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Arnaud Fleurent-Didier – La reproduction

Columbia / Sony BMG

Il y a des artistes qui réconcilient la musique et les textes. Dans un pays où il est de bon ton (rock anglo-saxon oblige) de se foutre du sens d’une chanson comme de sa première ceinture à clous, Arnaud Fleurent-Didier attire l’attention sur lui après un premier album passé inaperçu. Dans la lignée de Benjamin Biolay et Florent Marchet, AFD vient de produire une galette lumineuse et cérébrale. De sa voix qui décroche souvent et rappelle (souvent aussi) celle de Polnareff (sans en avoir cependant l’ampleur ni la justesse), il chante sur un ton mélancolique ‘’la jeunesse qui s’enfuit’’, s’interrogeant sur ces blessures de l’histoire dont on nous rabat les oreilles depuis trente ans, mai 68, l’Occupation, sujets houleux et incontournables à l’heure du gigot aux hormones familial du dimanche. Ce pur produit de la génération X délivre sans prévenir Mémé 68, d’esprit seventies, morceau mélancolico-progressif sorti de nulle part, baroque et désenchanté. Des arrangements en mode mineur pour une symphonie du quotidien (France Culture, auto-flagellation sur-référencée d’un trentenaire parisien), disque trempé dans l’ambiance de ces films des années 70 où Alain Delon tirait la tronche en imper dans la rue. Revenant sur les fantômes de notre vieille France, Arnaud Fleurent-Didier instaure une douce dissonance, jouant les ‘’imbéciles heureux’’, plantant le décor de courts récits, soirées de drague douteuse, et le vide existentiel découlant de tout cela. Sur le fil entre le sérieux et le décalage, à l’image de Reproductions, pastiche de soul blanche trop guillerette pour être honnête, ou du Risotto aux courgettes délicatement ambigü, AFD divisera sûrement les auditeurs comme Moïse la Mer Rouge. Peu importe, son tempérament de grand dadais adulescent et nostalgique, le teint pâle d’avoir passé trop d’heures dans les salles obscures, emportera de toute façon l’adhésion des amateurs de chanteurs qui savent aussi raconter des histoires. En français dans le texte.

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