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LA ROUX, Trouble in Paradise

Polydor/Universal/2014

La synth-pop qui nous avait séduit en 2009 revient avec moins de charme et de vigueur.
La Roux, formation dans laquelle Elly Jackson joue le rôle principal, a concocté des titres estivaux dont l’exotique photographie liminaire peut attester. Ça et là, Trouble In Paradise comporte des échos au Cruel Summer de Banarama (« Hot summer streets /And the pavements are burning /I sit around ») qui  s’infiltrent sur plusieurs titres : Cruel Sexuality, Uptight Downtown : « The streets are on it people /The people who want to / move, move, move […] And now I know the temperature is rising, is rising / Uptight downtown ».  Les extraits de ce nouvel album sont, en dépit de titres provocateurs – Cruel Sexuality, Sexotheque, Let Me Down Gently – chantés très consensuellement.
Elly Jackson abandonne cette voix à la fois aiguë et rauque qui faisait sa signature et donnait une stridence cuisante à ses compositions. Des guitares funky semblent avoir remplacé son timbre haut perché, ayant pour résultat une voix qui maintenant se cache derrière les instrumentations. Comme si ses textes, très intimes, ne pouvaient pas être personnalisés et individualisés par une voix particulière. Est-ce que, afin de rendre universel des questionnements éminemment confidentiels, Elly Jackson aurait besoin de dépersonnaliser son timbre de voix, de se masquer, de ne plus chanter viscéralement ? N’énonce t-elle pas « I’ve been livin’ in a lot of shadows […] all I need is silence » ? Le premier album La Roux sentait l’urgence et la brûlure, le souffre des années 80 patiné par un esprit de vengeance. Ce trouble au Paradis est introspectif, retenu, mais il ne faut pas pour autant s’arrêter aux premiers titres et persister dans l’écoute pour pouvoir se réfugier dans le binaire Tropical Chancer où basse et reggae-sounds se mêlent lascivement avant que Silent Partner ne fasse resurgir l’agressivité d’antan à travers un refrain clamé sur une détermination pare-balle. La Roux redevient guerrière androgyne à la mèche incendiaire, soldat revenu des eighties nous imposant le silence à coups de riffs synthétiques.

-Clémence Mesnier

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