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MONSTER MAGNET + LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL, le mardi 30 mai 2017, La Laiterie – Grande Salle, Strasbourg (67)

Se garer dans la rue du Hohwald est possible les soirs où la Laiterie se met en off. Et pourtant en ce mardi 30 mai, touché par la grâce je trouve une place à 50m de l’entrée. Bizarre… En entrant dans la grande salle, l’explication saute aux yeux : les Monster Magnet ne feront pas salle comble (les gradins sont inaccessibles et masqués par des rideaux noirs) et pourtant ils le méritaient !

 

La soirée débute avec les locaux de Los Disidentes Del Sucio Motel, un quintet puissant et déterminé à faire frissonner une Grande Salle clairsemée. En effet, le combo strasbourgeois défend ce soir son dernier né, Human collapse, sorti l’an passé à travers 6 titres. La prestation est robuste et très floydienne : la mise en scène donne d’emblée le ton, avec un décor de briques défoncées qui enserre un écran diffusant des images inquiétantes et en lien avec la narration de l’album.

Les 5 premiers morceaux correspondent à la tracklist de leur opus pensé comme un concept album post apocalyptique. Dès l’intro qu’est 7PM Choice, la formation balance des sons déchirants sur lesquels s’appuient des voix plaintives. Enchaînant avec Decision, LDDSM réussit à délivrer un sentiment d’incertitude. Le chant est puissant (renvoyant notamment à Baroness), tandis que les grattes déversent un flot de notes/accords saturé(e)s au rythme des lourdes batterie et basse quasi-martiales. Avec Departure, le rock proposé devient brûlant, à la limite de l’explosion, grâce à des montées en tensions et des hurlements massifs, flirtant avec l’emo ou le hardcore (comme sur Border).

Tout roule comme du papier à musique et l’intensité gagne encore un cran avec Trip, morceau au cours duquel la batterie se fait versatile. Entre deux pilonnages, les passages ultra lents sont de sortie sur fond de guitares distordues et alignant des accords maousses. Sur Border, le long pont, supporté par une 6-cordes tenace et des machines distillant des sons synthétiques, aboutit finalement à des « Run » expirés au rythme d’une batterie effrénée (un clin d’œil à Run like hell ? …). Outre les similitudes susdites avec les chantres du rock prog anglais, le public assiste à un show compact, mêlant le sludge au nu metal et véhiculant un caractère anxiogène.

La transition avec Determination – un titre normalement positionné au terme de l’opus – s’opère avec brio, grâce à un riff stoner à la QOTSA accompagné d’un charleston intermittent. Bref, le groupe est rodé et rappelle à son auditoire qu’il est prêt à en découdre avec les hordes de headbangers (en tout cas les plus matinaux) le 16 juin pour leur date au Hellfest.

 

Avant de se retirer, LDDSM conclut avec une reprise bien sentie de Welcome to the machine. C’est alors au claviériste de se charger du chant pour ce morceau angoissant et emprunté à Wish you were here. Même si l’assistance fut comptée, cette première partie fut d’excellente facture.

 

Après un changement de plateaux rapide et une balance décapant les conduits auditifs, la tête d’affiche du soir fait son entrée. Avec un line up refondu (les guitares sont désormais laissées aux bons soins de Garrett Sweeny et de Phil Caivano ; la batterie à Bob Pantella), Monster Magnet est là pour enchaîner ses titres vitaminés.

Alors que la salle est devenue une fournaise, le groupe mené par Dave Wyndorf, débute avec la tranchante et hypnotique Dope to infinity. La puissance de feu du gang du New Jersey fait mouche. Ce morceau stoner vieux de plus de 20 ans n’a pas pris une ride. Il n’en est pas de même pour le ténébreux chanteur à la veste militaire dépourvue de manches … Bien moins fringant que par le passé (pensez aux clips excentriques qui ont popularisé la formation), le frontman assure pourtant le show. Ses faux airs d’Iggy, avec ses grands cheveux filandreux dansant au gré des ventilateurs et ce regard de possédé en direction des premiers rangs, lui confèrent un charisme indéniable.

Sur les 12 titres de la setlist du soir, 9 sont issus d’albums des années 90 ; exceptions faites de Radiation day, I want more et d’une nouveauté pourvue d’un riff monolithique et d’un concentré de wah wah intitulée Mindfucker. Parmi ces morceaux d’anthologie, Powertrip secoue la Laiterie grâce à son rythme de guitare saccadé et la cavalcade menée tambour battant par le frappeur derrière les fûts, quant à l’abrasive Look to your orb for the warning, elle tient davantage du space rock avec la diction et les effets sur la voix du remuant leader.

Ce concert apparaît comme un savant mélange entre les 70’s, notamment à travers le jeu de Phil Caivano et ses soli heavy metal à la Tony Iommi (à l’instar de Twin earth) et les années grunge grâce au robuste Garrett Sweeney, tout droit sorti d’un clip de MTV, avec ses baskets de skater, ses cheveux longs à la Eddie Vedder et son air bourru. Avec le titre fleuve qu’est Spine of god, le groupe se fend d’une longue séance d’hypnose collective. Les vidéoprojecteurs diffusent alors des cercles concentriques qui se mêlent aisément avec les motifs orientaux et hallucinatoires de Caivano. Ce morceau de bravoure alterne les phases d’extrême brutalité et celles de langueur, durant lesquelles Wyndorf semble divaguer lors de génuflexions mystiques, avant d’évacuer les lieux dans un déluge sonore impressionnant.

 

Lors des rappels, le groupe interprète Negasonic teenage warhead, une chanson punchy et boostée au flanger. Sans grand étonnement, c’est l’album Powertrip (1998) qui a l’honneur de boucler le tour de chant avec les deux titres phares que sont Tractor et Space lord. Tandis que la guitare joue inlassablement le riff introductif de ce dernier hit qui fit leur renommée, le pasteur Wyndorf clôture cette grand-messe stoner avec le poing levé, sermonnant la foule avec des « brothers » et des « sisters » en-veux-tu-en-voilà, avant d’éructer ses fameux refrains.

Avec seulement 12 titres au compteur pour un groupe qui se fait discret en France, on pourrait rester sur sa faim. N’empêche, devant une salle bien maigre Monster Magnet a assuré une prestation sensationnelle, grâce à un son crade et puissant (peut être trop même). D’autres auraient certainement annulé la date…

 

NB : Pour les plus chanceux, ces deux formations seront dans quelques jours sur scène lors du Hellfest pour une piqûre de rappel!

 

Setlist de Los Disidentes Del Sucio Motel
7PM choice
Decision
Departure
Trip
Border
Determination
Welcome to the machine (Pink Floyd cover)

 

Setlist de Monster Magnet
Dopes to infinity      
Radiation day
Powertrip
Mindfucker
Look to your orb for the warning
Twin earth
I want more
Dinosaur vacume
Spine of god
Rappel
Negasonic teenage warhead
Tractor
Space lord

 

– Benoît GILBERT
Crédits photos : Benoît GILBERT

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