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TRACK BY TRACK : FATHER JOHN MISTY, Fear Fun

Sub Pop/Bella Union/2012

D’un côté, un songwriter de génie, sombre et énigmatique, ex-batteur des Fleet Foxes, l’un des plus grands groupes de folk contemporain : Joshua Tillman. De l’autre, un compositeur-producteur, auteur de l’un des meilleurs albums de 2011: Jonathan Wilson. Ce dernier accueille le fraichement autoproclamé Father John Misty dans son studio de Laurel Canyon pour donner naissance à Fear Fun, une réalisation attendue impatiemment au vue des qualités des protagonistes et de ce que peut offrir leur rencontre. Le tout mixé par Phil Ek (Fleet Foxes, Band Of Horses).

Revue piste par piste de Fear Fun, sortie prévue le 30 avril 2012.

Fun Times In Babylon: Une voix en réverb’ qui nous accompagnera tout le long de Fear Fun. Jusque là pas une nouveauté chez Tillman. Puis la rythmique se met entre en scène pour une marche lente, aux couleurs chaudes, méditerranéennes, et aux choeurs doux.

Nancy From Now On: J. Tillman ose pousser sa voix dans les aigus, s’ouvre encore un peu plus, pour ce morceau avec des synthés un brin 80’s mais qui savent éviter d’être kitsch. Nancy From Now On est surtout un morceau de pop californienne du plus bel effet, révérence à tous les Harry Nilsson et autres garçons de la plage.

Hollywood Forever Cemetery Sings: De la réverb’, une guitare lacérée, un énorme morceau folk-rock, totalement imprégné de Neil Young & Crazy Horse. Un véritable monument, sommet de cet album. Et on ose espérer un jour pouvoir l’entendre sur scène.

Writing A Novel: Après un début d’album sur un rythme relativement lent, l’ami Joshua accelère le rythme avec cette compo country, accompagné d’un piano honky tonk. L’ombre de Creedence Clearwater Revival plâne…

O I Long To Feel Your Arms Around Me: Un orgue, des claps, des choeurs à la Fleet Foxes comme pour nous remémorrer que les premiers morceaux ont été envoyés à Wilson pendant l’enregistrement de Helplessness Blues. Une déclaration en forme d’intermède, à la production extrèmement simpliste, qui souligne le talent de Johnathan Wilson qui peut aussi amener des compos longues et alambiquées que comme ici, dans leur plus sobre essence.

Misty’s Nightmares 1 & 2: Peut-être le morceau où l’on sent le plus la présence de Wilson et de ses influences. Ici on pense à Crosby, Stills & Nash sans Neil Young. Du folk très 70’s, sans complexe, qui tire de la présence d’un orgue un côté psychédélique.

Only Son Of The Ladies’ Man: L’homme fût batteur des Fleet Foxes, et ça se ressent ici, plus encore que sur O I Long To Fell Your Arms Around Me. Ce morceau semble tout droit sorti du dernier disque de Robin Pecknold. Choeurs et arrangements. Du folk de cathédrale à la Fleet Foxes. Grandiose, donc.Misty IMG 9426 21

This Is Sally Hatchet: Un petit air de Beatles dans cette chanson pote, époque Abbey Road. Un très grand final en montée, avec des cordes encore une fois dignes des Fab Four et une guitare très psychédélique.

Well, You Can Do It Without Me: Une folk song simple qui n’est pas sans rappeler Roy Orbinson, particulièrement dans le refrain.

Now I’m Learning To Love The War: Un peu de pop ici, avec une ambiance 60’s, rappelant une nouvelle fois Lennon et consors.

Tee-Pee’s 1-12: Des accents très sudistes pour cette piste, mi-country, mi-bluegrass. Certaines mauvaises langues feront le parallèle avec le générique de Fall Guy, et objectivement n’auront peut-être pas tort. Mais Tillman brouille les pistes en intégrant un petit break à la Beach Boys.

Every Man Needs A Companion: On n’aurait jamais pensé qu’un jour Joshua Tillman fasse ce genre de titre-déclaration, comme Neil Young en son temps sur Harvest (A Man Needs A Maid). Et c’est pourtant le cas ici, comme si sa nouvelle identité l’avait changé. Une déclaration, un pamphlet contre la solitude, Tillman dit qu’il en marre d’être surnommé J., qu’il est Joshua. Fear Fun se clôt comme il s’est ouvert, sur une marche où la mandoline s’invite.

Fear Fun est un album décomplexé, où on découvre un nouveau Joshua Tillman, qui semble avoir brisé sa carapace et s’être ouvert au monde. Chose jusqu’ici impensable à l’écoute de sa discographie. Et ça lui réussit plutôt bien. On a à la fois l’album le plus produit et le plus abordable de Tillman. Et à parier un des très grands de 2012.

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