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FEIST, Pleasure

Six ans. C’était le temps nécessaire à la talentueuse Feist pour retrouver l’inspiration et donner naissance à Pleasure. Onze titres en guise d’aller simple pour un univers envoûtant et intimiste. C’est dire si la voix de la belle Canadienne nous avait manqué…

A la manière de Hanni El Khatib sur ses premières productions, le nouvel album de Feist est à la fois simple et brut de décoffrage. Grâce à des choix instrumentaux épurés, l’aspect « garage » de cet opus est réel. Feist revêt les costumes des plus grandes rockeuses, se muant parfois en une sorte de néo Karen O avec, toujours, ce timbre unique et sensuel. Pleasure est un de ces voyage que l’on espère sans retour.

Les guitares sont omniprésentes sur les nouvelles compositions de Feist. Les effets de discordance sont devenus une véritable lubie depuis qu’elle a croisé la route de cette fille de 19 ans dans un camp de musique à Toronto. « Elle créait des distorsions de son avec sa guitare électrique. J’ai trouvé ça très fort », a confié la chanteuse. Il n’en résulte pas moins des morceaux d’une grande sensibilité.

Le premier titre éponyme annonce les réjouissances. On a envie de se lover dans la voix douce et enveloppante de Feist. Le rythme s’accélère et la brunette se fait de plus en plus animale. Un lâcher prise exaltant de la part de l’interprète de My Moon My Man, son tube intemporel. Feist avait toujours flirté avec les frontières du rock, sans jamais s’y adonner pleinement. C’est désormais chose faite.

I wish I didn’t miss you est jouée à la guitare acoustique, et laisse champ à l’expérimentation grâce à des échos travaillés. Cette chanson parle du sentiment de chaos et de vide ressenti après une rupture.

Dans Pleasure, la douleur se transforme en art, en poésie.

C’est dans un registre tout aussi profond que s’ouvre Lost Dreams. Un morceau sur les doutes et les désillusions dont on fait face au cours de sa vie.

Les morceaux se suivent, débordants d’émotion et de sensualité. C’est notamment le cas du sublime A man is not his song. The Wind nous laisse rêveur. Quant à Century, ce titre ravageur est digne d’un Blondie ou d’un girls band endiablé.

Pleasure évolue dans un atmosphère unique, où Leslie Feist s’essaye à de nouvelles techniques musicales. Elle semble, parfois, s’éloigner du micro. Une prise de son à distance qui permet une création à fleur de peau. Les chœurs sont tout aussi remarquables, comme sur le suave Get not high, get not low ou Any Party.

L’enregistrement laisse entendre les moindres craquements de guitare, renforçant cette sensation d’intimité, et consolidant la dimension folk de l’opus. Il a par ailleurs était conçu dans une ancienne église reconvertie en studio à New York. Toute la tessiture vocale de la chanteuse y est exploitée. Une signature unique et sans fard.

Dans ce nouvel album, la chanteuse canadienne se dévoile et semble se livrer du plus profond d’elle-même. On ne peut que lui répondre une chose : Merci.

 

  • Léopoldine DERIOT

Artiste : Feist
Album: Pleasure
Label/Distribution : Universal music
Date de sortie : 28 avril 2017
Genre : Pop/rock/folk
Catégorie : Album Rock

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