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COLT SILVERS, Swords

 

Trois ans après le remarquable Red Panda, Colt Silvers attaque la rentrée l’arme au poing. Enregistré au Waterfront Studios à Hudson (Etats-Unis), ce troisième album des Strasbourgeois est un grand moment de métissage musical. Ici, la rencontre de l’électro, de la pop aux accents manga et des cordes de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg – avec lequel ils ont assuré un concert cet été dans la capitale alsacienne – est parfaite et d’une efficacité implacable. Les 11 pistes finies, on appuie à nouveau sur Lecture sans hésitation. Décryptage d’un disque majeur.

 

D’emblée, une voix extraite d’un grand manège à sensation répète inlassablement le titre, Words are swords. Des sons électro proches d’ordinateurs calculant à l’infini guident l’auditeur dans ce dédale sonore. La basse tenue par Nicolas Lietaert est boostée à la disto afin de conclure cette première claque musicale.

S’appuyant sur un beat percutant et des claviers dignes de jeux vidéo sur consoles 16bits, The Sound est un appel au dépaysement. Le pont vire au délire avec une boîte à rythme énorme et une accumulation de sons mats, rebondissants et saturés.

Disponible depuis plusieurs semaines sur le Net au travers d’un clip, 2 hearts est une chanson qui propulse dans l’univers japonisant. Une véritable invitation à déambuler dans un lacis de rues tout droit sorti des mangas des années 90 !

Yours est une chanson pleine d’émotions : dès l’introduction le clavier (emprunté à Panda Romance, in Red Panda) s’emballe. Les couplets sont portés par de multiples percussions aboutissant à des refrains riches en intensité et variations. Ici, le motif répétitif et sautillant de la guitare d’Agnan Banholzer rappelle les mélodies métalliques des boites à musique d’enfant, pendant que la voix cristalline de Tristan Lepagney s’élève toujours un peu plus haut.

Cassiopeia est un morceau résolument plus brut et tourné vers la techno. Sur un rythme soutenu et tribal, les instruments s’installent progressivement et enrichissent une chanson gagnée par un gimmick démultiplié à travers un octaver.

Wakizashi, comprendre « petit sabre japonais », est un intermède musical dissonant aux accents nippons, fuyant tels une lame. À deux reprises les guitares, acoustique puis électrique, délivrent des arpèges tranchant avec l’atmosphère retrogaming.

EZU – première chanson dévoilée par le groupe pour annoncer l’album – est un titre opposant radicalement des couplets saturés par des machines et des refrains harmonieux invitant à la rêverie.

Un orchestre s’installe sur le dernier tiers de l’album. En effet, Constellations est un long morceau de pop teintée d’électro. Ici le grandiose des cordes alterne avec des couplets dépouillés (piano-voix) à l’évolution progressive. Des riffs riches en dissonances asiatiques assurent les transitions. Encore me direz-vous. Oui, mais il fallait y penser !

Empire distille des sonorités plus traditionnelles : la guitare égraine des notes délayées sur des couplets précédant des refrains riches en choeurs ; la marque de fabrique du groupe.

Foremost of westerners débute avec un clavier lancinant, dont la boucle musicale se fond petit à petit dans le morceau. La structure se complexifie avec l’apport de cordes aux dissonances assumées, contrastant avec des refrains éthérés. Une batterie tout en caisse claire confère un accent britpop, une fois n’est pas coutume.

Cependant, l’outro percussive annonce déjà la fin de partie. Devil in Africa est un safari musical de plus de 6 minutes. Tout y passe : violoncelle introductif suivi un passage épuré, durant lequel pleuvent des notes aléatoires, un rythme tribal faisant écho au titre, des lamentations et des riffs de guitares soutenus par des basses creusées ainsi qu’un final de cordes harmonieuses pour refermer l’album.

 

Grands amateurs d’ordinateurs et de sons synthétiques, vers lesquels ils aiment s’aventurer (voir en live le morceau Werewolves), les membres de Colt Silvers déroulent un large éventail d’instruments au service de la clé de voûte de ces 11 morceaux, la mélodie ! Les influences asiatiques ou extraites de l’univers des gamers (on pense parfois aux Casiokids) sont assumées et jalonnent avec justesse cet album de haut vol. Car disons-le : Swords est un disque rayonnant aux sons chiadés et à l’humeur vagabonde. Preuve en est, au moment où cette chronique est écrite, le groupe est parti diffuser ses nouvelles pépites électropop en Corée du Sud !

En 8 ans d’existence, fort de 3 albums et un EP, d’une expérience de la scène à faire pâlir plus d’un groupe (tournées européennes asiatiques, US, participation à un festival russe dans la toundra, etc.) les 4 Strasbourgeois – citons également Julien Hohl le batteur assurant sur scène et directeur du label Deaf Records – ont développé une empreinte musicale forte et brillante, leur assurant une place à la table des nouveaux groupes incontournables en France.

 

  • Benoît GILBERT

 

Artiste : Colt Silvers

Album : Swords

Label / Distribution : Deaf Rock Records

Date de sortie : 30 septembre 2016

Genre : Indie pop / rock

Catégorie : Album Rock

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