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LIVE-REPORT : EUROCKÉENNES, Dimanche 5 juillet 2015, lac de Malsaucy, Belfort (90)

Jamais je n’ai été aussi heureuse de voir des nuages planer au-dessus de Malsaucy ! Certes, ils ne sont pas nombreux mais ils donnent l’illusion d’un semblant de fraîcheur, et leur ombre sporadique soulage quelques minutes des ardents rayons du soleil encore largement présents.

Un peu en avance, je me résous à me mettre dans la file d’attente du stand probablement le plus populaire du festival : les glaciers Ben&Jerry’s qui proposent leurs produits gratuitement sur toute la durée du festival ! C’est donc avec un cornet de crème glacée déjà dégoulinante dans la main que je me dirige vers la plage. Pour le coup, difficile de se sentir plus en vacances qu’à ce moment précis alors que des festivaliers désœuvrés, nostalgiques ou les deux ont construit non pas un château mais une véritable forteresse de sable avec leurs écocups. Je souris toute seule en léchant ma glace…Décidément, j’aurais du prendre mon maillot, ma pelle et mon seau !

Bref, je démarre ma dernière journée avec la “soul” du groupe new yorkais Sinkane. C’est en fait une soul bien revisitée. Les morceaux de la formation sont plutôt rock psyché avec des accents funk. Dans une interprétation très moderne, Sinkane offre une prestation pleine de punch bien suivie pas les quelques festivaliers qui n’ont pas eu peur de se brûler les pieds sur le sable chaud.

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Je me rends ensuite vers la loggia assister au concert de The Slaves. Le duo punk britannique nous envoie directement dans les bas-fonds londoniens où sévit la nuit underground. Le son est brut de décoffrage, la batterie rageuse et la guitare orageuse. Isaac Holman transmet directement son énergie électrique à ses fûts, debout, tout en tenant la partie vocale. Laurie Vincent à la guitare, quant à lui joue plus avec une certaine réserve. Le son n’est pas excellent mais il colle bien au style du groupe anglais qui sort la musique de ses tripes plutôt que du côté cérébral. Evidemment, Cheer Up London reste le tube en puissance de cette jeune formation qu’on aura plaisir à retrouver.

Pas forcément adepte de reggae, j’entends le concert de Damian “Jr. Gong” Marley, un mojito à la main, près du lac allongée dans un transat…Finalement, la Jamaïque n’aura jamais été aussi près ! Retour à la loggia pour découvrir la performance de Grand Blanc, groupe de new wave à la française. Pour le coup, la publicité n’était pas mensongère. Pourtant la formation revendique des influences éclectiques allant de Christophe à Bashung, assumant même le fait de faire une sorte de musique de variété. Mais ce qui fait le lien dans tout ça, c’est vraiment cette espèce de froideur arctique (Grand Blanc, tiens, tiens…) dans les arrangements électro et dans la voix grave de Ben le chanteur/auteur, dont le laconisme renvoie à une espèce de nihilisme caricatural. Il y a cependant un certain lyrisme qui émane des morceaux, faisant peu à peu fondre cette banquise probablement issue d’un manque d’expérience scénique. Mais la glace est mince, il suffira de peu pour qu’elle se rompe et que s’épanouisse dans une chaleur estivale le talent d’un groupe en devenir.

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La nuit va bientôt tomber une dernière fois sur le lac de Malsaucy. Le soleil se couche sur un fond de nuages aux allures bizarres. Une brise rapidement transformée en vent se lève et Alabama Shakes fait son entrée sur la scène de la plage. Britanny Howard a revêtu sa longue robe de soirée verte, fluide, animée de paillettes argentées sur le corsage. Bien du chemin a été fait depuis leur première venue à Belfort en 2012. Déjà très charismatique, la chanteuse du groupe américain a encore pris de l’envergure. Titres blues bien léchés et une voix à la Sharon Jones qui ne laisse pas deviner la jeunesse de la chanteuse, suffisent à faire le show même si la jeune femme de 27 ans s’est entourée d’excellents musiciens et choristes. L’esprit de Nina Simone plane au-dessus de la plage de Malsaucy tandis que de gros nuages roulent dans notre direction et que les éclairs ponctuent d’effets lumineux un set parfaitement réglé.

Le vent apporte de l’électricité dans l’air. Pendant l’heure qui suit, le ciel semble indécis. Pleuvra, pleuvra pas ? Une averse finit par rafraîchir le site des Eurockéennes surchauffé depuis 3 jours. C’est aussi dans ce vent de changement et toujours sous les éclairs salués de hourras, que démarre le dernier concert des Eurockéennes de Belfort 2015. Sting renoue avec la tradition de finir par le concert d’un artiste populaire. D’ailleurs, on sent un public plus familial ce dimanche. Un peu dubitative dans un premier temps sur un choix qui, à mon sens, détonnait un peu avec le reste de la programmation, je suis rapidement revenue sur ma première opinion. Quel plaisir de voir un artiste de l’envergure de Sting. Son parfait, mise en scène orchestrée avec précision et sans chichi, musiciens et vocalistes fantastiques, on sent un professionnalisme sans accroc qui permet de profiter avec énormément de plaisir des titres proposés par l’ex-leader de Police. D’ailleurs, ma 2è crainte de n’avoir que du Sting, se dissipe là aussi très vite. Tous les standards de son ancien et mythique groupe y passent : De Do Do Do, Walking On The Moon, So Lonely, Roxanne, Message In The Bottle…C’est en les chantant à tue-tête avec des milliers d’autres qu’on s’aperçoit à quel point ces chansons sont entrées dans nos vies, font partie de nous. Bref, ce moment de pure nostalgie conclue à merveille mon 10è festival des Eurockéennes, qui m’a souvent donné l’impression de retomber en enfance : ce doit être ça grandir !

 

Et pour vous qui avez arpenté pendant 1, 2 ou 3 jours les hectares de Malsaucy à la recherche de vos amis perdus, voici le top 10 des signes de ralliement des Eurockéennes 2015 :

 

10- la branche d’arbre (pas très écolo mais a le mérite de faire de l’ombre)

9 – Le pistolet à eau (à n’utiliser qu’en cas de forte canicule)

8 – Le pote qui mesure 2m10 (mais pas très apprécié de ceux qui sont derrière)

7 – Le panda gonflable (mais vous serez probablement obligé de le libérer à un moment ou à un autre)

6 – Les cornes lumineuses (en mode vision nocturne)

5 – La tête de licorne (toujours un must !)

4 – le casque de chantier avec un panneau “I am Here” pointé au-dessus

3 – Le drapeau (francomtois ou de pirate: un classique toujours efficace)

2 – Le phallus lumineux (no comment…)

Et enfin, le meilleur des signes de ralliement des Eurockéennes 2015 est :

1 – Le transat (de circonstance mais peut-être un chouia encombrant)

 

-Caroline Dreux

 

Crédits photos : Eric

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