jusqu’au terme de la soirée. Sur sa droite, Gina Gleason, le joker de luxe récupéré in extremis pour la tournée après le départ précipité de Peter Adams, est un petit bout de femme aux tempes rasées qui assure avec efficacité le job. Soli, headbangings à gogo et chœurs musclés lors des refrains, elle déploie toute la panoplie afin de se fondre dans le groupe. Soyons honnêtes, ça passe comme une lettre à la poste ; chapeaux bas. L’album Purple est à nouveau à l’honneur avec Morningstar et Shock me. Face à une chaleur pesante dans la petite pièce, les batteur et bassiste se mettent torse nu, toutefois le groupe ne se ménage pas et fait preuve de générosité. Quant au frontman – qui ne boude pas son plaisir d’être face à une salle comblée – il semble évacuer des litres d’eau, au point d’inonder la bonnette de son micro qui ruisselle à son tour.

 

Tour à tour, ce sont les albums vert (l’instrumentale Green theme et Board up the house), puis jaune (Little things introduite par une pédale whammy et sa ligne de basse chaloupée) qui sont mis en avant. L’univers sludge progressif du groupe resurgit davantage avec Wanderlust. Entre la voix démentielle de Baizley et le déluge sonore, le tonnerre semble s’abattre sur le lieu strasbourgeois. L’enchaînement de la troublante If I have to wake up (would you stop the rain) avec la délicate Fugue ramène un temps de l’ordre au sein de la foule. Le bassiste Nick Jost délaisse alors sa 4-cordes afin d’asséner de profondes basses à l’aide de son clavier, tandis que les deux gratteux se fendent de motifs harmonisés.

 

Desperation burns secoue à nouveau l’auditoire avec son riff bourrin porté par la rythmique robuste de Sebastian Thomson, l’homme derrière les fûts. Introduite par un arpège cristallin joué aux doigts, Cocainium tranche avec la précédente. Les Baronnes repartent en territoire prog avec ce titre dansant et aux accents 70’s. Vient ensuite l’heure de Chlorine & wine, Même s’il dure 7 bonnes minutes, ce morceau grandiose et parfaitement exécuté semble encore trop court …

Avant les rappels, les Américains atomisent une nouvelle fois la Laiterie avec The sweetest curse. Gina Gleason supplante alors J. D. Baizley lors d’interventions éructées, avant d’harmoniser sa guitare à celle du leader durant le solo. Rincés mais pas fatigués, les 4 musiciens reviennent rapidement pour deux chansons supplémentaires, à savoir la très déstructurée Isak et Take my bones away.

 

Le set à peine terminé, Baizley descend dans la fosse à la rencontre de son public. L’homme au regard perçant est affable et dispense son sourire à l’ensemble de ses interlocuteurs. Bref, la soirée n’est jamais terminée avec un tel personnage. (…) Ce soir fut en quelque sorte une mise en bouche avant mon départ pour le Hellfest. Cette semaine, ça sera donc ration double de Baroness ! Quant à Autisti, leur disque est désormais sur ma platine vinyle…

 

Setlist d’Autisti

Dealbreaker 
The Dower
Peaches for Planes
No Anchor
Curb
L’Altro Mondo
You Felons!
Absentee

 

Setlist de Baroness

Kerosene
Morningstar
Shock me
Green theme
Board up the house
Little things
Wanderlust
Wake up / Fugue
Desperation burns
Cocainium
Chlorine & wine
The sweetest curse
Rappel
Isak
Take my bones away
 

– Benoît GILBERT
Crédits photos : Benoît GILBERT

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