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LES ALBUMS OUBLIES : NICOLAI DUNGER, This Cloud Is Learning & Soul Rush

Dolores Recordings/Virgin/1999 & 2001

Deux albums majeurs par un artiste finalement méconnu qui sort ses disques de façon artisanale. This Cloud Is Learning et Soul Rush sont les clés de voute d’une discographie déjà bien fournie qui a souvent peiné à trouver une audience depuis le milieu des années 90.
De sa voix nasillarde, avec ses accords de guitare influencés tant par le blues que le jazz, l’ancien footballeur Nicolai Dunger trimballe ses chansons du côté de Pitea, en Suède, d’où il est originaire. Après avoir sorti chez Telegram deux albums au succès très relatif (Songs Wearing Clothes en 1996 et Eventide en 1997), il est signé chez Dolorès Recordings, label affilié à Virgin.
Parait alors This Cloud Is Learning en 1999, le disque qui le fait connaitre auprès d’un public plus large et qui démarre une collaboration avec Ebbot Lundberg, membre de Soundtrack Of Our Lives. Le disque navigue entre folk intimiste, intrumentaux et plages expérimetales. Parmi les réussites – le disque en compte pas mal, il faut dire – on trouve Something In The Way, single countrysant imparable et What Tomorrow qui évoque Van Morrison, l’une des influences majeures du Suédois, par son côté Brown Eyed Girl. A ces chansons entrainantes et accrocheuses, le Suédois mêle des titres plus ramassés mais lumineux (Father, This Town).

Deux ans plus tard (entre temps, deux autres LP paraissent, Blind Blemished Blues (2000) album orienté jazz enregistré avec Esbjörn Svensson Trio et A Dress Book (2001), tous deux faisant partie d’un futur coffet vinyl à paraitre en 2002, The Vinyl Trilogy), Dunger met sur pied Soul Rush, disque plus ample que This Cloud Is Learning. L’album mélange sonorités country et vélléités jazz. E.S.T. l’accompagne et Jari Haapalainen (Ed Harcourt, Camera Obscura, The Concretes) est aux manettes. Sur la pochette, Dunger porte une chapka et chante les aventures du train de Dr. Jivago (Dr. Zhivago’ Train), invite pedal steel, banjo sur des titres magnifiques(I’d Rather Die, Soul Rush). L’ombre de Van Morrison continue de planer (Something New) et les titres aux inflexions jazzy et soul (Return Of Love, Blue From Death, Ballad Of A Relationship), mélancoliques ou romantiques (For That Someone, The Nest) font de ce disque un objet cohérent et chaleureux.

Malgré une créativité jamais en berne – tout de même 14 albums et une B.O. de film -, le Suédois n’a pas vraiment réussi à se faire une place de choix, ne serait-ce que dans la sphère indé. Il aura beau aller jusqu’au Kentucky enregistrer un superbe disque avec Will “Bonnie ‘Prince’ Billy” Oldham (Tranquil Isolation, 2003) ou convoquer Mercury Rev pour mettre sur bandeHere’s My Song You Can Have It… (2004), le public ne suivra jamais vraiment, comme l’indiqueront les faibles ventes de l’un de ses derniers albums pourtant très réussi,Play, et paru chez Fargo en 2009. Mais on l’a plus ou moins toujours senti, Nicolai Dunger, qui reprend régulièrement son activité de jardinier, sort des disques pour le plaisir et ne soucie plus forcément de l’impact que ceux-ci vont avoir.

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