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FESTIVAL GENERIQ : WARHAUS, samedi 18 février 2017, le Scènacle, Besançon (25)

Complet depuis un bout de temps, ce second concert de Warhaus (après un passage dijonnais la veille) dans le cadre du Festival GéNéRiQ est un événement très attendu à Besançon. Il faut dire que ce nouveau projet de Marteen Devoldere (également membre de Balthazar) est une réussite. We fucked a flame into being est un premier effort largement encensé, alors assister à sa représentation justifie cette excitation collective. Quelques chaises ont d’ailleurs été rajoutées afin d’accueillir une petite centaine de veinards, qui s’installe dès 20h dans une salle cosy, habillée d’une épaisse fumée laissant derrière elle de vagues halos de couleur violacée…

L’endroit n’est pas encore totalement plein lorsque le groupe décide d’investir la scène surélevée de quelques centimètres du Scènacle. Entouré de Michiel Balcaen, batteur de Balthazar déboulant en chaussettes blanches et de Jasper Maekelberg, guitariste aux faux airs de Keanu Reeves dans John Wick, Marteen Devoldere fait son apparition. Il empoigne tour à tour un mélodica (instrument à vent en plastique pourvu d’un court clavier) puis sa trompette le temps d’enregistrer des boucles musicales avec un looper sur le premier titre qu’est Control. Malgré un regard pénétrant, le grand dandy blond au costume noir semble timide – impression ressentie également lors de l’interview réalisée quelques heures avant le show – et mettra du temps afin de trouver son aise en évoquant, au détour d’un échange en français avec le public, sa peine à prononcer correctement « Besançon ».

Sans transition, le groupe enchaîne avec la sublime The good lie. Même si Sylvie Kreusch n’est pas de la partie ce soir, le Flamand est soutenu par les choeurs de ses acolytes et, dans un registre crooner à la voix nonchalante, remonte à plusieurs reprises l’allée centrale, du moins, tant que le câble du micro lui accorde du mou. Sur le titre suivant Beaches, Marteen se fait bassiste le temps de créer une nouvelle boucle. On profite alors d’une instrumentale vénéneuse que l’Homme à la Tête de Chou n’aurait pas renié. Le morceau s’étire bien au-delà du format de l’album, permettant au gratteux de tirer des sons abrasifs et de plus en plus débridés de sa Danelectro.

Avec Against the rich, la formation alterne les ambiances. Si d’emblée le batteur lâche la bride en frappant ses toms avec vigueur, le pont se présente comme un pur moment de délicatesse, joué par le seul chanteur et sa 4-cordes, tandis que le final se charge d’onomatopées féroces. Ovation nourrie de l’assistance.

Dans une configuration minimaliste et désormais bleutée, le blondin longiforme interprète alors la somptueuse et très 60’s Memory. Seul au milieu d’une scène désormais bien grande, Marteen égraine quelques notes à la basse. Le titre en devient intimiste pour un concert qui en avait déjà les attributs.

Arrive enfin l’heure de la sophistiquée Machinery (pour information, avant notre entrevue avec Devoldere nous avons profité des balances, temps durant lequel ce morceau fut longuement répété). Exécutée avec majesté par le trio qui endosse la charge de plusieurs instruments, on comprend mieux alors comment le groupe approche de la perfection ce soir. Sur la psychédélique Here I stand, le public bisontin assiste à un grand moment gainsbourien, période Melodie Nelson. Tous les instruments traînants sur la scène sont convoqués. Après avoir joué avec de multiples motifs de basse, de mélodica ou de trompette mis en banque dans son large pédalier à effets, le frontman se retire laissant la part belle à ses partenaires pour un jam frénétique aux accents jazzy.

La romantique I’m not him connaît le même traitement et gagne en noirceur. Les couches de voix se superposent au gré du maître d’orchestre qu’est Devoldere, tandis que Maekelberg évolue sur sa 6-cordes avec un tournevis ! On assiste gourmand à une apothéose hypnotique.

 

C’est sûrement la raison pour laquelle le grand blond demande à l’assistance de poursuivre la fin du concert debout. Une « nouvelle chanson », Mad world, boucle le show sur un thème cabaret à la Tom Waits. Les Belges se retirent pour revenir dans la minute tant la salle est survoltée. Le rappel comprendra la vagabonde Bruxelles. Une fois de plus, le sombre élégant parcourt l’allée centrale au cœur de son public tapi derrière cette fumée permanente et conclut sa prestation du haut d’une chaise.

Au terme de 11 titres mêlant grâce et déferlements furieux, le groupe se dérobe définitivement. Les spectateurs jubilent devant ce set de grande classe. L’instant fut exquis avec cette musique tantôt grandiloquente, tantôt minimaliste et gorgée d’un romantisme sombre. Demain, dernier jour d’un festival à la programmation chiadée. Au menu The Amazons, Holy Two et un groupe mystère qui feront résonner les salons du Stade Auguste Bonal de Sochaux. To be continued …

 

  • Benoît GILBERT
  • Crédits photos : Benoît GILBERT

 

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