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PIXIES, Head Carrier

 

Objet d’une attente trop grande, Indie Cindy avait clairement déçu. Au placard donc ce cinquième album. Faisons place nette à Head Carrier. Et disons-le d’emblée : la touche Pixies est au rendez-vous avec ces 12 nouvelles chansons. La messe est dite en 33 minutes et 7 secondes chrono ! Un format résolument court; bref du Pixies d’antan, mais avec du sang neuf.

 

Le disque s’ouvre sur un larsen et un riff de guitare entêtant. La chanson éponyme ! Ça tournoie, c’est rugueux, le tout servi par une batterie pesante et martiale. Pendant que Joey Santiago envoie des accords râpeux, Black Francis évoque le martyr saint Denis, figure récurrente sur d’autres chansons (Plaster of Paris). S’en suivent des refrains mélodiques et saturés.

Classic Masher lorgne du côté punk pop. Cette ambiance enjouée est toutefois vite oubliée car résonne au loin le rageur Baal’s back. En moins de deux minutes, Black offre une nouvelle fois une prestation punk hardcore. Sa voix éraillée et ses cris associés aux guitares acérées devraient ravir les nostalgiques des premiers albums.

La suite se veut plus calme. Might as well be gone s’apparente à une balade qui tourne à l’angoisse. Oona est marquée par des riffs tantôt gras tantôt aigus, un mélange efficace pour le morceau le plus long de l’album (3 minutes 38 secondes !) Plus loin,  sur All I think about now – titre dont l’introduction n’est pas sans rappeler un vieux hit du groupe, … – Paz Lenchantin rend hommage à Kim Deal à travers les mots co–écrits avec Black. Ici, la mélancolie est palpable (« I remember we were happy »).

Les trois chansons initialement dévoilées par les Lutins (Talent, Tenement song et Um Chagga Lagga) sont quant à elles plus brutes, voires brutales. Sur Talent et Tenement song, la basse est mise en avant et fait jeu égal avec les guitares saturées. Les refrains sont martelés tels des leitmotivs mais gardent un aspect chaleureux grâce à l’harmonie des voix. Le single Um Chagga Lagga apparaît comme un véritable road trip déjanté. Les guitares vrombissent. Lancées sur les routes du « Languedoc »  et des « Bouches-du-Rhône », on devine même les sirènes des pompiers entre deux refrains frénétiques… avant que la chanson ne reparte de plus belle, avec un final semblable à une sortie de route.

Des accents dissonants, saupoudrés de surf music viennent clôturer l’album (Bel Esprit, Plaster of Paris et All the saints).  Sur ces deux derniers morceaux, David Lovering a rangé sa fougueuse batterie pour des parties plus dépouillées. All the saints sonne tel un générique de fin déglingué : on imagine le défilé des crédits sur cette chanson aux sonorités teintées de psychédélisme. L’atmosphère générée par les guitares bardées d’effets tremolo et delay enrobe les quelques vers évoquant une délivrance enfin acquise.

 

Ce sixième opus est une réussite. Les Pixies – du line-up originel – ont visiblement retrouvé les ingrédients qui ont forgé leurs débuts. À cela, il faut aussi tenir compte des apports des deux nouvelles recrues. Tout d’abord, Paz Lenchantin. Intronisée bassiste officielle de la formation, cette dernière venue a relevé le défi colossal de remplacer Kim Deal. Musicienne accomplie, co-écrivaine, voix principale ou en duo hargneux, choriste suave sur l’ensemble de l’album, … n’en jetez plus ! Le pari est largement réussi. De son côté, Tom Dalgety est l’homme derrière la console. Encensé pour ses réalisations (Royal Blood, Ghost, …), il a construit avec le groupe un son dense, puissant et bien plus homogène que celui du disque précédent. Les distorsions sont désormais léchées, les larsens parfaits, les dissonances professionnelles. La production de Dalgety ne laisse pas de place au hasard d’un son parasite qui traînerait… bref, l’esprit garage, mais dans un grand studio londonien. Les puristes regretteront peut-être.

Ainsi, deux ans après un retour en demi-teinte, la formation de Boston semble renaître. Il aura fallu six semaines passées en studio – une première ! – pour offrir ce disque empreint de mélancolie ; la page Kim Deal est en train de se tourner définitivement. Nouvel objectif pour Black Francis et ses acolytes : recoller les morceaux avec leurs fans lors des prochains concerts, quitte à en perdre la tête…

  • Benoît GILBERT

 

Artiste : Pixies

Album : Head Carrier

Label / Distribution : [PIAS]

Date de sortie : 30/09/2016

Genre : rock alternatif

Catégorie : Album Rock

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