Logo Sensation Rock

SOULWAX, From Deewee

Plus de 20 ans de carrière, des projets par dizaines (dont le fameux 2 many DJ’s) et toujours l’envie de surprendre de la part des frères Dewaele au moment de la sortie de leur cinquième album studio, enregistré en une seule prise dans leur studio, 12 ans après Nite Versions.

Present tense, un instrumental de 90 secondes ouvre l’album, et on ne peut s’empêcher de penser à la BO d’Orange Mécanique ou à Kraftwerk, pour un morceau minimaliste et inquiétant : mais déjà, le son Soulwax se met en place dès le second titre Masterplanned, celui des années 2000 où la puissance du groupe rejoint la précision mécanique des productions de Mirwais de l’époque, mais avec des influences tournées aussi vers le jazz et la voix du chanteur venant réchauffer le tout. Missing Wires débute par un déluge de batterie : cette composition illustre assez bien le projet du groupe (enregistré avec les mêmes musiciens et matériel que lors de la tournée live de 2016), avec trois batteurs qui collaborent avec le groupe, donnant à ce morceau notamment une énergie dont on imagine qu’elle peut être proche de celle du live. Rythme de batterie, synthés et voix : la trilogie se met ainsi en place (notamment la deuxième partie du morceau, très convaincante).

Conditions of a shared belief nous replonge dans l’univers kraftwerkien (comme un peu plus loin avec Transcient Program For Drums And Machinery, mais avec un tel titre pouvait-il en être autrement ?) avec des pulsions électros délicieusement vintages et la recherche de la perfection : les belges sont devenus de véritables men machine !

 

Is it always binary, lui aussi sous influence jazz, met lui aussi la batterie à l’honneur, avant un joyeux brouillage sonore, évoquant l’univers de Hot Chip. My tired eyes, tout en conservant l’inventivité du groupe, s’oriente davantage vers une pop « romantique » et new wave (celle du groupe Human League par exemple, voir Depeche Mode) : le morceau est sans aucun doute un temps fort de ce disque.

Trespassers avec sa batterie subtile avec des cassures de rythme et la voix délicate évoque  LCD Soundsystem (par ailleurs, James Murphy a mixé pendant de longues heures avec les belges il y a quelques années), impression renforcée par l’écoute du titre suivant The singer has become a deejay (on l’imagine particulièrement tonique et efficient en live). C’est pratiquement à la fin de l’album que le puissant son de Soulwax (avec un final monstrueux) si reconnaissable se met en place avec Here come the mens in suit : comme si le groupe avait fini de remonter le temps, d’articuler leurs références et de justifier qu’ils sont bel et bien devenus un grand groupe, capable de surprendre sur le dernier morceau, Goodnight Transmission, sorte de jolie ballade électro apaisante et légèrement suave.

Au final, un album étonnant et surprenant, maîtrisé à tout point de vue et qui dénote l’audace et la créativité de ce groupe perfectionniste, exigeant et avec le souci de ne jamais se répéter. Soulwax, sans doute la meilleure histoire belge du moment.

 

  • Julien Lagalice

Artiste : Soulwax
Album : From Deewee
Label / Distribution: [PIAS] Date de sortie : 24/03/2017
Genre : Rock alternatif, indie rock
Catégorie : Album rock

Total
0
Shares
Related Posts
Read More

MOBY, Destroyed

Little Idiot/Because/2011 Le sosie de Fabien Barthès revient avec un nouvel album au titre inquiétant. Découvrons-le ensemble. Après…