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INTERVIEW : BLACK WOODS

Le trio bisontin Black Woods sort ces jours-ci son premier “vrai” album, The Strange Crow, mélange de blues, de rock et de folk, le tout saupoudré d’une forte dose de psychédélisme 70’s. Entretien avec les intéressés sur la sortie du disque et sa genèse avant leur concert en première partie de Minor Alps, mardi 13 mai, à la Rodia de Besançon.

Black Woods a changé plusieurs fois de line-up depuis sa création. Qui est Black Woods aujourd’hui ?
Christophe : Black Woods est à présent « un enfant stable », il grandit, se développe, et il a maintenant trouvé sa place et sa cohésion de groupe et d’univers. Nous sommes donc un trio, à savoir Pierre à la guitare et aux chœurs, Alex à la Batterie et moi-même au chant et à la guitare. The Strange Crow, quelque part, c’est notre premier bébé.

A la première écoute de The Strange Crow, le son semble s’être durci. Quelle était votre idée pour ce nouvel album Christophe : L’idée principale était de ne pas avoir d’idées précises en fait ! Juste jouer nos compos, développer notre univers musical et être ensemble et synchro sur la transmission d’émotions. “Faire de la musique”, disait Frank Zappa, “c’est la meilleure des choses”. Et pour la rendre meilleure sur notre album, le fil rouge fût de trouver, avec nos inspirations personnelles, un « son » commun ; une identité forte qui témoigne donc de nos personnalités respectives.

Pierre : Petit à petit il s’est alors dégagé un son plus blues rock, période 60’s et 70’s. D’ailleurs, pour retranscrire au mieux notre univers, nous avons fait le choix d’enregistrer The Strange Crow le plus possible sur du matériel analogique, en conditions live, sans métronome, et ce sur une période de 5 jours. Tout cela mis bout à bout a également rajouté un aspect plus « brut » et « organique » au son de notre nouvel album.

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The Strange Crow
 comporte peu de pistes – 9 au total
– mais celles-ci sont relativement longues. Est-ce une façon de captiver l’auditeur et de le faire s’abandonner totalement à votre musique ?
Pierre : En effet, nos morceaux font en moyenne entre 5 et 6 minutes mais pour autant, nous ne réfléchissons pas à la durée précise de nos morceaux. Nous sommes plus dans une démarche de création d’ambiances et de « perspectives sonores », ce qui implique de ne jamais hésiter à prendre le temps de laisser vivre les choses, les faire évoluer.

Alex : Ce n’est certes pas « tendance », mais nous croyons encore à la force du concept album…

D’ailleurs, d’où vient ce titre énigmatique, The Strange Crow ?
Pierre : C’est à Christophe que revient cette question car il écrit tous les textes. Il s’inspire en majeure partie de ce qu’il vit chaque jour, de manière simple et terre à terre mais également de manière plus spirituelle. De nombreuses autres choses sont également sources d’inspiration pour lui : la musique évidemment mais aussi la photographie, le cinéma, la littérature, la nature…et sa famille.

Christophe : The Strange Crow évoque le fait que tant de choses nous dépassent, et pourtant tout est sous nos yeux… C’est étrange et paradoxal…Les corbeaux symbolisent à mes yeux une sorte de pont entre le réel et l’imaginaire, le vivant et le mortel.

Parlons un peu des morceaux du disque. Il y a des sonorités très heavy 70’s, à la Black Sabbath. Crazy Horse, par exemple…Mais on trouve aussi des ballades folk, des morceaux plus basés sur les ambiances…
Christophe : Ce LP résulte tout simplement de ce que nous aimons tous les trois dans la musique… Un son roots analogique, des effets vintages, des textes métaphoriques et sombres et les grands espaces pour ligne de mire….

On sent la présence de Neil Young sur So Sorry et sur Her Mother And I. A-t-il été une influence lors de la composition de l’album ?
Christophe : Oui, Neil Young est pour moi un artiste majeur, tout comme Tom Waits ou Frank Zappa. Des éclaireurs, des visionnaires et des hommes sensibles et sans concessions. Tout ce que j’aime quoi ! J

D’autres artistes ont-ils influencé le disque ? D’autres inspirations (livres, films…) ?
The Doors, The Black Angels, Pavement, Wilco, Wovenhand, Fink, Led Zeppelin…Kerouac, Jim Jarmusch, les frères Coen…

A ce propos, comment se passent la composition et l’écriture ?
Pierre : Pour ce qui est de la composition musicale, elle commence par un, deux voire trois riffs de guitare, provenant souvent de Christophe. Ces riffs, s’ils plaisent aux autres membres du groupe, sont ensuite arrangés/retravaillés rythmiquement et harmoniquement avec l’ensemble des instruments. Ils voient éventuellement d’autres riffs s’y greffer pour qu’un morceau puisse alors prendre forme. En ce qui concerne l’écriture des textes, Christophe est le seul à y poser sa griffe.

Quels projets pour la suite ?
Christophe, Alex, Pierre : Un troisième LP l’année prochaine…et surtout de belles dates ! Nous avons déjà des nouveaux morceaux qui figurent sur notre setlist actuelle et que nous jouerons prochainement à la Rodia, au FIMU, au festival du Piou Piou, à la Bobine sur Grenoble etc…bref nous souhaitons transmettre notre musique principalement sur scène. Continuer également notre travail scénique, avec toujours ce désir de proposer un live « global », un moment qui raconte des histoires.

Dernière question, votre top du moment disque, film, livre…?
Christophe : Bongo Fury de Zappa et Highway to Hell d’AC/DC, Innocence de Pontiak, le dernier Timber Timbre et le dernier Wovenhand, Refractory Obdurate… Je lis en ce moment la biographie de Bob Dylan par François Bon…quel personnage, quel artiste.

Pierre : En ce moment, dans mes oreilles il y a Creedence Clearwater Revival – Best Of (2008) qui fait partie de mon top depuis un moment (je crois que j’ai arrêté de compter les années), Taste de Taste, Led Zeppelin I, II, III et IV, Cactus de Cactus, The Taking of Black Heart de Five Horse Johnson, On With the Show de The Muggs et bien d’autres. Côté film, il y a eu dernièrement The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson et moins récemment encore et toujours The Big Lebowski des frères Cohen.

Alex : Je suis actuellement en train de découvrir sur le tard l’univers de Eels. Une sacrée claque ! Et quelle bonne surprise que ce tout nouveau Pixies, c’est toujours la classe !

Un dernier mot ?
Christophe :  Un grand merci tout simplement à nos amis Johan Collovald, Bertrand Vinsu, Nicolas Grisot, Delphine Lambert, Lucien Rousselot et le soutien de la Rodia (Philippe Angelot, Tico…) sans qui Black Woods n’existerait pas de la même manière.

Strange Crow (Autoproduction/2014) sortira le 13 mai 2014.

Crédit photo : DR.

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